PCQ

La dérive d’Éric Duhaime

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Un mauvais calcul électoraliste


Je ne suis pas de ceux qui diabolisent Éric Duhaime.


C’est un homme intelligent, cultivé, et bien plus subtil que ne le laisse paraître son personnage public.


C’est aussi un politicien doué, qui sent les inquiétudes d’une partie significative de la population, et qui veut leur donner une expression électorale.


Éric Duhaime avance toutefois sous un faux étendard. Il dirige le Parti conservateur du Québec. Mais il n’y a pas grand-chose de conservateur chez Éric Duhaime.


Conservateur ?


Nous sommes plutôt devant un populiste libertarien.


Je dis ces deux mots sans mépris, encore une fois. Dans une société où les élites piétinent la souveraineté populaire, le populisme (que l’on distinguera de la démagogie) peut être un réflexe de survie. Quant à la philosophie libertarienne, elle peut jeter un éclairage original sur certaines dérives de nos sociétés (dois-je préciser que je ne m’en réclame pas ?).


Le conservatisme repose sur autre chose.


Il valorise la continuité historique d’un peuple, son enracinement identitaire, des institutions fortes et une véritable politique de transmission culturelle. Il valorise aussi son indépendance. Autrement dit, un conservateur qui n’est pas aussi patriote n’est pas un vrai conservateur.


Et comme de fait, la dérive d’Éric Duhaime s’est jouée dans son rapport à la question nationale – comme c’est toujours le cas au Québec.


Éric Duhaime aurait pu assumer un positionnement nationaliste – son histoire politique personnelle l’y conduisait.


Il s’est renié.








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Il a décidé d’embrasser l’antinationalisme le plus strident, ce qui le pousse en ce moment à draguer les composantes les plus extrêmes de la communauté anglophone, en promettant notamment d’en finir avec la loi 96.


Est-ce simplement par opportunisme ?


On le sait, le PCQ s’est réanimé politiquement autour de la critique des mesures sanitaires excessives dans le cadre de la pandémie. Il y a trouvé l’occasion de devenir un parti protestataire, capable de canaliser plusieurs colères.


Mais une fois la crise passée, le PCQ devait se demander quel espace politique occuper.


Quel électorat viser après avoir récupéré les révoltés de la pandémie et les déçus de l’aile droite de la CAQ ?


Duhaime a donc décidé de viser l’électorat anglophone.


À l’échelle de l’histoire, il y a un précédent.


En 1976, l’Union nationale agonisante, alors dirigée par Rodrigue Biron, avait fait une drague intensive à la communauté anglophone, dont une partie voulait punir le Parti libéral, coupable, selon elle, d’avoir trahi ses intérêts en imposant la loi 22 – l’ancêtre de la loi 101.


L’Union nationale, qui fut longtemps un parti nationaliste, se dévoyait ainsi en devenant le véhicule politique des anglos colériques.


Anglos


En 1981, l’UN s’effondrait une fois pour toutes. Les anglos étaient de retour au PLQ. L’UN ne fera plus jamais élire de députés.


Revenons à Duhaime. Il fait un pari à court terme. Car en renonçant au nationalisme, il renonce à s’enraciner durablement dans la vie politique.


En reniant ses convictions nationalistes, il creuse à moyen terme sa propre tombe.











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