La Caisse de dépôt table sur l’«intelligence augmentée»

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Demain, ce sera l'intelligence artificielle qui gérera les marchés financiers


À la Caisse, on ne parle d’ailleurs pas d’intelligence artificielle, mais bien d’intelligence augmentée. « Pour nous, l’intelligence artificielle est un outil, alors que l’intelligence augmentée est un partenariat avec l’humain », résume Alexandre Synnett, premier vice-président, Technologies numériques et Opérations à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).


Au cours des dernières années, l’organisation a développé six applications pour l’aider dans des cas où elle estimait que la technologie pourrait lui être bénéfique. Certaines ont été élaborées avec des fournisseurs externes, et d’autres ont été créées par les équipes internes, lorsqu’aucune solution satisfaisante était disponible sur le marché.


Un de ces outils guide par exemple les investisseurs lorsqu’ils s’intéressent à un secteur qu’ils connaissent moins bien. « Les équipes ont développé un système permettant d’écouter toutes les conférences téléphoniques des dernières années et de nous donner les grands thèmes qui en sont ressortis. Cela peut nous aider à rapidement identifier les questions à se poser, et quels sont les points à analyser pour une entreprise en particulier », illustre Hugues D’Escrivan, chef adjoint, Recherche globale, à la Caisse de dépôt et placement, lors d’une présentation tenue cette semaine au RDV FINTECH 2020 à Montréal.



Un autre outil analyse quant à lui du texte, tandis qu’un troisième évalue les dérives dans les états financiers. Les risques décelés par le logiciel peuvent parfois être expliqués par un changement de modèle d’affaires, mais ils peuvent aussi mettre un problème en relief, sur lequel la Caisse devra se pencher.


Pas des boîtes noires



 


Détail important, les logiciels développés ne sont pas des boîtes noires qui offrent des réponses sans que l’on comprenne le processus derrière. Selon l’outil, un employé peut d’ailleurs pondérer certains filtres ou certains mots afin qu’il s’adapte à son approche personnelle.


Les logiciels d’intelligence artificielle peuvent intervenir à plusieurs endroits dans un investissement, que ce soit pour aider à filtrer les entreprises qui seront considérées par la Caisse, ou pour effectuer un suivi après coup. « On est des investisseurs à long terme, alors il ne faut pas devenir complaisants. Une fois qu’une compagnie est dans notre portefeuille, des biais comportementaux peuvent s’introduire. Il ne faut pas trop l’aimer. Les outils d’intelligence peuvent nous aider à diminuer le biais de nos investisseurs », juge Mariane Bastien, directrice, Stratégie de portefeuille – Marchés boursiers à la Caisse de dépôt et placement.



Dans chacun de ces cas, l’objectif n’est pas forcément d’augmenter le rendement des placements de l’organisation, mais plutôt de permettre aux investisseurs de mieux faire leur travail et de prendre leurs décisions avec plus de confiance. « On peut maintenant faire autre chose avec le temps qu’on passait à étudier des données, de l’audio ou du texte », ajoute Alexandre Synnett.


Une stratégie à long terme


Après avoir développé une série d’outils distincts, la Caisse de dépôt est maintenant en train de réviser un processus d’investissement complet (dans les marchés boursiers), en analysant les endroits où l’intelligence augmentée pourrait améliorer ses façons de faire. « Ça ne veut pas dire qu’on va tout changer, mais on veut savoir quel est le potentiel de la technologie », précise le vice-président.



 


Son équipe est déjà avancée dans la démarche, et quelques preuves de concepts seront mises à l’essai au cours des prochaines semaines. Il faudra toutefois attendre quelques années avant que tous les outils potentiels puissent être développés.


En plus d’améliorer les processus de la Caisse, ce dernier compte éventuellement rendre l’intelligence artificielle disponible pour toutes les équipes. « On veut donner une plateforme à nos employés pour que tout le monde puisse faire de l’IA », explique-t-il, en précisant néanmoins qu’une telle plateforme ne signifie pas non plus que tous en feront. La Caisse est déjà avancée dans la numérisation de ses données, et ces outils pourraient permettre aux investisseurs d’y voir plus clair dans cette surdose d’information.


L’intelligence augmentée n’est qu’une partie de la stratégie numérique de la Caisse, qui souhaite aussi accroître au cours des prochaines années sa flexibilité pour faire face aux changements technologiques et améliorer l’expérience numérique de ses employés.


« L’objectif est de mettre l’innovation technologique au service de l’investissement », résume Alexandre Synnett. Et l’intelligence artificielle, ou intelligence augmentée, est l’un des éléments importants de cette transformation à venir. « L’intelligence augmentée est une stratégie sur le long terme. Si on ne commence pas aujourd’hui, on va être en retard demain », estime-t-il.





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