Retour sur un manifeste trompeur

La lumière au bout du tunnel

Tribune libre

Depuis les premiers balbutiements du projet de loi 60, le chef libéral Philippe Couillard ne cesse de clamer sur toutes les tribunes qu’il faudra lui marcher sur le corps avant que les libertés individuelles ne soient bafouées au Québec, alléguant les Chartes des droits et libertés que son parti « a toujours défendues ». C'est faire preuve d'un sacré culot de la part du chef d’un parti aux prises avec les scandales de collusion et de corruption révélées jusqu’à maintenant par la commission Charbonneau.
Quant aux libertés individuelles, le chef semble avoir la mémoire courte si on considère la façon cavalière avec laquelle son prédécesseur a agi lors des manifestations étudiantes du printemps érable.
Pour revenir au projet de loi 60, Philippe Couillard allègue que le Québec ne peut choisir un modèle de diversité qui se distingue de ses voisins en Amérique du Nord, comme le propose le Parti québécois avec la charte des valeurs, sans risquer d’en pâtir sur le plan économique. Et voilà l’artillerie de la peur qui refait surface, cette vétuste machine de guerre qui a fait des ravages dans le passé auprès des Québécois.
À cet effet, le 7 février 2010, Georges-Étienne Cartier publiait sur cette tribune un article sous le titre « Un" Manifeste" pire que futile : malsain ! », inspiré du « Manifeste pour un Québec pluraliste » co-signé par un Collectif.
http://www.vigile.net/Un-Manifeste-pire-que-futile
Un « Manifeste » « tantôt visqeux, parsemé de tournures d'une complaisance toute pharisienne…Ce qui fascine, c`est l'horreur manifeste à l`endroit de l'idée même de « discrimination », et la passion fanatique pour l' « ouverture », le tout géré par un esprit critique si mou et si aléatoire qu'on ne peut que conclure à une évocation purement pro forma. Une telle pusillanimité fait de l' « ouverture » tant vantée une très réelle béance. Elle révèle surtout, dans le refus dévot de seulement penser « discriminer » un désarroi total face à ce qu`il faut bien reconnaître comme une ahurissante incapacité à distinguer, faire la part des choses, définir les termes et les situations. »
Quatre années ont passé depuis la parution de ce billet…Aujourd’hui, le projet de Charte des valeurs et de laïcité du gouvernement franchit les dernières étapes du processus consultatif et nous sommes en droit de penser qu’il reçoit l’aval d’une majorité de Québécois.
Il m’apparaît clair que les libéraux du chef Couillard se terreront dans « l'horreur manifeste à l`endroit de l`idée même de « discrimination », et la passion fanatique pour
l' « ouverture », le tout géré par un esprit critique si mou et si aléatoire qu'on ne peut que conclure à une évocation purement pro forma. »
Quant aux caquistes de François Legault, ils manifestent une certaine ouverture sur l’interdiction des signes religieux pour une certaine catégorie des travailleurs de l’État. Le gouvernement doit-il concéder un espace public dans ses intentions? Ou doit-il maintenir sa position en interdisant le port des signes religieux à tous les employés de l’État?
En ce qui me concerne, il n’y a pas de demi-mesures qui tiennent la route à ce chapitre. À ce sujet, je laisse la parole à M. Cartier dont l’argumentaire de 2010 colle parfaitement à la réalité d’aujourd’hui et nous offre une piste de réflexion intéressante quant au sort que nous désirons réserver à un projet de loi qui, enfin, nous ouvre sur la lumière au bout du tunnel :
« On a , d'une part, l'adhésion à la révélation, intime et à jamais singulièrement propre au système nerveux qui la reçoit, d'une transcendance : c'est là alors un phénomène ineffable ; et dans la mesure où son expression demeure l`objet de pratiques strictement privées, on ne voit pas quel problème il y a à en reconnaître le caractère inviolable tant de droit que, en somme, de fait !…Mais on a d’autre part, toutefois, les manifestations publiques, et donc par nature sociales, de cette foi , c'est-à-dire celles que le croyant prétend non plus seulement proposer avec son accord à une autre personne, mais bien lui opposer , et a fortiori lui imposer : tout cela est de l`ordre de la culture car il s`agit d'actes sociaux qui ont pour prétention de donner ainsi à la liberté d'expression qui protège déjà la foi la force contraignante d`un « droit »

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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6 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    9 février 2014

    Si Nous avions des médias moins mous et dégoulinants, s’ils n’étaient pas aussi partisans ni autant dressés contre ce qui leur apparaît être seulement un gouvernement séparatiste, c’est le ton utilisé ici, sous le texte de M. Marineau et les commentaires qui s’y sont ajoutés, c’est le ton qu’utiliseraient des médias sains et libres.
    Le ton est aussi important que les mots. Je fais miens les mots de M Marineau. Je fais mien surtout le ton de Pierre Cloutier. Le franc parlé et la véhémence politique ne tuent personne dans une société de droit. Au contraire, ils aident très souvent à mettre fin aux incessantes rondes de « rond rond petit patapon » d’une presse servile qui infantilise, des médias qui, sous le prétexte de renseigner, orientent le débat toujours-toujours à l’opposé de la souveraineté populaire.
    Pour tous les diplodocus et celui décrit par Richard Le Hir, le peuple québécois est un peuple suspect, qu’il faut garder en laisse.
    Vigile ne peut pas tout faire. Mais du moins Vigile fait ce qu’il doit faire.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2014

    Monsieur Ougho, vous devriez savoir que malheureusement beaucoup d'universitaires sont incapables de s'exprimer et encore moins d'écrire dans un français convenable. Fruit d'un programme scolaire maintes fois remanié ou de paresse intellectuelle. C'est selon...

