Réplique à Mathieu Bock-Côté

La rengaine à Mathieu

Tribune libre

Dans sa chronique du 27 février dernier, parue dans le Journal de Montréal ainsi que dans le Journal de Québec, et intitulée «Un Québec déculturé», Mathieu Bock-Côté y va d’une charge à fond de train contre le français parlé par ses compatriotes. Il reprend à son compte la plupart des stéréotypes que certains de nos intellectuels se plaisent à entretenir et à véhiculer depuis plus de 150 ans, sans doute pour mieux se glorifier eux-mêmes et se distinguer de la masse.
Comme bien d’autres de son espèce l’ont fait avant lui, il pourfend tous ceux qui ne partagent pas ses idées et il les traite de «fraudeurs intellectuels». «Il y a même, écrit-il encore, des zozos pour croire que le Québécois [sic] serait une langue à part entière». À ce propos, il importe de rappeler que la langue qui a cours au Québec n’est rien d’autre que du français. Or, cette variété de français est tout aussi valable que d’autres qui ont cours ailleurs dans le monde francophone, notamment en France, et, avec ses divers registres (populaire, familier, standard, soigné), elle constitue un système cohérent et fonctionnel. Il faut être bien «zozo» pour ne pas comprendre cela!
Pour mettre fin au «massacre» qu’il dénonce, pour «réparer notre langue» comme il le dit encore, Mathieu Bock-Côté est d’avis que l’école devrait renouer avec la littérature française: «En se reconnectant avec la littérature française, le Québec redécouvrirait une part oubliée de son identité. Il se reconnecterait avec une grande puissance culturelle de la civilisation occidentale». Mais d’où sort-il donc cette affirmation gratuite que le Québec a été «déconnecté» de la littérature française? Ignorerait-il toute la place que le ministère de l’Éducation réserve à cette littérature dans ses programmes, tant au secondaire qu’au collégial?
Le chroniqueur achève son billet en prétendant que le Québec a perdu «la dignité d’une langue qui mérite mieux que notre manière de la parler». Même si la manière de parler des Québécois souffre d’indignité selon Mathieu Bock-Côté, mérite-t-elle pour autant d’être méprisée à ce point?
Claude Verreault, professeur titulaire de linguistique française, Université Laval


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mars 2013

    C'est facile de faire dur au Québec, il suffit d'être québécois.
    Il y a des distinctions importantes et fascinantes entre le français et l'anglais (l'anglais moderne empruntant 80% de son vocabulaire à du français plus ancien que moderne). Au dela des mots, il y a des valeurs communes aux langues, le français et l'anglais n'y échappent pas. Bien que cela ne l'exclu pas pour les francophones, l'individualisme libéral est comment dire, anglo-saxxon et l'universalisme plus français, il y a le partage des richesses et le rôle de l'État qui diffère et certainement le type d'élitisme qui est pratiqué. Pour les anglophone qui sont les moins bilingues (pas qu'au Canada, mais partout dans le monde), ils sont les moins snob en ce qui a trait au niveau d'anglais pour être considéré anglophone, un certain analphabétisme fonctionnel est souivent le signe d'une intégration à la communauté linguistique anglophone. Pour les francophones, il faut avoir un haut degré de maîtrise du français pour être considéré comme un francophone. Pour les français de l'héxagone quiconque n'a pas l'accent de l'Ile de France est un provincial, un aériéré, un étranger ou un barbare. Pour les québécois dont le niveau du français s'est généralement fort améliorer depuis la réforme Parent, ne le sera jamais suffisamment pour les nostagiques et héritier du cours classique (des humanités de l'école française).
    Alors va-t-on un jour cesser d'entendre les héritiers conservateur d'un passé qui ne fut jamais celui du Québec? Va-t-on encore entendre les lâches de la pureté de la langue nous castrer parce qu'il n'ont pas la perspective plus large de ce qu'est le Québec, de ses origines celtes, amérindiennes dont la langue est une variable du Franc (l'ancien mot pour libre), qui a influencé la langue française de France, de l'allemand, de l'anglais et du québécois.
    Avec le temps, notre parlé "libre" à l'image d'un peuple qui s'assumera pour ce qu'il est saluera le monde en disant Qwe-Qwe ou bonjour ou allo ou hey, de façon toute naturelle, de façon toute québécoise, sans que ça n'offusque autant les tenant "de souche", de "pure laine" qui n'auront plus d'autitoire pour exhulter leurs mépris masochiste de minoritaires impuisants en extasent dans la souffrance.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2013

