Une ville hypertrophiée est condamnée à la désincarnation

La ville de Québec a-t-elle atteint son niveau de développement optimal?

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Tribune libre

"Au point de vue des idées et des sentiments, il semble que notre province est pour nous une patrie à part, dont Québec n'est pas seulement le centre et la capitale, mais l'âme et le cœur". Adolphe-Basile Routhier (1900)

La ville de Québec connaît depuis quelques années un essor sans pareil. Tout le monde le constate avec satisfaction et fierté. Mais se peut-il qu'elle s'approche d'une taille optimale qu'il serait malavisé de dépasser?

De nombreuses entreprises s'y installent. Le taux de chômage y est l'un des plus bas au Canada. Sa qualité de vie fait l'envie de tous. De plus, elle s'embellit quartier par quartier depuis les célébrations rassembleuses de son quadricentenaire en 2008.

Par exemple, le quartier Limoilou où j'ai grandi était devenu un secteur évité depuis 20 ans, mais il est en train de retrouver sa vocation de lieu pour les jeunes familles, comme à la belle époque que j'ai connue enfant. Toutes sortes de petits commerces poussent comme des champignons dans le quartier de Sylvain Lelièvre et d'Alfred Pellan. Même qu'un marché piétonnier s'installe toutes les fins de semaine dans l'une de ses rues. Des pianos publics en plein air sont animés par tous les amateurs du quartier.

Ceci dit, il semble indiqué de se poser la question à savoir si une ville qui a atteint un niveau de développement optimal devrait s'arrêter là, pour ne pas sombrer dans les pièges aussi inévitables qu'incurables du gigantisme. Où sont les limites à ne pas franchir si on veut éviter l'hypertrophie débilitante?

Une ville qui devient tentaculaire perd beaucoup au change: augmentation de la criminalité et du vandalisme, effilochage du tissu social, l'anonymat remplaçant la vie de quartier, cosmopolitisation à outrance dénaturant sans aucune justification la composition de la population établie depuis toujours, création de ghettos ethniques dont personne ne veut, nombre croissants d'étrangers réticents à l'intégration et cherchant à imposer leur propre mode de vie heurtant le nôtre, augmentation de tensions sociales subséquentes, saleté générale et détérioration visible des propriétés, apparition d'un style de vie urbain interlope 24h sur 24h qui ne dort pas, décimentation graduelle de la précieuse identité historique qui sert à unifier la population en lui procurant un sentiment d'appartenance.

Québec se situe maintenant au 6è rang des embouteillages, ce qui n'augure rien de bien bon si elle continue à s'accroître à ce rythme effréné.

Les magnifiques boisés historiques de Sillery naguère protégés tombent un à un aux mains de promoteurs avides qui défigurent sans vergogne l'un des plus beaux et anciens secteurs de la ville.

Dès lors qu'on estime qu'une ville a atteint un stade de développement suffisant, les divers paliers de gouvernement auraient intérêt à cesser le subventionnement privilégié de la région pour en favoriser une autre. Par exemple, ce pourrait être au tour de Saguenay, de Trois-Rivières, de Sherbrooke, de bénéficier des programmes d'aide gouvernementale à l'entreprise. Ou pourquoi pas de plus petites villes encore qui ont du potentiel d'expansion?

Ainsi, d'autres Québécois de la province pourront à leur tour voir leur ville progresser sans toutefois dépasser la taille optimale. Ce serait une façon plus équitable de répartir dans tout le Québec les sommes à investir, en favorisant les régions moins centralisées.

Par exemple, si une grosse compagnie désire venir s'établir à Québec, le gouvernement interviendra pour proposer une autre ville que cela avantagera mieux en prodiguant l'aide conséquente et en aiguillant les investisseurs vers une localisation plus appropriée par des mesures incitatives.

On pourrait établir des critères précis tels que: les nouvelles entreprises de moins de 20 employés peuvent s'établir à Québec tandis que les plus grosses seront relocalisées dans une plus petite ville ailleurs au Québec.

Lorsqu'on observe les dizaines de villes champignons qui éclosent en Chine avec leurs millions d'habitants agglutinés, il y a lieu de s'interroger sérieusement sur la question de la croissance mal balisée et de chercher à éviter le même marasme social dont ils paieront le prix humain un jour.

Il serait dommage de devoir finir par faire le triste constat d'un Pierre Perrault, cinéaste et poète, à propos de Montréal: "S'il fut dans cette mégalomanie urbaine une cité, ne la cherchez pas ailleurs qu'en ce lieu déjà effacé".

Pour ma part, pour y être né et l'avoir vu prendre de l'expansion depuis 40 ans, j'estime que la ville de Québec a atteint 80% de la dimension qui lui convient raisonnablement. Continuer à grossir aveuglément dans le déni des conséquences néfastes ne peut que mener à l'obésité morbide dont nous ferons tous tôt ou tard les frais. Mieux vaut prévenir que guérir.

Références:

Le niveau de congestion de la ville de Québec est si élevé qu'il atteint le 70e rang mondial et le 6e rang canadien. Ses bouchons de circulation sur les autoroutes durant les heures de pointe sont pires qu’à Montréal. http://www.journaldequebec.com/2014/06/02/de-plus-en-plus-de-bouchons-a-quebec

La maison d'Alfred Pellan retrouvée à Limoilou: http://www.radio-canada.ca/regions/quebec/2013/08/20/004-pellan-maison-retrouvee.shtml

La place Sylvain Lelièvre à Limoilou: http://wikimapia.org/13831378/fr/La-place-Sylvain-Leli%C3%A8vre-Parc-Sylvain-Leli%C3%A8vre

Des pianos publics à Limoilou: http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/sur-scene/201405/29/01-4771110-des-pianos-publics-pour-animer-quebec.php

Pierre Perrault, J'habite une ville, L'Hexagone, 2009.

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Réjean Labrie890 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2014

    Les entreprises sauf pour les matières premières ne sont pas intéressées a s'installer en dehors des grands centre urbains, pour de nombreuses raisons ( personnels, communication, transports, réseau universitaire, etc..), nous sommes en compétition avec les autres provinces, les autres états, les autres pays, ceci c'est la réalité. Qui veut faire du développement logiciel a Chicoutimi ? Même a Trois-Rivières, avec les programmes de subventions gouvernementales, des loyers très bas, une ville a taille humaine, personne ne s'installe...
    Votre réaction me fait un peu penser a tous ceux qui aiment l'énergie éolienne jusqu'au moment ou l'on installe des éoliennes bien visibles, pas loin de chez eux.
    'ghettos ethniques'...a Québec ? Ou ? mode vie interlope 24 sur 24 ? Le soir la ville de Québec ne se couche pas trop tard et il me semble que les banlieues, uniquement francophones d'ailleurs (Levis, Limoilou, Charlesbourg) sont plus remuantes ou alors je ne connais pas la ville et sa banlieue
    Sans les services gouvernementaux je ne suis pas sûr que Québec serait ce qu'elle est actuellement, tout comme Ottawa d'ailleurs.
    Plus de développement ? Plus de subventions ? Pas sûr que Labeaume vous entende....ni Gilles Lehouillier a Levis.
    L'étalement urbain c'est une erreur de décision qui remonte a plus de 30 années, tant et aussi longtemps que les gens voudront des maisons individuelles rien ne changera.