La révolte des « populistes »

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C'est le sentiment de dépossession qui pousse les peuples vers des partis anti-systèmes


Si on se fie aux grands titres de la presse internationale, les élections européennes de dimanche auraient été marquées par la montée des populistes, contre lesquels il est bien vu de s’inquiéter.


« Populiste » : c’est le mot à faire peur qui domine notre temps. Le populiste hanterait notre démocratie, il s’en réclamerait pour mieux la trahir. Il exciterait les passions les plus sombres et la haine de l’Autre. Qui évoque le populisme sans d’un coup mettre en garde les électeurs contre lui deviendra vite médiatiquement suspect.


Il y a un petit problème avec cette définition : c’est que ceux qui s’engagent dans la révolte populiste ne s’y reconnaissent aucunement.


Définition


Si on leur demande pourquoi ils se mobilisent, ils donnent d’autres raisons : ils disent se battre pour restaurer la souveraineté et l’identité de leur nation, pour contenir les excès bureaucratiques de l’Union européenne, les dérives du capitalisme financier et pour stopper l’immigration massive qui bouleverse l’Europe.








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On est en droit d’approuver ou non ce programme, mais on devrait essayer de le prendre au sérieux en cessant de chercher derrière le masque du populisme le visage du fascisme. Il y a des limites à se vautrer dans les anachronismes. Nous ne sommes pas toujours condamnés à revivre le passé.


La démocratie a deux dimensions fondamentales. Elle doit conjuguer droits individuels et souveraineté populaire. Depuis quarante ans, elle a systématiquement privilégié les premiers contre la seconde. Résultat : un sentiment d’impuissance collective mine la démocratie.


De même, elle a renoncé à assumer l’identité nationale, pour mieux la déconstruire, au nom du multiculturalisme.


Dépossession


Le populisme se développe sur ce terrain, à la manière d’une riposte des peuples contre leur dépossession.


Nous sommes en droit de la trouver excessive, brouillonne et maladroite. Nous avons toutefois le devoir d’essayer de comprendre ceux qui s’y rallient sans les diaboliser. C’est une question d’honnêteté intellectuelle.