    Vous notez avec justesse:
    Il reprend à son compte la plupart des stéréotypes que certains de nos intellectuels se plaisent à entretenir et à véhiculer depuis plus de 150 ans, sans doute pour mieux se glorifier eux-mêmes et se distinguer de la masse.
    Laissons aux descendants de ces intellos leur pièce de Corneille et de Racine qui ont fait la joie de leur père dans les collèges classiques a une certaine époque mais que les québécois ont laissés tomber pour celles de Gratien Gélinas et Michel Tremblay qui avec des mots familiers et un langage populaire compris par le peuple québécois ont conquis le coeur de beaucoup de québécois qui se sont reconnus dans un langage et des expressions populaires qui étaient les leur depuis des lunes.
    C'est devenu très tendance et ``branding ``chez certaine personne qui aime s'écouter parler pour ne rien dire que de s'en prendre a la langue populaire des québécois pour se valoriser en parlant avec des mots vidés de leur sens.
    L'aseptisation des mots n'as plus de fin et de limite au Québec
    Le dictionnaire de la rectitude politique qui enferme dans son sarcophage de béton les mots issues de la langue populaire propre aux québécois de souche est de plus en plus utiliser par ceux qui veulent montrer qu'il se distingue du bas peuple et qu'ils ont de la clawsse et de la bien belle parlure .

    Même Louise Harel qui on le sais as tout un don pour les langues étrangères s'y aventure en parlant de l'esprit du plateau a conserver .
    Elle ne dit pas s'il s'agit de l'esprit du plateau de l'époque de Michel Tremblay ou notre langue était parler sans complexe ou de celle du nouveau language insipide et aseptisé emprunter au dictionnaire de la rectitude politique des mots et qui est devenu celui des nouveaux arrivants de certain quartier comme le plateau qui ont remplacés la langue de Tremblay qui avait droit de cité par des mots enrobés de formol dans les salons de thé pour impressionner la galerie.
    Parce qu'au Québec on en est rendu la....dénaturé le sens des mots pour les envelloper dans l'abstrait ,l'insipide ,les remplacer par des mots vagues et imprécis tellement on en est rendu as avoir la peau mince et ne pas vouloir faire de pépènne a personne suite aux campagnes de culpabilisation sur a peu près tout y compris notre langage populaire.
    Libérons les mots de ce carcan pour leur redonner le sens qu'ils ont toujours eu et que le dictionnaire des mots de la rectitude politique leur as enlever .

    Depuis la disparition des premiers indépendantistes au franc parler comme Piere Bourgault nous avons assister a la mise en berne de l'expression libre des mots et de leur sens véritable pour s'enferrer dans la langue de bois qui nous est imposé par les préfets de discipline de la rectitude politique ou chaque mot prononcé par le québédois de souche qui ne vient pas de leur dictionnaire est sujet a être interpréter comme vulgaire et offensant
    Pourtant Bourgault qui était un traducteur qui connaissait le dictionnaire de la langue française par coeur et un orateur sans pareil parlait et utilisait sans complexe le langage et les mots du langage populaire des québécois de souche quand il s'adressait au québécois dans ses assemblées.
    Son discours et les mots qu'il utilisait et employait pour parler de l'indépendance étaient net,clair et précis et ils allaient droit au but .
    Non seulement les québécois comprenaient son message livré avec fougue et passion avec des mots clairs issues du lan gage populaire mais ses adversaires fédéralistes redoutaient son talent d'orateur qui faisait de Bourgault un tribun exceptionnel pour l'indépendance avant que le discours véritablement indépendantiste ne s'englue jusqu'au razibus du cou dans les sables mouvants de l'étapisme de ce qui est apeller pudiquement la chouveraineté et qui ne veut rien dire .
    La souveraineté ne peut s'exercer que quand un peuple a déja fait son indépendance.
    Libérons les mots une fois pour toute et parlons d'indépendance

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mars 2013

    Voyons ici ce que Mononc Serge en pense. Voici donc une petite demande spéciale pour notre ami Bock-Côté : "Fuck ceux qui disent qu'on parle mal!"
    C'est ici : http://www.youtube.com/watch?v=AgiNoNqYXMA
    A ne pas prendre évidemment au premier degré.
    Pierre Cloutier

  • France Bonneau Répondre

    1 mars 2013

    Vous avez tout à fait raison monsieur Verreault. Mathieu Bock-Côté est quelque peu méprisant. Notre langue a des saveurs, des expressions, des accents incontournables. Oui, il y a amélorations à faire pour certains d'entre nous, je le concède, mais il faut aussi respecter ce peuple que nous formons. Point à la ligne.