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2014

    Aujourd’hui, le peuple Québécois se fait harakiri avec le vieillissement de la population.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    8 février 2014

    @ l'équipe éditoriale,
    "Au nom de l'inclusivité", ne pourrait-on, avant de publier un texte, si génial fût-il, demander à l'auteur, de le présenter à un correcteur fiable? Le jargon de Yvan risque de lui réserver le sort de la filière ronde avant qu'il n'ait rendu son sens, toutefois indispensable.
    Ceux que ça n'agace pas n'ont qu'à comparer avec la fluidité de lecture de M. Cloutier, dans une rhétorique crue qui coule pourtant jusqu'à la fin.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2014

    Le gouvernement doit-il concéder un espace public dans ses intentions ? Ou doit-il maintenir sa position en interdisant le port des signes religieux à tous les employés de l’État ?
    Acceptez le cas par cas sur les signes religieux c'est de créé une jurisprudence sur les droits
    L'accomodement pour les signes religieux accorder a un et refuser a l'autre se ramasseras devant les tribunaux pour discrimination
    Comment un juge peut arriver a la conclusion qu'un accomodement accorder a un doit être refuser a un autre qui demande la mêeme chose au nom de sa religion ?
    En ce qui concerne la cérémonie du serment au voile islamiste prêter par des fillettes dans une mosqué de Montreal c'est la cage a homard par excellence qui préfigure ce que seras la vie voilé des fillettes au nom de l'islam qui devront vivre voiler toute leur vie
    Quand elle voudront se dévoilé ,leur parents leur rapelleront leur serment au voile et elle se sentiront coupable de ne pas le respecter et elle subiront les pressions.
    Pas évident pour une enfant de cet age de s'affirmer en rejetant ce qu'on exige d'elle

    Rendu a l'age adulte sa porte de sortie seras de dire qu'elle le porte par choix et elle se diras que c'est impossible d'enlever son voile religieux auquel elle as prêter serment et ne comptez pas sur les islamistes pour la délivré de son serment au voile islamiste
    Ils vont plutot lui enfoncer le clou
    C'est du lavage de cerveau au nom de la religion fait sur de jeunes enfants
    Elsy Fneiche qui se présente comme psycho éducatrice as participer au débat de deux heures sur la charte a RDI et elle as affirmer que c'était un choix volontaire de leur part et que ces fillettes n'étaient pas forcé avec un iman qui tiens un fouet a la main de le faire
    Comment une fillette de 8 ou 9 ans ans soumise aux pressions de son entourage familial, de sa communauté et de la religion peut elle être libre et volontaire de se faire voiler pour le reste de ses jours par serment au nom de l'islam
    Avec ce serment au voile islamiste fait par des jeunes fillettes qui deviendront des femmes ,les islamistes savent qu'ils forment les futures générations de femmes qui deviendront prisonnieres de cette idéologie politico religieuse et ils les utiliseront ensuite comme des boucliers de l'islam pour forcer la porte de la laicité de l'état en criant a la discrimination religieuse
    En plus F David de QS marche la dedans en prétendant vouloir prendre la défence des femmes voilés qui se feront refuser un emploi dans la fonction publique
    Mais F David sais tres bien que si ces fillettes n'étaient pas former et endoctriner dès leur jeune age a prêter serment au voile islamiste qu'elle n'auraient pas a vivre un dilemme face au voile islamiste et F David devrait plutot dénoncer l'endoctrinement religieux a la source dont ces fillettes qui deviendront des femmes sont victimes dès leur plus jeune age
    A quel jeu F David joue t-elle en se disant contra le voile islamiste mais qu'elle tiens a défendre pour qu'il soit autoriser dans la fonction publique au nom de l'inclusivité

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2014

    Autrement dit, en langage simple, croyez en ce que vous voulez, mais faites-le discrètement et humblement, dans l'espace privé, chez vous et dans des lieux de culte réservés à cette fin, mais pour le reste pouvez-nous nous chrisser patience avec vos croyances, vos symboles, vos costumes, vos signes. Vous croyez en Dieu. Parfait. Mais on veut pas le savoir et on préfère ne pas le voir.
    C'est quoi cette pathologie infantile de vouloir afficher absolument sa croyance dans l'espace public et à fortiori dans l'espace civique.
    Vous nous avez empoisonné l'existence depuis notre naissance avec votre Dieu. Peut-on avoir la paix 5 minutes? Pouvez-vous nous lâcher la grappe avec votre religion?
    Moi, je suis athée et je n'ai jamais écoeuré personne avec cela et je ne me suis jamais affiché publiquement. Pourriez-vous faire la même chose? Est-ce trop demander ou vous allez continuer à nous écoeurer avec votre Dieu jusqu'à la fin de votre vie?
    Me semble que si j'étais croyant, je ferais affaire directement avec Dieu et pour le reste, je me la fermerais. Me semble que si Dieu est si puissant que cela, il n'a pas besoin de petits têteux pour faire sa propagande.
    Qu'en pensez-vous?
    Pierre Cloutier