La justice espagnole tente une nouvelle fois de freiner les séparatistes catalans

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La surenchère de Madrid

La Cour constitutionnelle espagnole a tenté une nouvelle fois jeudi de freiner les desseins des dirigeants séparatistes de la Catalogne, suspendant une séance du Parlement régional prévue lundi au cours de laquelle ils envisageaient de déclarer l’indépendance.



L’impasse est totale entre le gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy et les autorités catalanes indépendantistes, à l’origine du référendum d’indépendance de dimanche qu’elles assurent avoir remporté.



Aucun rapprochement même timide n’a été rapporté jeudi, alors que l’Espagne vit sa pire crise depuis le retour de la démocratie.



Et en l’absence de dialogue, la Cour constitutionnelle a une nouvelle fois fait savoir aux séparatistes qu’ils n’étaient pas dans le droit chemin.



À la demande du groupe parlementaire socialiste catalan, elle a « suspendu la séance plénière du Parlement [catalan] lundi » qui devait être consacrée à examiner les résultats du vote sur l’indépendance et éventuellement déclarer l’indépendance de la Catalogne de manière unilatérale, selon une source au sein du gouvernement régional.



La Cour prévient en outre la présidente indépendantiste du parlement Carme Forcadell et les membres du bureau des présidents de cette assemblée des risques pénaux encourus s’ils ignorent cette suspension.



Mais l’exécutif catalan et la majorité séparatiste du Parlement (72 élus sur 135) ont toujours ignoré ses décisions depuis qu’elle a déclaré que le référendum était contraire à la Constitution, ce qu’ils pourraient encore faire lundi.



Anxiété des milieux économiques



Pendant ce temps, les milieux économiques se montraient de plus en plus anxieux concernant les conséquences de la crise catalane, la pire depuis que le retour de la démocratie en Espagne en 1977.



La banque catalane Banco de Sabadell a tenu jeudi après-midi un conseil d’administration où elle a décidé de déménager son siège social hors de Catalogne.



Cette décision était aussi envisagée par la catalane CaixaBank, qui est aussi la troisième banque espagnole, selon le quotidien El Mundo.



Les deux banques craignent d’être exclues de la zone euro, si elles restent dans une Catalogne indépendante.



« Toute l’Espagne commence à souffrir de l’“effet Puigdemont”, c’est un effet destructeur sur l’économie », s’est alarmé jeudi Esteban Gonzalez Pons, vice-président espagnol du groupe du Parti populaire (conservateur) au Parlement européen.



Tout en condamnant la violence lors du référendum de dimanche, le Cercle d’Economia, un important lobby patronal de la région, a estimé qu’« une telle déclaration plongerait le pays dans une situation extrêmement complexe, aux conséquences inconnues, mais dans tous les cas très graves ».



« Respect de la loi »



Selon le gouvernement séparatiste, qui n’a pas encore publié des résultats définitifs du scrutin, le « oui » à l’indépendance l’a emporté avec près de 90 % des suffrages et un taux de participation autour de 42 %.



Le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a adressé mercredi soir un message au roi Felipe VI, qui avait accusé les autorités catalanes de manifester une « déloyauté inadmissible ».



Dans une allocution télévisée, M. Puigdemont a estimé que le souverain avait « délibérément ignoré des millions de Catalans » scandalisés par les violences policières ayant émaillé le référendum interdit, qui a été suivi de manifestations massives et d’une grève générale mardi.



Et soufflant le chaud et le froid, il a insisté sur son souhait d’une médiation pour résoudre la crise, mais il a aussi souligné que ses partisans étaient plus près « de leur désir historique » : l’indépendance.



La réponse de Madrid a été une fin de non-recevoir.



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