Étonnant, le débordement de « patriotisme » auquel a donné lieu l’atteinte des demi-finales par deux Canadiens à la Coupe Rogers. Qu’on s’excite à Toronto, à Vancouver ou à Ottawa me paraît dans l’ordre des choses. Mais qu’on se pâme tant au réseau français de R.-C. et à RDS me laisse bien songeur.
On a souligné à plusieurs reprises ces dernières années que les francophones du Québec s’identifient plus comme Québécois que comme Canadiens. Mais alors, quand deux Canadiens se distinguent dans un tournoi international, pourquoi deviennent-ils « nos deux Canadiens dont nous sommes si fiers »?
Il y a contradiction, il n’y a pas de doute. Est-ce le syndrome du « Québec indépendant dans un Canada fort » d’Yvon Deschamps? Autrement dit, la double allégeance dans un refus de choisir?
Il y a probablement là un reflet de notre ambivalence : la rupture est toujours difficile et il est si confortable de n’avoir pas à faire de choix. Mais – et le cas de la Coupe Rogers (et du Canadien de Montréal, et des Jeux Olympiques, etc.) l’illustre bien – les médias fédéralistes contribuent puissamment à entretenir la confusion.
Il n’est pas indifférent que Radio-Canada soit un réseau fédéral et que RDS ait une licence du CRTC. Directive formelle ou pas, on sait à qui on appartient. Ajoutons que le monde des commentateurs sportifs, bien étoffé en tennis par des entraîneurs « nationaux » comme Sylvain Bruneau et Martin Laurendeau, a une docilité naturelle envers le pouvoir et l’argent, et nous avons l’explication de cette fierté factice.
En deux mots, propagande et servilité. Et c’est ainsi que le Québec n’existe plus, que le Canada prend toute la place. Nous ne sommes plus des Québécois mais des Canadiens célébrant la réussite de Canadiens.
Minute, il y a quand même des limites à se faire imposer une nationalité. Je regrette mais, pour ma part, Pospisil et Raonic sont deux bons joueurs de tennis mais ils me sont aussi étrangers que Nadal et que Djokovic. Quand des Québécois perceront sur la scène mondiale, là il y aura vraiment de quoi être fier.
À Montréal, Québec
La coupe Rogers et nos deux « Canadiens »
Ou comment se faire imposer une nationalité
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4 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
14 août 2013Jules-Paul Tardivel, premier « romancier » de la Nouvelle-France conquise, écrivait en 1895 :
Que l’on ne s’étonne pas de voir que mon héros, tout en se livrant aux luttes politiques, est non seulement un croyant mais aussi un pratiquant, un chrétien par le coeur autant que par l’intelligence. L’abbé Ferland nous dit, dans son histoire du Canada, que « dès les commencements de la colonie, on voit la religion occuper partout la première place ». Pour atteindre parmi les nations le rang que la Providence nous destine il nous faut revenir à l’esprit des ancêtres et remettre la religion partout à la première place; il faut que l’amour de la PATRIE canadienne-française soit étroitement uni à la FOI en Notre Seigneur Jésus-Christ et au zèle pour la défense de son Église. L’instrument dont Dieu se servira pour constituer définitivement la nation canadienne-française sera moins un grand orateur, un habile politique ou un fougueux agitateur, qu’un parfait chrétien qui travaille, qui s’immole et qui prie… (fin de citation)
Mais remarquons le lien essentiel, à cette époque : foi et patrie.
Nous nous sommes bien habitués à la perte de la foi… Si nos ancêtres avaient raison, question de lien essentiel entre les deux, nous devrons bien nous habituer à la perte aussi de la patrie…
Case closed
Aren’t we all americans? Together for making money Good luck to the fittest
Et ceci donnera raison à Al Maro…
Archives de Vigile Répondre
13 août 2013Mais pourquoi bon Dieu avez vous perdu votre temps à regarder ce qui vous fait si mal au coeur.
Un jeune de l 'Ontario et l'autre de Colombie Britanique sont des canadiens et voir des jeunes travailler si fort pour atteindre leur but ne méritent que notre admiration et non pas votre genre de dialogue qui non seulement
n`accompli rien mais laisse un mauvais gout dans la bouche.
Alain Maronani Répondre
12 août 2013Ne passez pas votre temps, vautré devant votre télévision, a vous lamenter sur ce que l'on vous demande d'ingurgiter...
Vous verrez, ca ira mieux...
Jettez votre télévision et tous les 'services' que l'on veut vous vendre, vous allez vous trouver plein de choses passionnantes a faire...apprendre a jouer au tennis par exemple...
Déserter ces systèmes de télévision, baisser les cotes d'écoute, donc les revenus publicitaires, est la meilleure facon de pouvoir espérer un changement quelconque...
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
12 août 2013Dans une Cage aux Sports de l'Est, avons eu la surprise, en dernière minute, d'entendre les écrans virer au français... plaisir de courte durée, à devoir endurer les "enseignements" de base du tennis pendant les jeux importants. Et la retenue d'usage jadis dans les gradins se "dégrade".
Mieux, parmi les rares spectateurs de la brasserie, l'un invectivait Nadal et ne tolérait pas qu'on l'appuie... contre les belles feuilles d'érable du Canada.
Autre complainte sportive, après les Olympiques, le Centre Bell et tout ce que le Québec devient, avec notre consentement.