6 mars 2022
Irréfutable depuis l’extinction de toutes les sources d’information russes à l’ouest du rideau de presse, la propagande antirusse dans le monde ex-libre accuse bruyamment la Russie d’avoir tenté le 4 mars dans la nuit de détruire la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d’Europe, dans un but qu’elle ne peut évidemment pas rationnellement expliquer.
Pour mémoire la sécurisation de la quinzaine de centrales nucléaires ukrainiennes était l’une des priorités du gouvernement russe dès le début de l’intervention. La zone de Tchernobyl est protégée conjointement par une unité ukrainienne et une unité russe depuis le 26 février, la zone de Zaporojie est sous le contrôle de l’armée russe depuis le 28 après la fuite désordonnée de l’unité ukrainienne locale.
Le ministère russe de la Défense a annoncé qu’un commando ennemi infiltré dans le voisinage immédiat de la centrale nucléaire avait ouvert le feu « vers 2 h 00 » (3 h 00 locales) sur une patrouille russe, laquelle avait riposté. Les premières informations venues du terrain évoquaient un départ de feu dû soit à l’utilisation de munitions éclairantes, soit à un incendie provoqué intentionnellement par ledit commando pour couvrir sa fuite. Les images ultérieures du bâtiment, des fenêtres duquel cet élément avait ouvert le feu, laissent supposer que la riposte n’a impliqué que les armes d’infanterie de la patrouille prise à partie.
Dmitri Orlov, dont les parents lui avaient fait traverser le rideau de fer pour qu’il puisse grandir en liberté, a récemment traversé le rideau de presse pour vieillir en liberté (né soviétique et devenu étatsunien il est désormais russe), et vient de résumer avec sa minutie d’ingérieur la chronologie des événements selon la presse russe. Entre 3 h 00 et 4 h 30 locales un accrochage armé a eu lieu dans un bâtiment administratif à l’extérieur de la centrale nucléaire, résultant en un début d’incendie. Entre 4 h 51 et 4 h 59 les pompiers ukrainiens ont éteint ou vérifié ce qui restait de feu (on devine que les troupes russes sont intervenues sans attendre l’arrivée des pompiers). À 5 h 47 le président ukrainien Zelenski accusa la Russie de tenter de créer une nouvelle catastrophe Tchernobyl. À 6 h 36 l’Agence internationale de l’Énergie atomique déclara que le feu dans la zone de la centrale de Zaporojie n’avait pas affecté cette centrale.
Plus tard dans la matinée le service de presse de la centrale nucléaire déclara que le feu avait eu lieu dans le service de formation situé à l’extérieur du site de la centrale, puis le directeur de la centrale déclara à la presse ukrainienne que la sécurité radiologique n’avait pas été menacée, et enfin le directeur de l’AIEA en personne assura que la sécurité de la centrale n’avait pas été menacée et que les outils de contrôle restaient pleinement opérationnels.
Le groupe assaillant a réussi à prendre la fuite, ce qui signifie que les tirs de riposte ont fait taire ses armes (neutralisation des points de tir) mais ne l’ont pas détruit. On ignore donc sa composition et son appartenance, à savoir ukrainienne ou étrangère, unité régulière ou groupe irrégulier, ainsi que son objectif et le commanditaire. Néanmoins l’intervention publique du président ukrainien, moins d’une heure après l’arrivée des pompiers et vraisemblablement avant leur retour à la caserne, laisse supposer soit que le directeur de la centrale nucléaire a jugé nécessaire de le réveiller pour lui dire qu’un incident bénin (accrochage sans victimes) avait eu lieu dans le pays en guerre et que tout allait bien, soit qu’un intervenant tiers, en liaison directe avec le groupe assaillant, venait d’apprendre le résultat du coup de main et de décider le maintien voire l’accélération de l’opération médiatique.
Dans les pays qui viennent d’interdire la pluralité d’information, le feu est loin d’être éteint et la période de demi-vie des retombées s’annonce longue.
Stratediplo
PS : pendant ce temps, le Japon continue de jeter les déchets radioactifs de Fukushima dans l’océan dans l’indifférence médiatique et en toute impunité politique.