La langue de chez nous

"63 pays du monde qui parlent anglais" - nommez-les...



Il n'y a pas qu'au Québec que l'apprentissage de l'anglais est encouragé par le gouvernement. En Chine, il y a plus de 30 000 écoles d'anglais, selon le China Daily. Les autorités misent énormément sur cet apprentissage, qui pourrait s'avérer très payant pour l'économie du pays. Disney a même ouvert en Chine des centres pour les enfants âgés entre 2 et 12 ans.


Hélène Baril La Presse (Montréal) Depuis que le gouvernement Charest s'est engagé à intensifier l'apprentissage de l'anglais au primaire, le débat sur la langue a repris de plus belle au Québec. Si les Québécois ont de bonnes raisons de s'intéresser à la question linguistique, les Chinois en ont aussi, mais d'un genre différent.
Pour nourrir ses ambitions économiques, la Chine a besoin de main-d'oeuvre qui maîtrise la langue de la mondialisation. Son gouvernement encourage donc l'apprentissage de l'anglais, qui est devenu une business très florissante.
Selon le China Daily, il y a plus de 30 000 écoles d'anglais en Chine. Ça va de la petite échoppe fondée par un touriste de passage jusqu'aux grandes entreprises comme New Oriental, qui compte 10 800 professeurs dans 43 villes chinoises.
New Oriental est une entreprise à capital ouvert dont les actions sont inscrites à la Bourse de New York depuis 2006. Ses plus récents résultats donnent une idée de l'effervescence du secteur. L'entreprise affiche des revenus en hausse de 56% et ses profits ont bondi de 66% au 2e trimestre de 2011. Depuis son inscription en Bourse, la valeur des actions de l'entreprise a quadruplé.
New Oriental a 405 800 étudiants inscrits à ses cours, un nombre en augmentation de 32% depuis un an.
Même Disney s'y est mis, histoire sans doute de développer un marché pour les parcs de divertissement qu'elle projette de multiplier en Chine. Première entreprise occidentale à entrer dans le marché des cours d'anglais en Chine, Disney a ouvert 17 centres d'apprentissage pour les enfants âgés entre 2 et 12 ans à Shanghai et à Beijing, avec l'intention d'en augmenter encore le nombre au cours de l'année en cours.
Un cours privé d'anglais coûte environ 12 000 yuans par année, soit 2000 dollars. Au total, les Chinois dépensent donc plus de 4 milliards de dollars annuellement pour apprendre l'anglais. Un marché fabuleux.
Un sondage réalisé auprès de 3000 jeunes Chinois indique que les motivations pour apprendre l'anglais diffèrent selon le sexe, les hommes disant suivre des cours pour augmenter leurs salaires et les femmes pour être dans le coup.
Les motivations du gouvernement chinois, elles, sont évidentes.
Avec les acquisitions qu'elles multiplient partout dans le monde, les entreprises chinoises ont de plus en plus besoin de dirigeants qui maîtrisent des langues étrangères, et surtout l'anglais. En outre, une main-d'oeuvre bilingue est un atout important pour attirer des entreprises étrangères en Chine. La moitié des 500 plus grosses entreprises américaines sont déjà présentes en terre chinoise et ne demandent pas mieux que de prendre de l'expansion.
Malgré tout l'argent et tous les efforts consentis pour apprendre l'anglais, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes du gouvernement chinois. Le problème, semble-t-il, c'est que les Chinois n'ont pas assez d'occasions de pratiquer la langue une fois qu'ils ont réussi leurs examens.
Différentes mesures ont été mises en oeuvre pour améliorer l'apprentissage, dont l'accès à des professeurs d'anglais 24 heures sur 24 par l'internet, et des compétitions nationales qui attirent des millions de participants. Il a aussi été décidé que les petits Chinois apprendront l'anglais dès la maternelle.
Ce n'est pas tout. Le gouvernement chinois oblige tous les employés de l'État qui ont moins de 40 ans à maîtriser au moins 1000 phrases en anglais.
Les résultats de ces efforts pourraient être surprenants. Il y a actuellement 300 millions de Chinois qui apprennent l'anglais, soit le quart de la population totale du pays.
Au rythme de croissance actuel de l'apprentissage de l'anglais, il y aura bientôt plus d'anglophones en Chine que dans tous les 63 pays du monde qui parlent anglais.


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