La balise

Laïcité à l'école et ailleurs

Tribune libre

Je suis pour la laïcité pure et nette, sans ambiguïtés ni faux-fuyants. Ayant été élevée jusqu’à l’adolescence dans des écoles publiques strictement laïques au Portugal – où la laïcité règne depuis plus d’un siècle – je peux difficilement concevoir que l’éducation soit autre chose que non confessionnelle et que les professeurs n’exercent pas un devoir de réserve. À ce jour, il m’est encore absolument impossible de deviner qui, parmi les dizaines de professeurs du primaire ou du lycée qui m’ont enseignée, pratiquait quelque religion que ce soit, était athée ou agnostique. En revanche, il me reste un souvenir clair de l’impartialité de leurs comportements et attitudes. Plusieurs affirment que le port d’un signe religieux visible par un agent de l’État n’affecte pas sa capacité à bien faire son travail. Peut-être. Cependant, la neutralité du fonctionnaire n’est réelle aux yeux des citoyens que si elle est accompagnée de l’apparence d’impartialité dans l’exercice de ses fonctions.

Les tenants de la laïcité dite inclusive – formulation populiste que je considère absurde, comme si on pouvait être juste un petit peu enceinte - défendent bec et ongles les droits individuels des adultes à porter ce que bon leur semble par respect de leurs convictions religieuses, dont l’expression renvoie tout droit à l’apparence de partialité. Cette dernière est à coup sûr intériorisée par les enfants qui fréquentent nos garderies et écoles publiques. Ces derniers n’ont-ils pas des droits individuels (eux aussi), droit notamment à une éducation et une socialisation respectueuses des principes de la laïcité, qui favoriseraient davantage le développement d’une pensée critique et éclairée? Dans cet ordre d’idées et à titre d’exemple, lorsque mes parents ont voulu inscrire leurs trois enfants à l’école en 1965, ils ont constaté que l’enseignement public était confessionnel au Québec. Ceci ne les a pas empêchés pour autant de revendiquer que nous soyons exemptés des cours et des cultes obligatoires, requête à laquelle les religieuses dominicaines de la seule école catholique qui a bien voulu nous accepter sur le Plateau, ont acquiescé sans problème. Aujourd’hui, cette demande serait impensable et impraticable à Montréal où une extrême bienveillance à l’égard du fait religieux dans la sphère publique et civique est cristallisée.

Les tenants de la laïcité inclusive, farouchement opposés au projet de Charte des valeurs, sont unanimes sur un point : tous se disent ouverts à ce qu’il y ait des « balises claires aux accommodements raisonnables ». Curieusement, la première et seule balise dont il est question dans cette charte de la laïcité, l’interdiction du port des signes religieux dans la fonction publique, est violemment décriée, rejetée par des milliers de personnes qui sortent dans la rue brandissant des pancartes accusant le gouvernement et les québécois de racisme, xénophobie, nationalisme ethnique, j’en passe, manifestant ainsi leur mépris pour tout un pan de l’histoire d’un peuple, ainsi que leur profond désaccord envers un impératif auquel aucun accommodement ne pourrait plus les soustraire : celui de leur devoir de réserve en tant que fonctionnaires.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 octobre 2013

    Bravo! et merci de ce témoignage... si le Portugal conservateur et traditionnel qu il est peut faire preuve de laicité dans ses institutions, pourquoi pas nous?

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2013

    Le terme ''ouverte ou inclusive'' accolé à la laicité n'est qu'un piège et une fausseté éhontée.
    La vérité peut elle être ouverte à des petits mensonges?
    La réalité peut-elle inclure les fantasmes et l'illusion ?
    D'ailleurs, demandez à une religion, si leur vérité est ouverte à interprétation et vous verrez qu'elle est fermée à double tour !!!
    Mireille Des Rochers
    Llb. Droit, Msc. technologie (TI)

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2013

    Entièrement d'accord. Plusieurs personnes n'osent pas dire qu'elles sont en faveur de la Charte de peur de se faire traiter de raciste ou de xénophobe. Je suis pour la laïcité dans tout l'espace public; travail, école, sport etc... La religion est un choix personnel et doit rester privé; maison et/ou lieu de culte.