L’auteure est écrivaine
Si vous aviez encore quelques doutes sur la portée des commémorations du drame du 29 janvier 2017, eh bien ne cherchez plus! La réponse nous est offerte à chaque fois qu’un représentant du Centre culturel islamique de Québec ouvre la bouche. De son point de vue, derrière cette terrible fusillade qui a causé la mort de six personnes, un mal profond: l’islamophobie.
Alors, la tentation est grande de faire de la lutte à l’islamophobie LA cause nationale. La seule cause qui vaille d’ailleurs une mobilisation jusqu’au plus haut sommet de l’État avec Justin Trudeau comme gladiateur en chef. Fera-t-il une annonce à cet effet prochainement? D’autant plus que l’islamophobie a déjà fait son entrée dans le cénacle politique, à la Chambre des communes à Ottawa le 23 mars 2017 lors du vote d’une motion (non contraignante) condamnant l’islamophobie, alors qu’à Québec c’est à l’initiative de Québec solidaire qu’une autre motion (non contraignante) dans ce sens fut votée à l’unanimité le 1er octobre 2015.
Surfant sur la vague de l’indignation post 29 janvier, Philippe Couillard avait décidé de donner à cette motion un peu plus de mordant à travers sa fameuse consultation sur la soi-disant discrimination systémique et le soi-disant racisme des Québécois. À ce chapitre-là, le premier ministre du Québec a tempéré ses ardeurs depuis la fameuse claque électorale que lui a infligée la CAQ dans Louis-Hébert en renonçant à tenir les audiences sous sa forme initiale et réorientant les consultations sur l’employabilité des immigrants. Du coup, le marchandage politique afin de décréter une journée nationale contre l’islamophobie s’exerce auprès du gouvernement fédéral.
Avant de spéculer sur l’acte pourquoi ne pas s’en tenir aux faits?
À ce jour, on ignore les motivations d’Alexandre Bissonnette, le présumé tueur, dont le procès débute le 26 mars 2018. Pourtant lobby islamiste, politiciens à tous les niveaux, médias, élites, manœuvrent d’arrache-pied pour nous accabler d’une lourde culpabilité collective qui ne reflète en rien l'état d'esprit véritable des Québécois, leur grande compassion exprimée à maintes reprises à l'endroit des victimes de cet horrible drame et de leurs familles ainsi que leur rejet viscéral de la violence. Non, ce n'est pas assez. Les voilà qui s’agitent pour extraire de notre corps social une supposée pathologie qui s’est répandue en nous tel un méchant virus. L’heure est à la rédemption. Les Québécois doivent s'excuser pour un crime qu’ils n’ont pas commis, demander pardon pour une faute morale dont ils ignorent la nature. Et pourquoi donc?
Tous ou presque atteints d’une même maladie: l’islamophobie
Ce mot fourre-tout à l’origine de bien des confusions a été brandi par les islamistes pour faire taire leurs opposants au tout début de la Révolution islamique en Iran en 1979. Recyclé par la gauche multiculturaliste, le concept refait surface avec l’affaire Rushdie, dix ans plus tard, avec pour objectif de limiter le débat public. Pour les mollahs du communautarisme, toute critique de l’islam, toute opposition à l’islam politique est considérée comme un acte malveillant à l’endroit des musulmans. Un grand malentendu naît: la critique des idées et la haine des personnes se confondent. Les islamistes jubilent alors que les racistes polluent le climat. Les amoureux de la liberté se retrouvent coincés entre les deux feux sacrés du suprématisme religieux et racial.
Après la fusillade de Québec, les entrepreneurs communautaristes ont repris ce concept à leur compte pour le retourner contre nous. Que vous l’admettiez ou pas: vous êtes tous atteints (à des degrés différents) de cette même saloperie. Ils prétendent que le Québec souffre d’une montée en puissance de l’islamophobie. Notre psyché collective est désormais contaminée par la haine des musulmans. Alors, ils nous accablent pour mieux nous guérir à coup de commissions et de campagnes contre le racisme. L’islamophobie est un business lucratif qu’on subventionne avec de l’argent public à coup de propagande et de fabrique idéologique.
Travailler l’opinion publique
On passe rapidement à l’étape de la préparation de l’opinion publique. Des médias construisent des histoires taillées sur mesure, un peu comme aux beaux jours de la Pravda. Avec un son de cloche. Toujours le même. Encore le même. Des musulmans sont constamment identifiés comme étant les victimes. Pôvres chéris! À croire que la condition des musulmans au Québec est pire que celle des Kurdes en Syrie. C’est dire... Même Foudil Selmoune, l’imbuvable prédicateur de la richissime mosquée de Brossard (on se demande d’ailleurs avec quel argent cette construction a pu être réalisée) qui a fait l’apologie de la charia au Canada, est présenté comme un gentil... doux comme un agneau. Le Devoir lui offre même une tribune pour nous servir sa moraline sur la tolérance et l’ouverture. Si vous n’avez pas lu ce reportage, rassurez-vous, vous n’avez rien raté. Passons.
L'instrumentalisation de la fusillade du 29 janvier 2017 est franchement indécente. Trop c'est trop! Je l’avais pressentie puis dénoncée dès les premiers jours qui ont suivi ce drame. Ces pyromanes qui veulent faire naître la peur, la suspicion, la détestation, la méfiance des uns vis-à-vis des autres cherchent à fragmenter notre société. Gardons la tête froide. Ne tombons pas dans le panneau. Oui, à la commémoration dans le respect de tous et la dignité de chacun. Non, à l’instrumentalisation éhontée de cette tragédie. Restons unis, solidaires et lucides face aux épreuves.