La guerre des clans*

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{{Survol des aspirants probables à la succession de Pauline Marois}}

Reprise de ma chronique parue ce vendredi dans les pages du Journal de Montréal et du Journal de Québec.
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LA GUERRE DES CLANS
Les prétendants à la couronne amochée de Pauline Marois s’activent déjà au Parti québécois. Le post mortem d’une défaite catastrophique se jouera sur fond d’une inévitable lutte de clans qui s’en disputeront les rênes et les restes.

Le premier trio d’aspirants potentiels est connu. Bernard Drainville, le populiste. Jean-François Lisée, le caméléon narcissique. Pierre Karl Péladeau, le dauphin énigmatique.
Pour le vendeur de la charte des valeurs, elle sera dorénavant son boulet. L’acharnement populiste de Bernard Drainville en a hérissé plusieurs. À l’origine de la charte, le virage identitaire de Mme Marois pris dès 2007 aura coûté cher au PQ, son option et son rapport avec les communautés culturelles.
L’omniprésence et les épîtres de Jean-François Lisée ne lui ont pas fait d’amis. Son plus lourd handicap reste toutefois ses nombreux virages sur les enjeux de fond. De son passage comme conseiller chez messieurs Parizeau et Bouchard à son poste de ministre, il aura dit tout et son contraire. Autant sur la question linguistique que sur la charte des valeurs, l’indépendance et le référendum.
À l’heure où le PQ aurait besoin plus que jamais de clarté et de constance, un caméléon politique en serait la plus parfaite antithèse.
Pierre Karl Péladeau, dauphin de la chef sortante et fraîchement élu, demeure une énigme. Patron implacable pour les uns, sauveur de l’indépendance pour les autres, où logera-t-il?
Reprendra-t-il le flou péquiste des derniers vingt ans sur son option? Ou sera-t-il prêt à prendre le bâton du pèlerin pour de longues années à venir avec un discours et des engagements clairs?
Règlements de compte

Entre autres candidats possibles, les ex-ministres Véronique Hivon et Sylvain Gaudreault – deux étoiles montantes et respectées de la relève péquiste.
En coulisse, un autre clan se profilerait discrètement. Se mêlant du choix crucial pour un chef intérimaire, le clan Marois tenterait de garder le contrôle sur la suite des choses. Une bien mauvaise idée quand on a contribué à la pire défaite de son parti en quarante ans.
La débandade étant réelle, le post mortem commence. En plein déni de leur propre responsabilité, quelques candidats blâment les médias. D’autres, la campagne de leur chef et de sa garde rapprochée. Les plus clairvoyants critiquent l’intransigeance de la chef sur la charte, l’ambiguïté de longue date du PQ sur son option et sa chute libre auprès des jeunes.
Bref, la belle «unité» dont Mme Marois se vantait n’était qu’une façade.
Or, parler après une débâcle est une chose. Sur les enjeux fondamentaux de l’indépendance et de la charte, plus utile eût été de le faire bien avant.
Ces règlements de compte ont toutefois leur utilité. Ils annoncent que la vraie lutte se fera surtout entre deux clans foncièrement opposés. Non pas les «pressés» contre les «patients» ou la «gauche» contre la «droite».
Le combat, déterminant, se fera entre ce qu’il reste de l’aile indépendantiste à la Parizeau et celle, nationaliste, des péquistes «identitaires» pour qui protéger le «Nous» originel passe avant tout. Même avant la construction d’un pays ouvert à tous.


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