La province de Québec

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« En fait, le Québec est redevenu une province qui ne se voit plus dans un rapport de force avec Ottawa. »

J’entendais récemment à la radio un analyste politique faire référence à la « province de Québec », comme dans le vieux temps de Maurice Duplessis. Cela en dit long sur la régression du Québec. Justin Trudeau peut ainsi sans obstacle traiter le Québec comme une province comme les autres.


Car le premier ministre ne s’embarrasse guère des demandes des provinces, y imposant sa vision centralisatrice sans avoir à affronter d’adversaires. Au Québec, son allié le plus inconditionnel, Philippe Couillard, non seulement ne lui met pas les bâtons dans les roues, mais il partage sa vision. C’est un fédéraliste viril, dirions-nous.


Le premier ministre du Québec durant tout son mandat et en particulier depuis l’élection de Trudeau n’a exprimé aucune demande particulière. Quand on s’occupe des « vraies affaires », on ne s’intéresse pas à des niaiseries que sont la constitution, la société distincte et les empiétements d’Ottawa dans les juridictions des provinces.


Désaffection


En fait, le Québec est redevenu une province qui ne se voit plus dans un rapport de force avec Ottawa. Car le moteur de cette tension fédérale-provinciale a toujours été le nationalisme. Et une des raisons de la désaffection massive des Québécois à l’endroit du PLQ, telle qu’illustrée par le sondage récent, est justement l’absence de fibre nationaliste du gouvernement libéral dirigé par Philippe Couillard.


Cette semaine, nous avons eu droit à un spectacle « émouvant » de l’annonce de la politique culturelle du Québec où l’on a fait valser des centaines de millions de dollars, qui serviront à promouvoir et encourager la culture québécoise. Les intervenants culturels ont même applaudi à la fin de la présentation par la ministre responsable. Est-ce manifester du cynisme que de croire qu’à la veille de l’élection du 1er octobre une telle annonce est une provocation ?


Les politiciens sont incorrigibles. Ils prennent les électeurs pour des imbéciles et, dans ce cas, le monde culturel dans son ensemble. Il est toujours surprenant de constater à quel point une proportion non négligeable d’électeurs est dans l’attente des promesses dont ils devraient savoir par expérience qu’elles ne sont que des miroirs aux alouettes. Des effets de scène, puisqu’il s’agit ici de culture.


Simple communauté


Avec la déconfiture annoncée du PQ, qui n’est que la conclusion historique logique à deux référendums perdus, il est inévitable que le Québec soit redevenu une province. Elle est à sa place, doit se dire Trudeau, qui semble placer les sikhs, les Arabes, les Ukrainiens et les Canadiens français dans la catégorie « communautés culturelles » au sein du Canada.


On ne peut nier que François Legault est toujours nationaliste. Dans la nouvelle donne canadienne, il faudra voir si une fois au pouvoir, comme le prévoient les sondages, il parviendra à diriger l’État du Québec ou la province de Québec. Non, les mots ne sont jamais innocents.


Défendre la culture au Québec, c’est bouleverser notre système d’éducation pour remettre la transmission des connaissances, et de la langue française en particulier, au cœur du projet scolaire. C’est défendre la qualité de cette langue et sa promotion auprès des immigrants qui n’assureront jamais notre survivance s’ils refusent de l’apprendre.