La lumière qui fait mal

Rien n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu.

Tribune libre



Cette prédiction qui remonte à plus de 2000 ans (Mt. 10, v.17) devient de plus en plus réalité en ces jours que nous vivons. Les serments dont nous entourons les secrets ne sauraient résister aux impératifs de conscience qui se nourrissent de vérité et de liberté. Des langues, en nombre toujours plus grand, se délient pour dénoncer l’inconcevable alors que de puissantes technologies telles celles de Wikileaks et de l’ensemble des réseaux d’information alternative permettent d’étaler au grand jour ce que nombre de nos élites politiques, religieuses et économiques croyaient bien à l’abri dans les chambres noires les plus secrètes et souvent protégés par les serments d’office. Le bon peuple, bien malgré lui, ouvre de plus en plus les yeux pour découvrir, chez bon nombre de ces hauts personnages, de véritables sépulcres blanchis dont l’intérieur est rempli de mensonges, d’iniquité et de pourriture.
Il ne fait pas de doute que le Québec, pour certains, vit des heures sombres, avec ces scandales qui touchent de façon particulière le monde politique, mais aussi financier et religieux. Pour d’autres, par contre, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle qu’enfin soit levé le voile de l’hypocrisie et que la vérité retrouve tous ses droits. La bulle à l’intérieur de laquelle les médias et les principaux acteurs politiques, économiques et religieux gardent le peuple, commence à se fissurer. La naïveté se transforme en conscience et cette dernière en responsabilité. Fini le temps des chèques signés en blanc sans garantie aucune. Fini le temps de recevoir, sans analyse, ce que les chantres de nos grands médias nous proclament. Fini le temps de ces serments qui ne servent qu’à dissimuler la vérité et à déresponsabiliser ceux et celles qui les font. Fini le temps où l’habit faisait le moine et les belles apparences donnaient l’intelligence.

Le Québec ne devient-il pas, à travers cette prise de conscience de tous ces scandales, un véritable laboratoire où se diagnostique la nature de ce mal qui mine toute vie démocratique? Ne sera-t-il pas un des premiers à neutraliser ce mal et à la limite à le vaincre complètement? Ceux qui le regardent de l’extérieur avec suffisance et un certain mépris ne devraient pas se réjouir trop vite. Peut-être connaîtront-ils, plus vite qu’ils ne le pensent, des jours semblables sinon plus cruels encore. Le cancer de la corruption est un mal généralisé dans tous les secteurs de la vie de société. Il est là au cœur des églises, des gouvernements, des corporations financières et professionnelles. Il se nourrit d’argent, de sexe, de privilèges, de mensonges, de chantage, de dissimulation et de corruption. Aussi subtiles puissent-ils être les moyens utilisés pour en camoufler la réalité, ces derniers seront, un jour ou l’autre, mis en grande lumière. Ceux et celles qui en auront été les protagonistes souhaiteront, s’il leur reste encore quelque chose d’humain, que les montagnes les écrasent tellement sera grande la honte qui les envahira. La lumière éclairant la vérité de leur vie leur deviendra insupportable.
La liste des mises à jour de ces procédés utilisés pour tromper et pour régner déborde de beaucoup le cadre de cet article. Qu’il suffise de rappeler ces aveux de John Perkings, ex employé de la CIA, et dont la tâche était de corrompre les dirigeants de gouvernements latino-américains pour en faire des subordonnés et assurer ainsi le règne le l’Empire au service duquel il travaillait. Si cette approche de corruption n’obtenait pas les résultats escomptés, des commandos d’élite étaient alors déployés pour faire disparaître physiquement les récalcitrants. Dans la même ligne de pensée que dire du rôle que l’on a fait jouer au Vatican pour couvrir l’horreur des régimes militaires qui ont fait régner la terreur dans tout le Continent latino-américain? Jean-Paul II et Benoît XVI auront été de véritables alliés de l’Empire étasunien dans cette région du monde. Leur condamnation à répétition des théologiens porteurs d’une théologie de libération fondée sur les Évangiles et les réalités sociales de leurs milieux auront bien servi les objectifs des oligarchies. Ces dernières ont toujours pu compter, à quelques exceptions près, sur le support des nonciatures apostoliques et des cardinaux. Ces faits sont déjà bien connus et bien documentés et leurs auteurs ne peuvent plus se cacher derrière le voile de leurs honorables fonctions. La liste peut évidemment s’allonger et rejoindre le rôle joué par certains grands médias et certains journalistes qui ont plutôt choisi de sacrifier l’éthique de leur profession aux avantages des privilèges et de l’argent. Pas plus que les autres ces derniers n’échapperont à la lumière qui les mettra au grand jour.
Nous entrons sans doute dans une ère nouvelle où plus personne, aussi puissant puisse-t-il être, n’échappera à ce regard capable de percer les plus grands secrets. Dans la mythologie de l’Ancien testament il y a cette histoire de Caïn qui, ayant tué son frère, ne parvint plus à se soustraire à l’œil de dieu. Il y a actuellement quelque chose de semblable qui se produit avec l’éveil de la conscience à sa propre dignité et ces outils extraordinaires qui permettent de saisir ce qu’il y a de plus secret et d’en faire la diffusion dans le monde entier.
Que les manipulateurs, les dominateurs, les hypocrites, les profiteurs, les corrupteurs se le tiennent pour dit : la conscience des consciences vous a à l’œil.
Oscar Fortin
Québec, le 17 novembre 2010
http://humanisme.blogspot.com
http://fr.wikipedia.org/wiki/WikiLeaks

http://humanisme.blogspot.com/2010/10/les-assassins-economiques.html

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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2 commentaires

  • Jeannot Duchesne Répondre

    18 novembre 2010

    Je suis bien de votre avis; mais pour l'instant ils essaient encore de soustraire leur perfidie à la lumière. Plus, ils la cultivent par l'arrogance immorale de se servir des tribunaux pour faire taire les langues qui se sont déliées.
    J'en ai la nausée et j'ai encore plus le goût de maudire ceux qui par leur silence, leur opportunisme, leur sens d'appartenance partisane continue à refuser les enquêtes publiques pour mettre à jour ce mal béant de la haine; parce que mentir, voler, tromper et taire la vérité ce n'est certes pas le respect de l'autre, de la loyauté et ce n'est surtout pas de l'amour.

  • Serge Charbonneau Répondre

    17 novembre 2010

    La force de la lumière...
    La force des mauvaises (sic) herbes...
    Je me dis toujours que la réalité est comme les mauvaises (sic) herbes.
    Bien souvent on tente de présenter une fausse réalité. Mais la réalité est comme de la mauvaise (sic) herbe, on a beau les arracher, ils repoussent aussitôt.
    On a beau atténuer la lumière et bien souvent mettre carrément dans l'ombre certaines choses pour les soustraire de la vue des gens, tôt ou tard la réalité sort au grand jour, en pleine lumière.
    Dans ce texte, je reconnais bien l'optimisme serein de Monsieur Fortin.
    Moi, j'ai toujours un peu tendance au pessimisme et je crains toujours la phénoménale capacité des fourbes pour nous éteindre la conscience.
    Merci pour cette lueur d'espoir, Monsieur Fortin.
    Serge Charbonneau
    Québec