La France, la fille aînée qui a déserté l’Eglise

4ff7971bed69ebee56c37cd7e2c85a65

L'effondrement catholique en France comme au Québec


 

 



Malheureux comme un catholique en France? Assurément, les catholiques se plaignent beaucoup moins que d’autres communautés religieuses. Tant mieux, ils auraient tout à perdre à rentrer dans la concurrence victimaire… Reste qu’ils auraient bien des raisons de « la ramener ». Mais pas au point de demander à Mélenchon de scander « Stop à la cathophobie ».




Le 30 octobre dernier, il faisait doux dans l’église Nossa Senhora Mãe de Divina Providencia, à Rio de Janeiro. Vers six heures du soir, la messe remplit l’église aux trois-quarts. Certes, l’église était plutôt minable, mais la chaleureuse ferveur qui y régnait lui donnait la force de réveiller la foi de n’importe quel badaud de culture un peu chrétienne. Deux jours plus tard, le vendredi 1er novembre, l’opulente église São José, à quelques encablures du Parlement brésilien, était bondée dès neuf heures du matin. Impossible de s’y asseoir. Lors du geste de la paix, le visiteur étranger recevait de chaleureuses poignées de main de la part d’inconnus enjoués par une foi solide dans la force de la chrétienté.


« Aimez-vous les uns les autres »


Début novembre, France Info annonçait avec une neutralité glaçante, en toute fin de journal, qu’une église de la Manche venait d’être mise à sac. À la mi novembre, un mercredi vers cinq heures de l’après-midi, la basilique Sainte-Clotilde, à deux pas de l’Assemblée Nationale, était déserte. Un homme noir d’une quarantaine d’année toisa un visiteur plus jeune que lui avec des yeux inquiets, un homme de la cinquantaine le jaugea avec méfiance. Ils ne se saluèrent pas. Une crainte certaine était assurément présente, l’ambiance était quand même loin du message du Christ, « aimez-vous les uns les autres ». 



A lire aussi: 7% des musulmans ont été agressés en raison de leur religion et 34% des juifs



Il y a peu, l’église Saint-Jean de Tarbes a été vandalisée et des Bibles dégradées. Déjà en février, le journal Le Figaro faisait état de 877 églises vandalisées pour 2018. Vous avez peur? Rassurez-vous, le service Check News du quotidien Libération s’est enquis de nous rassurer: cet effroyable nombre émanait d’un « tweet de Paul Joseph Watson, un influent youtubeur et animateur d’extrême droite ». Vous voyez bien qu’il n’y a pas de raison de s’en faire, puisque c’est l’extrême droite qui s’inquiète.


628 églises dégradées en 2018


Pour l’année 2018, le nombre réel d’églises mises à sac serait en fait de 628, selon Les Décodeurs du journal Le Monde. C’est un peu moins que le décompte du Figaro. Je sais ce que vous vous demandez: 40. C’est le nombre de mosquées qui auraient connu un sort similaire. Les plus doués en mathématiques auront déjà calculé une division de l’ordre de quinze. Pour ma part, je ne me joins pas à de tels calculs, car comme chacun sait, amalgame rime avec infâme. 



Relire: Causeur #67: Explosion des actes antichrétiens: ces victimes dont on ne parle pas



Enfin… Songez aux croisades sanglantes pour récupérer le Saint-Sépulcre. Songez au Pape Jean Paul II résolument contre le droit à l’IVG. Songez au Cardinal Barbarin. Songez à tout le mal que des curés en mal d’amour ont fait subir à des petits garçons. Songez à ces dangereux petits vieux qui ont manifesté contre le Mariage pour tous. Vous conviendrez donc que 628 églises passées à tabac, c’est bien mérité. 


L’Église adore tendre la joue gauche


Assez de sarcasmes: la pédophilie au sein de l’Église catholique reste un scandale injustifiable. Mais comment dire… cette pratique dégueulasse, si on en a autant parlé, c’est parce qu’il y a des lois qui la condamnent. C’est le cas en France comme dans nombre de pays occidentaux. Ce n’est pas le cas dans de “grandes démocraties” aux lois façonnées par les vers du Saint Coran, où les mariages avec de jeunes fillettes à la peau douce et au cœur pur sont halal. 


 

Trève d’islamophobie! Il n’y a pas que chez les adeptes du prophète Mahomet et sa tendre Aïcha, ou chez ceux du bon Jésus que ça peut déraper: selon l’OMS, en Inde, pays qui compte moins de 2% de catholiques, 40 % des enfants seraient victimes d’abus sexuels, rappelait l’essayiste André Perrin en mars dernier. Malgré cette réalité, les catholiques paient les frustrations de certains curés et ils prennent cher. Traditionnellement, un vieil adage catholique veut que l’on tende la joue gauche lorsque l’on se fait taper dessus. C’est fort honorable, certes, mais 628 églises vandalisées, ce n’est plus seulement tendre la joue gauche. À ce stade, l’impassibilité relèverait plus du masochisme que de la sagesse de Saint Augustin. 



A lire aussi: « Stop à l’islamophobie »: mon immense lassitude



Manifestons avec Mélenchon contre la cathophobie


Loin de moi l’envie de rendre les coups. En revanche, à l’heure des gilets jaunes, de la lutte contre le réchauffement climatique, de la lutte contre les féminicides, et surtout, de la lutte contre l’islamophobie, pourquoi pas une grande manifestation contre la cathophobie? Jean-Luc Mélenchon, Caroline de Haas et Clémentine Autain pourraient troquer la compagnie d’activistes en djellabas et de demoiselles bouches maquillées et cheveux voilés pour celle, non moins glamour, de religieuses à missels et de curés en soutane dans la capitale. Nos camarades si prompts à défendre les opprimés pourraient scander tous ensemble, dans cet élan qui les pousse toujours plus près des ayants foi, « halte à la cathophobie »! Et pendant qu’on y est, pourquoi pas un comité contre la cathohobie en France, où de braves croyants pas du tout partisans, baignant jour et nuit dans les flots d’internet traqueraient la moindre blague sur les curés? Il y aurait de nombreux et fastes procès à entamer. 


Le purgatoire a suffisamment duré


Ce serait ridicule. Il n’empêche que d’ici vingt ou trente ans, les catholiques devront peut-être faire comme les juifs pour vivre leur foi: émigrer. Si le Brésil n’est peut-être pas la terre d’avenir espérée par Stefan Zweig en son temps, il est assurément l’une des terres saintes du catholicisme. Quant à la France, elle est maintenant la fille aînée qui a déserté l’Église. Chateaubriand n’étant plus là pour nous expliquer à quel point le christianisme est une puissance formidable, souhaitons qu’un homme ou une femme, catholique pure souche ou d’adoption, tel Clovis, émerge pour redonner aux catholiques un brin de fierté!