L'animatrice bien connue Monique Giroux, réputée pour sa passion pour la chanson francophone, tire la sonnette d'alarme dans un récent article intitulé Sur la route des chansons (Voir-Québec, juin 2016).
Elle fait le triste constat que chez la majorité des artistes québécois il n'y a plus suffisamment de public à Montréal pour justifier plus d'un spectacle à de longs intervalles. Et ce sont tous des artistes populaires qui remplissent leurs salles ailleurs dans le reste du Québec, là où ils sont appréciés à leur juste valeur par la population de chez nous.
Il arrive même que certains artistes donnent plus de représentations d'un spectacle dans une ville de région qu'à Montréal même.
Le cri du coeur de Mme Giroux vient s'ajouter à un commentaire semblable exprimé par l'humoriste reconnu Daniel Lemire à propos du même problème auquel font face les humoristes.
On peut extrapoler avec les autres formes de divertissement et d'art qui reflètent cette même réalité préoccupante.
Qu'est-ce qui cloche? Il y a anglais, euh, anguille sous roche.
En effet, pourquoi une telle situation propre à la métropole, qui a pourtant déjà été le centre névralgique naturel de notre culture commune à tous? La réponse risque fort de faire sourciller nos susceptibles multiculturalistes, grandement responsables de cette lamentable détérioration.
Trop d'étrangers qui restent étrangers en masse à notre culture, qui ne font pas l'effort minimum pour y adhérer, qui préfèrent se barricader dans leur culture d'origine, contrairement au devoir élémentaire d'intégration qui leur incombe. Ils viennent d'ailleurs et vivent ailleurs. Voilà la cause.
C'est ce qui se produit lorsqu'une ville s'appauvrit de la présence d'autres cultures qui empiètent sur la sienne, contrairement aux idées reçues de la bien-pensance étatisée à l'opinion unique imposée et qui s'entête à pratiquer la politique de l'autruche devant la détérioration de la situation.
Lorsque trop de cultures divergentes s'entassent de façon étanche, cacophonique et non perméable, la culture majoritaire se voit alors négligée et mal entretenue, comme certaines façades et parterres de maison. Les autres l’asphyxient à petit feu.
À la présence grandissante d'étrangers indifférents s'ajoute la présence également grandissante d'anglophones auxquels les premiers s'allient et qui vont systématiquement privilégier une même offre culturelle de contenu autre que québécois, basée sur l'anglais. On n'en dénombre pas beaucoup de ces deux catégories dans les salles combles de Fred Pellerin ou de Jean Leloup...
Comme troisième ingrédient tout aussi vinaigré, ajoutez à cela une certaines frange de Montréalais de la jeune génération en nette voie d'assimilation, qui passent à l'anglais au moindre prétexte, qui truffent leurs phrases de mots ou d'expressions anglaises, avalés qu'ils sont par le nouveau monde virtuel où l'anglais prédomine, et qu'ils font désormais passer bien avant le leur, inconscients même de ce qui leur arrive. Ce qu'ils voudraient faire passer pour un choix personnel pour s'en défendre est plutôt une dévoration par l'ogre branché face à qui ils n'offrent aucune résistance.
C'est la combinaison de ces trois facteurs détériorants qui met en péril le rayonnement de la culture québécoise dans la région de Montréal. Imaginez les dégâts si ce modèle délétère venait qu'à se répandre et se propager avec le temps dans le reste du Québec.
Pour qu'une culture nationale comme la culture québécoise soit forte, se développe et exerce son effet rassembleur bénéfique, son effet de fierté d'appartenance, il faut absolument qu'elle soit l'unique culture de convergence de toute la population, qu'elle soit valorisée et consommée par la majorité qui s'y retrouve et s'y reflète en y puisant ses repères.
Ceux qui s'en montrent incapables et qui s'en détournent par indifférence lui nuisent par leur abstention; ils se montrent coupables de contribuer à son déclin, voire à sa lente agonie à plus ou moins brève échéance.
L'adhésion parfaite et sans détour à l'environnement culturel québécois est le premier geste concret que doit poser tout nouvel arrivant dans sa démarche visant à se joindre à nous. C'est le signe de sa volonté honnête de s'ajuster à sa nouvelle réalité et de s'arrimer au nouveau monde qu'il se doit de faire sien, abandonnant de plein gré le sien derrière lui, autrement pourquoi l'avoir quitté?
Cet engagement primordial à la culture d'accueil ne saurait en aucun cas être considéré comme facultatif, c'est une obligation morale incontournable, un signe de bonne volonté, ainsi qu'une marque de respect élémentaire.
