Même si les enjeux des manifestations étudiantes actuelles diffèrent de ceux du printemps érable 2012, les divergences d’opinion entre les étudiants sont demeurés les mêmes, à savoir le dilemme entre le droit de grève et le droit d’assistance aux cours. Difficile prendre position dans ce débat, compte tenu que chacun des deux clans évoquent des motifs raisonnables, les uns, la répercussion des mesures d’austérité du gouvernement sur le tissu social, les autres, leur droit légitime d’assister à leur cours.
Pourtant, un récent jugement de la Cour supérieure vient donner raison aux pro-grève sur les velléités des anti-grève en décidant que « les dispositions contestées par les demandeurs ne violent pas leurs droits fondamentaux puisque la Loi laisse la possibilité à tous les étudiants de se retirer de l’association accréditée ou d’en faire partie ou de former une association de leur choix ».
Conséquemment, dans la mesure où les étudiants ont été dûment convoqués à une assemble générale de leur association pour voter sur un mandat de grève, il appartient à tous les étudiants d’y participer et d’y faire valoir leur point de vue démocratiquement, à défaut de quoi, nous nous aventurons dans les méandres de l’anarchie.
Leçon de démocratie aux carrés verts
Issus du mécontentement suscité par les manifestations des carrés rouges lors du printemps érable, en particulier sur leur allégation de pouvoir assister à leurs cours malgré la grève, les carrés verts Laurent Proulx et Miguael Bergeron ont été déboutés en Cour supérieure après avoir contesté la constitutionnalité d’une série d’articles de la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves et d’étudiants.
À cet effet, voici un extrait révélateur de la décision de la Cour : « La division, les conflits, les divergences d’opinions sont inévitables dans un groupe et font partie d’une société démocratique. La Loi permet de régler démocratiquement des conflits, peu importe leur nature. Il suffit d’y participer. L’intérêt doit y être ». Et, de poursuivre le juge, « les dispositions contestées par les demandeurs ne violent pas leurs droits fondamentaux puisque la Loi laisse la possibilité à tous les étudiants de se retirer de l’association accréditée ou d’en faire partie ou de former une association de leur choix ».
Conséquemment, les plaignants n’ont pas été brimés dans leurs droits selon la Cour supérieure, entre autres celui d’assister à leurs cours, et auraient dû manifester leur dissidence auprès de l’association étudiante de laquelle ils faisaient partie au lieu de contester sa légitimité…Une leçon de démocratie que les deux carrés verts auraient avantage à retenir!
Henri Marineau
Québec
Des relents du printemps érable
La pomme de discorde
Leçon de démocratie aux carrés verts
Tribune libre
Henri Marineau2090 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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3 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
27 mars 2015Ça fait partie de la guerre ouverte pour "normaliser" le Québec. Mater cette population qui essaie encore de relever la tête! Couillard veut y arriver plus vite que Charest: du sang le plus vite possible, des mutilations dès le début, pour faire peur. La terreur comme à Victoriaville au premier round. Le trio de comptables qui répond aux ordres du Canada, plus sauvage encore que celui qui ricanait en nous promettant des jobs au Nord, se modèle sur la province "bilinguisée" qui se voit couler du shiac à l'anglais. Si les bombes en pleine face ne suffisent pas, ils entrevoient le sort qu'ils ont réservé aux résistants de Prince Edward Island.
C'est ça que veulent les impuissants assis sur leurs mains et leurs carrés verts? Ça s'est vu souvent, un peuple soumis par la terreur.
Henri Marineau Répondre
26 mars 2015En voyant les manœuvres des deux policiers en train de procéder à l’arrestation d’un manifestant et le visage ensanglanté d’une autre, j’ai vraiment eu l’impression que j’étais confronté à un scénario digne de 19-2, un polar qui s’est terminé avec 274 arrestations.
La raison? Les manifestants ont manqué au règlement municipal 19-2 (comme par hasard!...) en ne dévoilant pas les coordonnées de cette manifestation. Des constats d’infraction de 220 $ par individu qui rapportent dans les goussets de la Ville la modique somme de plus de 60 000 $...
Difficile de comparer la « gravité » du manquement des manifestants aux conséquences de leur geste. Dans mon livre, je serais porté à appeler ça de l’abus de pouvoir!
Henri Marineau Répondre
26 mars 2015Le nouveau ministre de l’Éducation, François Blais, a lancé un appel à la majorité silencieuse en invitant les étudiants à se présenter au vote lors de leur assemblée générale, une démarche qui m’apparaît la seule voie démocratique pour faire valoir ses idées auprès des défenseurs de la grève. En bref, une partie se joue sur le terrain et non pas dans les gradins.
Parlant de « terrain », j’ai l’impression que les initiateurs de la grève « sociale » éprouvent beaucoup de difficultés à mobiliser la population autour de leurs revendications qui sont, rappelons-le, les effets pervers des mesures d’austérité sur l’éducation, et de l’exploitation des hydrocarbures sur l’environnement.
On reproche souvent à notre jeunesse de ne pas être politisée et de former un amalgame d’individus sans conscience collective. Pourtant, lorsqu’elle se mobilise, on lui demande de réintégrer ses quartiers. Sans doute que le mouvement de grève connaît des ratés. Toutefois, si les étudiants, en assemblée générale, arrivaient à se parler, peut-être arriveraient-ils à s’entendre sur une stratégie commune qui aurait davantage de poids auprès du gouvernement !