La victimite, le mal de l’heure

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La pleurniche victimaire est devenue une posture sociale

Il y a des gens que la vie accable sans merci. Les grands malades. Ces parents qui perdent un enfant et qui ne s’en remettent jamais tout à fait. Des femmes battues au point de croire qu’elles sont responsables de la violence innée de leur conjoint. Des êtres nés dans des circonstances effroyables, mais qui n’ont pas ce qu’il faut pour s’en sortir tout seuls.


Pas tout le monde est un « winner ».


C’est facile de dire « qu’ils se prennent en main ». Certains ne peuvent tout simplement pas. Au Canada, au Québec, en Europe, l’État assure un minimum vital. Aux États-Unis, nombreux sont les Américains qui croient que les pauvres sont des paresseux qui n’ont qu’à mourir.


Les véritables victimes existent et méritent compassion et assistance, mais leurs pires ennemis sont ceux qui s’érigent en victimes pour éviter les difficultés normales de l’existence ou de leur condition.


Tristes avantages


Ils laissent la vie les accabler parce que cela les éloigne, légitimement croient-ils, de leurs responsabilités. Cela va des bénéficiaires de l’aide sociale de génération en génération aux étudiants qui réclament des espaces sécuritaires pour se protéger d’opinions qui, pensent-ils, les abîment.


Et ces enfants qu’on transforme en victimes en leur faisant porter toutes les lettres de l’alphabet sur le dos parce que cela évite aux adultes qui en ont la responsabilité d’être présents à leurs besoins.


La psychanalyste Lisa Marchiano notait dans le webzine Quillette une augmentation du nombre de jeunes qui s’auto-intimident sur internet – parce qu’être reconnus comme victimes leur accorde un statut supérieur parmi leurs pairs.


Le problème n’est pas nouveau, ajoute-t-elle, rappelant les mots de l’empereur romain Marc-Aurèle pendant une campagne pour protéger Rome d’envahisseurs barbares : « Rester au chaud au creux du lit est-il vraiment le but de mon existence ? »


À méditer.