Dans son éditorial du 5 février du journal La Presse, Paul Journet s’enthousiasme devant la possibilité que la bibliothèque du Mile-End prenne le nom de Mordecai Richler. Pourtant, dans de prestigieuses revues américaines et sur bien d’autres tribunes, l’écrivain a accusé les Québécois francophones de tribalisme, d’antisémitisme et même de xénophobie, usant d’erreurs factuelles, d’une généreuse dose de mauvaise foi et d’un acharnement que M. Journet qualifie lui-même de « pure mesquinerie ».
Mais l’éditorialiste soutient qu’en tenir compte « serait une vision réductrice de l’homme, de son œuvre et de l’idée même de commémoration. » Il ajoute que « refuser de le commémorer, ce serait aussi céder à la détestable tendance d'évaluer un artiste à partir de son discours social ou, pire, de ses coups de gueule médiatiques. » Bien sûr, pour décider ou non d’inclure le nom de Mordecai Richler dans la toponymie de Montréal, il faut considérer la grande qualité de son œuvre littéraire. Par contre, on ne peut ne s’en tenir qu’à cela lorsque vient le temps de choisir un lieu.
Faut-il rappeler que le boulevard René-Lévesque s’arrête à la rue Atwater pour la raison bien compréhensible que la très anglophone Westmount a décliné l’invitation de dénommer sa portion du boulevard Dorschester? Chez nos concitoyens anglophones, l’autoflagellation a ses limites. Pour la même raison, on ne saurait imaginer qu’une rue de Côte-Saint-Luc ou de Hampstead porte le nom de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline qui, bien que très talentueux, exprima à profusion dans la sphère publique son virulent antisémitisme.
Dans le même esprit et à moins qu’on ne cherche qu’à immortaliser un provocateur par une autre provocation, il m’apparaitrait très inopportun qu’une bibliothèque desservant à la fois le Plateau-Mont-Royal et Outremont reçoive le nom de Mordecai Richler. Si on tient à lui rendre hommage et puisqu’il étudia à l’Université Sir George Williams, je suggère qu’on le fasse dans le quartier de ce qui est maintenant l’Université Concordia.
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1 commentaire
Jean-Pierre Bélisle Répondre
7 février 2015Vous êtes déjà trop généreux.
Quelque furent son talent et la qualité de sa plume, Richler fut pour l'essentiel un raciste anti-québécois.
Il s'est maladivement évertué à salir le Québec partout où il le pouvait, notamment dans certaines des plus grandes publications américaines.
Il faut être enviandé pas à peu près pour nommer une bibliothèque en son honneur ou accepter qu'on le fasse par souci d'ouverture ou de grandeur d'âme. Évidemment, si l'objectif est politique, c'est une autre affaire, plus grave encore.
J'ai tout de même bien rigolé en visionnant Barney's Version (film).