Cet engagement devrait faire partie des critères de base de sélection de tous les nouveaux arrivants. Ainsi, les cultures les plus compatibles avec la nôtre (la culture occidentale sous ses nombreuses ramifications) seront privilégiées et viendront renforcer la nôtre au lieu de l'amenuiser et de la déchiqueter par une trop grande absence de points communs.
Des examens d'intégration sont envisagés dans de nombreux pays européens, là où les problèmes dus au refus d'intégration s'accentuent, au grand désagrément des populations natives.
La culture québécoise est d'une richesse, d'une qualité et d'une variété comparables à toutes les autres. La refuser est un affront fait à la population établie ici depuis un demi-millénaire qui l'a développée et affinée, puisqu'il s'agit là d'un des piliers de son identité collective.
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
18 septembre 2017Tout à fait d'accord! Imaginez-vous pour un instant, les anglophones du Québec assimilés à un taux aussi inquiétant que les francophones dans le reste du "Cânâdâ". Ou, si vous préférez, imaginez-vous si la moitié des immigrants de l'Ontario choisissait la langue de Môière! Ça serait la crise et des mesures draconniennes seraient sûrement prises!
Marcel Haché Répondre
28 août 2016Hélas, vous avez tout à fait raison Réjean Labrie.
Mais à qui la faute si les adeptes de la procrastination référendaire n’ont aucune idée de ce qui se passe réellement à Montréal ?
Archives de Vigile Répondre
26 août 2016Pour ceux qui ont des oreilles pour entendre:
Les souverainistes doivent aller chercher un solide appui chez nos voisins du nord: les russes.
La chute du système financier américain et mondial ouvrira la voie à une résistance digne de ce nom. Les souverainistes intelligents et ouverts comprendront ce qui doit être fait pour capitaliser sur l'opportunité qui se profile sur l'échiquier de la démondialisation.
L'immigration massive ainsi que le recours à la dette "massue" pour une assimilation-annihilation des francophones et des "pro indépendance" perdra de son intensité au cours de la crise économique des prochaines années. Ce sera le temps de "faire le ménage" de facon certes pacifique, mais ferme et résolue en même temps.
Archives de Vigile Répondre
24 août 2016-
Réflexion tout à fait pertinente, M. Labrie.
Hélas.
Archives de Vigile Répondre
23 août 2016Vous oubliez que les nouveaux arrivants arrivent au CANADA, pays anglophone et encore en Amérique du Nord. Les francophones Québécois ne forment que moins de 3% de cette population. Si j'étais immigrants, je mettrais toutes les chances de mon côté en m'intégrant à la majorité. Ils arrivent au Québec, province du Canada, pays anglophone.
J'écoute régulièrement la radio de Radio-Canada. Nous y entendons souvent des chansons en anglais. Je n'ai rien contre mais la radio anglophone ( CBC ) de Radio-Canada fait-elle jouer des chansons en français? Pas que je sache. Le bilinguisme au Canada est toujours à sens unique.
Notre gouvernement dit "national" à Québec donne les services en anglais à qui le demande. "Press 2 for service in english"..
La langue française pour l'immigrant???? Complètement inutile au Québec province.
Claude G. Charron Répondre
23 août 2016Collectivement, nous nous nuisons en acceptant qu'il y ait un régime d'écoles privées au Québec. Dans les quartiers très multiethniques, bien des parents préfèrent inscrire leurs enfants dans une école privée plutôt que de voir que chacun de leurs enfants se sente comme étant dans un autre pays dans sa classe.
J'ai déjà eu à vivre l'expérience quand, il y a de cela vingt ans, j'habitais Côte-des-Neiges. Mon fils ayant subi un grave accident, était entré à l'automne après les autres en quatrième année du primaire de l'École Saint-Luc. À part lui, il n'y avait qu'un CF dans sa classe. Or, ce dernier lui rendit la vie difficile parce qu'il ne voulait pas perdre l'ascendance qu'il avait réussi à avoir sur les autres élèves. J'ai dû retirer mon fils parce u'il ne pouvait pas s'adapter à une aussi difficile situation.
À l'école Saint-Luc, je ne serais pas surpris qu'à part l'enseignante dans certaines classes, il n'y ait maintenant aucun élève pure laine. Comment voulez-vous faire connaitre notre culture dans un tel contexte?? Dire qu'en Ontario, on ne subventionne pas les écoles privées à un si haut degré que nous au Québec! Il n'y a pourtant pas de problème d'intégration à ce que je sache dans cette province !!!!
Et ne parlons pas de l'obligation qui devrait être faite aux jeunes Néo-Québécois de continuer leurs études dans un cégep où l'enseignement se fait en français. Le PQ ne peut même pas mettre un tel item dans son programme parce qu'on ne sait que trop que les Québécois se refusent de perdre ce privilège pour eux-mêmes.
Nous sommes en train de nous suicider collectivement.