Caleb IRRI - Affaire Clearstream, affaire Karachi, affaire Woerth, affaire de l’Epad, les retraites, le juge d’instruction, les vols d’ordinateurs, le bouclier fiscal, l’immigration, le traité européen, la nomination des chefs du service public, la DCRI, l’identité nationale.. les casseroles qui trainent derrière le gouvernement tintent toutes dans la même gamme, celle du mensonge et de l’injustice. Et conduisent toutes, par un fil d’Ariane de plus en plus gros, vers une seule et même personne au centre de tout : le président de la république.
Peu à peu se dessine en trame de fond une formidable machine qui fonctionne dans l’ombre depuis longtemps déjà, à laquelle participent de nombreuses personnalités politiques de premier plan, et que l’on retrouve aujourd’hui encore à des postes importants.
Bien sûr, pour l’instant toutes ces affaires ne sont qu’à l’état de suppositions, mais leur nombre et leurs liens sont déjà suffisants pour constituer une sorte de "faisceau de présomptions". De plus, à voir de quelle manière les enquêtes sont entravées, empêchées, dénoncées par ceux-là même qu’elles visent ajoutent à la suspicion : on voudrait cacher quelque chose qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Que nous faut-il de plus pour réclamer la vérité sur un système qui se protège lui-même des reproches qu’on lui adresse ?
En effet, si l’on tire un peu sur le fil, ce n’est pas seulement la présidence qui est attaquée, mais belle et bien la classe politique dans son ensemble, et depuis un bon nombre d’années déjà . Si on poussait les investigations jusqu’à leur terme, les Français s’apercevraient certainement que les hommes pour qui ils votent sont des "vendus", et que c’est le système démocratique dans son ensemble qui se trouve corrompu. Mais comment faire, puisqu’apparemment la séparation des pouvoirs, une des bases qui fondent une démocratie saine, a disparu ou est sur le point de le faire ? les enquêtes n’iront pas plus loin que ce que le gouvernement l’autorise, surtout si les "collaborateurs" du président sont aussi inattaquables que le président lui-même. Heureusement il y a les journalistes. Quelques journalistes en fait, avec l’aide de quelques magistrats dont l’habit évoque encore quelques valeurs, mais qui sont les cibles permanentes des ennemis de la vérité. Mais comment peuvent-ils faire éclater la vérité s’ils sont censurés, volés, interdits de faire leur métier d’investigation, en n’ayant pas accès aux documents qu’ils demandent, en se voyant retirer une partie d’une affaire, ou ostracisés quand ils font leur travail ?
Vous rendez-vous compte de ce que ces affaires pourraient signifier ? Un président élu par le financement d’un campagne illégale, qui a participé à financer celle de monsieur Balladur à travers des versements illicites de rétro-commissions sur des ventes d’armes à un pays que tous considèrent comme un berceau du terrorisme, le Pakistan. Avec ce genre de personnages à la tête de l’Etat, on comprendrait mieux les invectives qui ont couru lors de l’affaire Clearstraem à l’époque, et on pourrait rapidement soupçonner les quelques noms affichés sur les listings d’avoir été réels, pour servir de manière occulte les campagnes qu’ils finançaient, à travers des comptes dans des paradis fiscaux, à l’abri de tout enquêteur un peu trop soupçonneux.
On comprendrait mieux aussi l’acharnement de la présidence à défaire les juges d’instruction, à modifier la Constitution, à ne pas fermer la porte aux paradis fiscaux. Voilà la clé de l’alliance entre le politique et le financier : englués dans des manoeuvres obscures pour des contrats juteux, les corrompus sont obligés d’une part de dénoncer les excès d’un système capitaliste auquel ils ont largement participé, et d’une autre d’en profiter encore pour éviter que ne soient rendus publics leurs agissements. Ils sont coincés. Par où croyez-vous que les "rétro-commissions transitaient ? Comme l’avait dit monsieur Denis Robert qui s’est fait "détruire" par le système, tout transite par les chambres de compensation : il suffit d’ouvrir ses lignes de compte pour connaître l’origine de toutes les corruptions, et les rendre impossibles.
Mais revoilà aussi la crise, qui y trouve son explication : ne pouvant se permettre de mettre à mal le système qui les a financé de près ou de loin, mais ne pouvant pas non plus continuer de faire comme si ce système n’était pas responsable de la crise économique que nous traversons, les alliés du moment ne peuvent que se mettre d’accord pour la seule alternative qui leur reste : taper sur le peuple socialement, économiquement, légalement. Car ceci ne s’est pas produit qu’en France, ni qu’avec l’équipe en place actuellement : c’est partout sensiblement la même chose, et il suffirait qu’une barrière tombe pour que le château s’écroule.
Que faire alors ? réclamer la démission du président français aurait à peu près autant de chance de réussite que de demander celle de Berlusconi en Italie, c’est à dire aucune. Elire une nouvelle classe politique dont on sait les accointances avec le pouvoir actuel (ce sont les mêmes personnes qui se connaissent depuis plus de vingt ou trente ans) ne servirait de rien, sans compter qu’à un niveau ou un autre ils doivent en être aussi.
Et puis il y a nous, le peuple : ajouter une crise politique à la crise économique ne réglerait sans doute rien, au contraire... mais ne rien faire serait encore pire. Nous sommes aujourd’hui à un tournant historique. Les dénonciateurs de ce scandale institutionnel seront vite considérés comme des ennemis de la démocratie, et internet est bel et bien le seul danger qui effraie encore les corrompus : comme on le voit avec « wikileaks » actuellement, les « résistants » du net ont du soucis à se faire, et les lois Acta, Hadopi, et autres Loppsi sont destinées à les faire disparaître. Il n’y a pas d’autres alternatives pour le pouvoir.
Face aux géants qui menacent leur domination, le protectionnisme, le nationalisme, l’oppression et la répression seront leurs seules armes, et ce sont les peuples qui en feront les frais. Comme à chaque fois dans l’Histoire des hommes, nous aurons compris trop tard ce qui nous attendait. Nous le regretterons sûrement. Ce n’est pas les hommes qu’il nous faut changer, mais le système qui crée ces hommes.
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
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