La trappe de Rabaska

Tribune libre


Le port méthanier ne sera pas construit si le Québec comprend lucidement ce que cela implique. Il en va de deux mondes à la fois opposés et liés par la société: le travail et les emplois versus l'environnement.
Le temps, ça passe mauditement vite et ça les compagnies le savent. Le temps, c'est leur arme la plus efficace. Le consortium Rabaska vise la victoire en jouant la trappe, mais est-ce une stratégie qui s'avérera efficace en vertu du fait que les questions environnementales sont de plus en plus lourdes de conséquences? Il y a énormément de gens, depuis plusieurs années, qui ont signifié leur désaccord avec le projet de port méthanier à Lévis/Beaumont. Des décisions gouvernementales ont été prises, des décrets ont été imposés, et d'importantes données sont venues nuancer les arguments du consortium, encore déterminé à mener à bien son projet.
Le gouvernement Charest a maintes fois été condamné par les mouvements environnementalistes et sociaux pour ses décisions très libérales; les Québécois en ont fait une habitude. Les Québécois ont perdu la flamme, ce qui ne signifie évidemment pas qu'ils soient un peuple perdu à jamais. Ils doivent se reconnecter sur la réalité nationale du Québec et prendre position en faveur de l'avenir. Les visions se heurtent, le travail et les emplois versus l'environnement, duel apparemment incontournable. Mais voici, les règles mondiales changent. Le développement a perdu son sens et pour s'en sortir, il n'y a pas trente-six moyens. L'investissement n'est pas la seule donnée, il y a aussi la volonté populaire. Pour que le Québec soit en santé et soit vivant, il faut que ses citoyens se reconnectent avec la réalité nationale et fassent les choix qui seront le plus favorables à la nation. Il n'est pas question ici de repli sur soi, mais bien de réintégration de soi. Le Québec a le potentiel de ses ambitions, mais malheureusement ses choix de développement ne permettront leur atteinte. L'implication condamnable du gouvernement Charest dans le dossier du port méthanier témoigne du genre de décisions que l'on est en droit de s'attendre d'un gouvernement libéral. Or, il faut maintenant se questionner sur la fiabilité de cette décision.
Le consortium Rabaska vante son projet comme étant créateur d'emplois. Au niveau environnemental, il défend ses positions par l'interprétation subjective des données et par ses capacités financières, le nerf de la guerre en cette époque capitaliste. Il y a dans l'attitude de ce regroupement de multinationales quelque chose d'extrêmement choquant. Le simple visionnement du documentaire La bataille de Rabaska le prouve hors de tout doute. Imposition purement sauvage d'une usine dans une région patrimoniale, comportement propre à ce genre de projets industriels.
La population du Québec doit comprendre les enjeux. Il ne s'agit pas que de simple emplois, c'est toute une région qui, à long terme, sera hypothéquée d'un petit Mordor industriel d'où les dangers seront multiples. C'est définitivement une question nationale: le Québec doit-il, en ce début du 21ième siècle, prendre appui du côté des énergies fossiles? À long terme, la stratégie la plus efficace reposerait-elle plutôt sur le développement d'emplois dans les technologies et les énergies vertes? Une réflexion lucide des citoyens du Québec devrait leur permettre de comprendre les tenants et aboutissants réels d'un projet industriel comme le port méthanier à Lévis/Beaumont. À cela, ils devront se positionner et montrer au gouvernement du Québec la voie à prendre.
L'information doit être diffusée. Chacun doit y mettre un peu du sien. Le temps doit maintenant commencer à jouer contre le projet Rabaska.


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