Descendre dans la rue et manifester, c’est parler. Prendre la parole dans l’espace public. Dans nos sociétés « modernes », l’espace public sert à la circulation, non à la prise de parole. L’espace public, même extérieur, n’est occupé que par les courants de masse. Et pourtant, le citoyen en est exclu.
La manifestation est un contre-pouvoir qui déclenche les affects du pouvoir. Celui-ci réagit donc avec violence en résistant et en imposant son autorité, en affirmant sa suprématie.
Et pourtant, un leader n’affirme jamais rien. Il dirige. Un leader – avec des idées, ce qui est plutôt rare de nos jours – doit entraîner, par son charisme, les débats vers une plus grande dépense d’énergie. Il est toujours plus facile d’économiser son énergie que de la dépenser. Mais la dépense est le ciment de nos sociétés et leur assure une cohésion sociale basée sur l’hétérogène.
La liberté de parler dans l’espace public s’exprime par la manifestation. Quand les gens manifestent, ils participent à la prise de parole. Et ceux qui, généralement, occupent le haut du pavé, qui donnent des conférences, qui parlent au nom des autres – sans, la plupart du temps, leur avoir demandé leur avis – et détournent la paroles des autres, occasionnant par le fait même une souffrance vécue par la victime silencieuse, n’aiment pas qu’on parle – la rue – en leur nom.
Il faut savoir quand parler et à qui. Martin Luther King, Gandhi, le Général de Gaule avaient tous quelque chose en commun. Ils savaient quand parler et occuper l’espace public sans jamais promulguer la violence de manière naïve.
Ne demandons pas à ceux qui ne peuvent occuper l’espace public qu’en l’accaparant de nous guider. Car pendant qu’ils parlent, ils ne regardent pas devant eux et nous entraineront irrémédiablement vers la catastrophe en nous accusant au passage de ne pas avoir été responsable en assumant notre part de fardeau. C’est une façon bien simpliste – l’être humain est d’autant plus complexe et créatif quand on lui en donne les moyens – d’analyser le monde.
Aujourd’hui, la masse élève en dogme son épanchement viscéral et narcissique. Quiconque peut actuellement s’improviser politicologue. Et pourtant, certaines personnes ne pourront jamais comprendre plus d’un degré de sens.
Il faudra donc composer avec tous ces objets sociaux pour imaginer une société.
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