Quand je dis que nous sommes en guerre contre les fédéralistes, certains croient que j’exagère. Pourtant les fédéralistes sont prêts à tout pour gagner !
En 2011, sur l’Île de Montréal, la circonscription bloquiste d’Ahuntsic est la seule à résister à la vague orange et aux rouges. Pourtant, le Parti Libéral du Canada (PLC) pensait bien l’emporter avec le choix de la candidate Noushig Eloyan, ex-mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, pour battre le Bloc Québécois (BQ) et Maria Mourani.
Dans Ahuntsic, les militants aguerris du BQ se sont toujours battus férocement. Lors, de sa première victoire, en 2006 contre la libérale Bakopanos et celles qui suivirent en 2008 et 2011, Maria Mourani reconnaissait que les militants d’Ahuntsic avait été la pierre angulaire de ses succès.
Les fédéralistes, constatant leur insuccès, ont concocter une nouvelle stratégie, pour éliminer le village gaulois.
Stéphane Dion, l’homme qui ne supporte pas le concept de statut particulier, même pour garder le Québec dans la fédération canadienne, a mis de l’avant une ruse machiavélique, acceptant même que sa circonscription, Saint-Laurent ait un « statut particulier ».
En octobre 2012, dans son mémoire intitulé « Il faut préserver l’intégrité de Saint-Laurent et de Cartierville » et présenté à la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province de Québec, il propose de se départir du district de Cartierville dans son intégralité pour le rattacher à la circonscription d’Ahuntsic.
Suite à des audiences tenues en novembre 2012, la Commission accepte l’idée du député Dion, de rattacher, dans sa totalité, le district de Cartierville (multiethnique) à la circonscription d’Ahuntsic. En privilégiant de préserver l’intégralité de Cartierville, aux dépens d’Ahuntsic, les commissaires décident de détacher le district de Sault-Au-Récollet (francophone) et de l’attribuer à la circonscription de Bourassa.
Cette Commission a basé ce nouveau découpage à partir non pas de statistiques établies et factuelles mais de données prévisionnelles, ce qui va l’encontre même de la loi qui stipule que la reconfiguration des circonscriptions doit se faire à partir de statistiques du recensement le plus récent, soit dans ce cas, celui de 2011.
En avril 2013, Maria Mourani, avant sa conversion aux vertus du fédéralisme canadien, affirme, avec tous les organismes représentatifs d’Ahuntsic, que cette nouvelle configuration « (…) est en soi une aberration sociologique, historique et humaine. Telle qu'elle est présentée, la proposition brise notre communauté et lui enlève son poids politique. Quand je parle de notre communauté, je parle, bien sûr, de la communauté d'Ahuntsic. (…).
Allons droit au but. Le grand problème de ce redécoupage concernant Ahuntsic, le coeur du problème si vous le voulez, est que la commission a choisi d'accorder un traitement spécial à la circonscription de Saint-Laurent au détriment d'Ahuntsic. Fait rare et inusité, la commission le confirme dans son rapport. Elle dit ceci, et je cite: « [...] soulignons que la circonscription de Saint-Laurent, sur l’Île de Montréal, a été l’objet d’un traitement spécial (...) ».
Étant donné qu'aucune nouvelle circonscription ne s'est ajoutée à Montréal, je demande que nous gardions le statu quo pour Ahuntsic, tout simplement».
Il est clair que Stéphane Dion a accepté et même proposé un statut particulier pour sa circonscription afin que la nouvelle circonscription Ahuntsic-Cartierville tombe aussi aux mains des rouges.
En 2013, grâce à cette Commission, nous nous retrouvons avec la circonscription de Saint-Laurent (Stéphane Dion) qui compte seulement 93 842 résidents et celle d’Ahuntsic-Cartierville qui se chiffre à 110 473 habitants. Sur l’Île de Montréal, il y a 18 circonscriptions dont la moyenne de population est de 104 805 résidents.
Mais il y a pire que cela.
L’un des commissaires de cette instance, Raymond Hudon, dans un article signé par Yvon Larose en mars 2013, reconnaissait l’apport très louable du député Stéphane Dion dans la reconfiguration des frontières de la circonscription d’Ahuntsic. Il affirmait que « (…) durant les audiences, des députés connus comme les libéraux Stéphane Dion (…) et Justin Trudeau, (…) ont proposé des amendements, même si ceux-ci allaient à l’encontre de leurs intérêts. Ces amendements que nous avons reçus et intégrés à notre rapport ont eu pour effet d’amputer leur circonscription de secteurs où leurs appuis étaient les plus solides. (…). Magnanimes, ils l’ont fait afin que la carte électorale soit un succès, c’est-à-dire la plus équitable possible ».
Magnanime, Stéphane Dion, voyons donc, on croirait rêver !!! Ce commissaire (professeur en science politique de l’université Laval, qui a enseigné avec le père de Stéphane Dion (Léon Dion), a-t-il compris que Stéphane Dion se montre plutôt machiavélique en proposant un amendement dans lequel il laisse partir le district de Cartierville ?
Cet amendement fait en sorte qu’Ahuntsic se voit amputer du district Sault-au-Récollet, district francophone pour un district multi-ethnique ; ce qui, à terme, enlève tout pouvoir aux gens d’Ahuntsic. Ce commissaire est-il vraiment sérieux lorsqu’il souligne l’apport magnanime de Stéphane Dion dans ce redécoupage de la circonscription d’Ahuntsic ?
