Laïcité: le dur chemin de croix...

Laïcité — débat québécois



Au moindre nuage, l'orage éclate. Il aura suffi d'une sortie de la Fédération des femmes du Québec, un corps militant au sujet duquel on se bat rarement dans les autobus, pour redémarrer le débat sur la place de la religion dans la société. La FFQ traitait spécifiquement du port d'accessoires religieux dans la fonction publique; grosso modo, elle est pour.
De cela, on peut tirer une première conclusion: le problème du statut sociopolitique des divers dieux n'est pas résolu au Québec. La commission Bouchard-Taylor n'a rien réglé, le gouvernement Charest non plus.
On peut même plaider que la première n'a fait que véhiculer les positions de la classe intellectuelle dominante, par définition titulaire des positions correctes, tout en évitant soigneusement les questions de fond. Et que le second a opacifié le flou artistique sévissant en ce domaine en endossant l'avis de la FFQ après avoir ramené, dans les écoles, un corpus panthéiste devenu l'objet d'avocasseries sans fin.
C'est en substance ce qu'a signalé, hier, le Mouvement laïque québécois. Celui-ci réclame l'attention immédiate de l'Assemblée nationale à ce sujet ainsi qu'une charte québécoise de la laïcité.
Sous trois rapports, la position du MLQ repose sur de solides arguments.
Un: le débat ne porte pas sur l'immigration, mais sur le fondamentalisme religieux. Les immigrants sont globalement moins dévots que les «de souche», selon une étude de la Commission des droits de la personne. Aussi, parler de xénophobie est ridicule: la nation québécoise n'est ni plus ni moins xénophobe que d'autres... certainement moins que celles où le statut d'étranger, étranger religieux ou étranger ethnique, peut vous valoir des funérailles.
Deux (et les huit femmes animant la présentation du MLQ étaient là pour le prouver): nul besoin d'être féministe pour constater que toutes les religions s'en sont toujours pris d'abord aux femmes, infailliblement «malmenées, humiliées, infériorisées, niées par les religieux». Ce sont les mots de Djemila Benhabib, auteure de l'ouvrage Ma vie à contre-Coran, dorénavant menacée de mort.
Trois: le voile islamique polarise en effet l'attention davantage que les autres sémaphores religieux. Pourquoi? Parce que le fondamentalisme islamiste est actuellement dans le monde l'entreprise religieuse la plus prosélyte, la plus violente, la plus déterminée à se gruger une place dans l'arène politique. Aussi simple que ça.
Maintenant, que faut-il faire?
En revendiquant une charte, le MLQ montre le large chemin politico-légaliste qu'il sait être semé d'embûches. Or, avant d'en venir là, pourrait-on encore une fois tester le sentier tortueux de l'accommodement... mais en transférant le fardeau du compromis de la société laïque au demandeur religieux? Si ça devait ne pas fonctionner, on pourra alors en passer par la politique et la loi, hélas, après avoir pris soin de bâtir un solide support populaire.
Notamment chez ces braves prolétaires qui s'informent en regardant les nouvelles à TQS ou à TVA, dont Gérard Bouchard s'était à l'époque beaucoup inquiété.


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