La révolution canadienne

30e du rapatriement de 1982



Trente ans. C’est court et c’est long. Court dans la vie d’un peuple. Long dans la vie d’un homme. En 30 ans, le Canada a changé profondément d’identité. Les constitutions ont la vie dure. Elles continuent d’influencer nos vies longtemps après que nous ayons oublié leurs origines.
Il y a 30 ans, on nous enfonçait dans la gorge une nouvelle constitution. Le Canada anglais l’imposait au Québec. Le pays auquel étaient attachés nos ancêtres a été enterré en avril 1982. Derrière le même nom, on trouve deux réalités distinctes. Mais nous tardons à le reconnaître.
Le Canada de 1867 était un pays reposant sur deux peuples fondateurs, les Anglais et les Français. Le premier domi­nait le second. Mais au moins, il
savait qu’il existait. On aurait pu souhaiter un nouveau pacte entre les deux.
Mais Trudeau n’en a pas voulu ainsi. Trudeau était un idéologue radical réso­lu à diminuer le Québec. Il avait un rêve : créer un Canada délivré du peuple québécois. Il a aujourd’hui des disciples dans tous les partis.
Quelle était la vision de Trudeau ? Pensons d’abord au multiculturalisme. Il a d’abord servi à marginaliser le peuple québécois. Il se croyait un peuple sur deux. Trudeau lui a appris qu’il s’agissait d’une province sur dix et d’une communauté sur mille.
Le multiculturalisme relativise même la place des francophones au Québec. Affirmer une relation privilégiée entre la majorité francophone et le Québec consisterait à se rendre coupable d’exclusion. Une nouvelle loi 101 ? Une loi sur la laïcité ? Elles seront invalidées au nom de la Charte.
Cela a amené les Québécois à croire à leur propre impuissance. Ils ont progressivement intériorisé les contraintes de Trudeau. Le Canada n’a plus à leur empêcher grand-chose. Ils s’interdisent tout par eux-mêmes. Et s’en font une fierté !
Pas un texte sacré
Le Canada de 1982 ne croit plus à la démocratie. Mais à la Charte des droits. On nous la présente comme un texte sacré. Mais la Charte n’a rien d’un texte admirable. Il s’agit d’un texte aberrant qui menotte la majorité, dénature la démocratie et transforme le Canada en bazar.
Qui applique la Charte ? La Cour suprême. Sur un nombre croissant de questions, comme l’avenir du français, la définition de la famille, la place de la drogue ou les accommodements raisonnables dans nos sociétés, les juges décident à la place des élus. Le gouvernement des juges domine.
Il nous faut nous délivrer de la camisole mentale et constitutionnelle que Trudeau nous a imposée. Et nous rappeler comment on nous a mis sous tutelle. Un pays qui oublie son histoire ne cesse pas de la subir. Il cesse tout simplement de comprendre son présent.
Les souverainistes doivent attaquer les fondements du régime de 1982. Et multiplier les lois nécessaires à notre survie. À notre épanouissement aussi. Laïcité, langue française, identité. Tous les sujets sont bons. Même si nous savons que la Cour suprême les invalidera.
Il faut ouvrir avec le Canada un conflit démocratique de légitimité. S’il plie, nous aurons gagné un peu d’oxygène. S’il refuse, les Québécois se rappelleront que la seule solution consiste à sortir d’un pays qui ne sera jamais le leur.


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