Pourtant les chiffres sont clairs et les commissaires les connaissent. En transposant les votes valides de l’élection de 2011 dans la nouvelle circonscription Ahuntsic-Cartierville, le BQ arrive maintenant troisième avec 28,3 % des votes, alors que le PLQ remporte la victoire avec 31,1 % et le NPD, second avec 29,9 %. En 2011, le BQ était premier avec 31,8 %, le NPD était second avec 30,3 % et le PLC terminait troisième, avec 27,9 %. Si nous faisons l’exercice pour la nouvelle circonscription de Saint-Laurent, seulement dans le cas de Stéphane Dion, nous constatons que ce dernier gagne avec 42, 9 %, alors qu’ 2011, Stéphane Dion l’emportait avec 43, 4%.
Somme toute, son attitude supposée magnanime ne lui coûte que 0,5 % de votes. C’est le BQ qui fait les frais de cette opération anti-démocratique: dans Ahuntsic, il plonge à la troisième place. Rien ne change pour Stéphane Dion. Il remporte confortablement la circonscription passant de 43,4 % à (2011) à 42,9 % (avec la transposition des votes valides de 2011). Stéphane Dion n’a pas été magnanime puisque son amendement permet au PLC de remporter les deux circonscriptions. Comment appelez cela sinon un vol planifié par les fédéralistes !!!!
Le député Dion a influencé une commission qui se dit neutre et apolitique, dans le sens des intérêts des libéraux. Il y avait matière à maintenir coûte que coûte la requête en contestation de cette décision partisane de cette Commission en Cour fédérale.
La volonté des commissaires de ne pas accorder le statu quo, démontre leur partialité. En plus d’attribuer un statut particulier à la circonscription Saint-Laurent en lui permettant d’avoir la population la moins élevée (93 842 résidents) des dix-huit circonscriptions de l’Île de Montréal (moyenne par circonscription : 104 805 résidents), ils accordent sciemment une plus grande possibilité de victoire de libéraux, en 2015, dans la circonscription Ahuntsic-Cartierville.
Une requête pour annuler la nouvelle configuration de la circonscription d’Ahuntsic-Cartierville devait être déposée car la Commission commettait deux manquements graves: le statut particulier réservé à la circonscription Saint-Laurent en utilisant des données prévisionnelles et l’amputation du Sault-au-Récollet, district historiquement lié à Ahuntsic.
Maria Mourani avait le devoir (elle l’avait aussi promis aux électeurs du Sault-Au-Récollet) de d’aller jusqu’au bout.
Après avoir formulé sa requête en Cour fédérale le 16 septembre 2013, en l’annonçant dans un communiqué aux médias, Maria Mourani décide de la retirer, en catimini, le 25 octobre 2013.
Pourquoi arrêter cette requête alors que ses chances de gagner étaient plausibles ? Un des commissaires, Raymond Hudon, reconnaissait en mars 2013, l’influence du député Dion sur les délibérations de la Commission, reconnue neutre et apolitique.
En avril 2013 Maria Mourani avait raison de dire que la Commission accordait un statut spécial à la circonscription de Saint-Laurent. Mais au lieu de se battre en Cour fédérale en maintenant la requête au nom d’une citoyenne du Sault-au-Récollet, elle quitte le BQ en septembre 2013 et se déclare députée indépendante en réflexion.
Dès décembre 2013, Maria Mourani fait son acte d’allégeance au Canada. Elle est devenue une fédéraliste enragée, plus fédéraliste que Stéphane Dion. Maintenant, elle qualifie les Québécois francophones en utilisant le vocable « les Canadiens-français ». Même les fédéralistes de longue date n’utilisent plus cette expression.
Pourquoi Maria Mourani est-elle devenu fédéraliste ?
Oubliez ses raisons invoquées, Maria Mourani devient fédéraliste non pas à cause de la présentation du projet de loi sur la Charte des valeurs québécoises par le gouvernement Marois, mais suite à la certitude de conserver sa circonscription modifiée si elle quitte le BQ pour un parti fédéraliste. Ce qui est en cause, c’est son salaire de 162 000 $, qu’elle veut garder à tout prix même si elle doit trahir tous ses idéaux.
La charte sur la laïcité est le prétexte parfait pour tout abandonner. Elle ne rappelle même pas qu’elle a participé entre 2007 et 2010 au Comité parlementaire Turquie-Canada. Dans ces années-là, la Turquie était le pays musulman le plus laïque au monde. Il y avait une interdiction absolue pour une fonctionnaire de porter le hijab. Ça ne semblait pas troubler Maria Mourani, car elle acceptait d’assumer la vice-présidence de ce comité en 2010. Cette même année-là, Maria Mourani voyage en Turquie entre le 11 et 18 juin, voyage payé par l’ambassade et le gouvernement turcs.
Non, Maria Mourani connaît les chiffres. Elle juge que ses chances de l’emporter sont beaucoup plus élevées en joignant un parti fédéraliste, surtout le PLC. Je crois que, dès mai 2013, Maria Mourani avait déjà décidé de quitter le BQ; il lui manquait seulement le bon prétexte pour devenir fédéraliste et garder son image de femme politique honnête et démocratique.
Alors que les fédéralistes ont obtenu ce qu’ils voulaient : une circonscription modifiée selon leurs vœux, foulant aux pieds les gens d’Ahuntsic, Maria Mourani, se prosterne devant le pouvoir fédéraliste, espérant en récolter les miettes. En mai 2013, elle est déjà ailleurs… L’arrivée possible de Mélanie Joly au PLC mettront fin à ses espoirs, Elle confirmera alors sa conversion "népédiste", en devenant officiellement candidate du NPD en janvier 2015.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
14 avril 2015Les événements politiques survenus depuis ce 2 mai 2011, quoique douloureux, nous aurons permis d'apprendre beaucoup sur la valeur des gens. Heureusement, seuls les plus fervents indépendantistes daignent aujourd'hui poser leur candidature en vue de la prochaine campagne electorale et le Bloc Québécois en sera transformé pour le mieux.