La recette du dynamisme économique de la Bolivie: 'Nous utilisons les ressources nationales pour augmenter la production en Bolivie, puis nous distribuons les bénéfices au peuple'

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C'est le modèle québécois issu de la Révolution tranquille

Le président socialiste bolivien, Evo Morales, a été réélu sans difficulté pour son troisième mandat dès le premier tour, avec 61% des suffrages la semaine dernière. Pour le Financial Times, la politique économique qu’il a menée pendant les 9 années qu’il a passées à la tête du pays, au cours desquelles la taille de l’économie de la Bolivie a triplé, explique grandement son triomphe électoral. Les économistes prédisent que cette année, la Bolivie devrait être le pays de l’Amérique du Sud qui bénéficiera du taux de croissance le plus fort.
Le ministre des Finances du pays, Luis Arce, a expliqué au journal le principe derrière le succès économique du pays :

Nous utilisons les ressources nationales pour augmenter la production en Bolivie, puis nous distribuons les bénéfices au peuple. C’est un modèle de distribution, qui donne à tout le monde, en particulier à ceux qui n’ont jamais eu d’argent. Maintenant, ils ont de l’argent. Ils s’enrichissent, et c’est là l’idée maîtresse de ce modèle. Nous pensons que lorsqu’un pays a une meilleure distribution des revenus entre ses citoyens, on obtient des taux de croissance plus rapides, et c’est l’idée principale derrière le modèle.

En pratique, les nationalisations, couplées avec l’essor du commerce des matières premières, ainsi que des politiques macro-économiques prudentes prévoyant des redistributions, ont permis de financer les hausses de salaires et des revenus de transfert pour les personnes âgées, les enfants scolarisés et les femmes enceintes. En retour, ces hausses de revenus ont généré un boom de la consommation.
En adoptant ce scénario de stabilité macro-économique, vous augmentez le niveau de vie des pauvres gens… Nous avons mis plusieurs mesures en place pour que plus de gens aient bien plus d’argent, et cela a augmenté la demande interne. Par le passé, nous avions le modèle néo-libéral, qui était basé sur les exportations nettes. (…) Nous l’avons changé. Exporter est important, mais il est plus important de surveiller la demande interne, et nous sommes en train de la faire croître.

En Bolivie, les sociétés qui vendent des produits de consommation sont prospères. Les ventes des supermarchés sont passées de 71 millions de dollars par an, avant l’accession au pouvoir de Morales, à 444 millions de dollars l’année dernière ; dans le même temps, les recettes des restaurants ont progressé de 686%.
Là où le bats blesse, c’est que pour maintenir cette croissance basée sur la nationalisation du secteur des hydrocarbures, Morales a besoin de fonds et d’expertise pour développer d’autres secteurs que ceux de l’extraction des ressources naturelles.
Mais le pays est exposé aux aléas de l’évolution du cours des matières premières, et il subit de plein fouet la baisse des cours du pétrole. Or, les recettes croissantes du pétrole ont été cruciales pour permettre au pays d’éviter de tomber en déficit malgré la hausse des transferts sociaux. Mais comment attirer les investisseurs étrangers après les nationalisations et les expropriations auxquelles le pays s’est récemment livré ?
Selon Arce, c’est une question de communication :
Nous avons expliqué aux investisseurs que nous n’allons pas tout nationaliser. Que nous ne nationaliserons que les entreprises et les ressources naturelles qui appartenaient auparavant au peuple bolivien. Donc vous ne verrez pas à l’avenir de nationalisation sur toute entreprise installée en Bolivie pour y investir, et pour laquelle il s’agirait d’un investissement privé. »
Pour Arce, le « capitalisme est un vieil homme ». Mais pour les critiques du gouvernement, il ne s’agit là que d’une nouvelle version du « capitalisme d’Etat », animée par un populiste charismatique...


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