L’usure n’explique pas tout

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Le ras-le-bol envers le régime libéral se manifeste de plus en plus

D’ici le scrutin du 1er octobre, des sondages, il y en aura des tonnes. Depuis des mois, ils indiquent néanmoins la même tendance. Chez les francophones, les libéraux sont en chute libre, la CAQ mène le bal, le PQ stagne au 3e rang et Québec solidaire ferme la marche.


Il est vrai que les campagnes électorales font éclater des tendances qu’on croyait coulées dans le béton. Donc, prudence.


Une seule chose est sûre : en situation multipartite, seul un mouvement décisif de bascule vers un des partis d’opposition peut défaire un gouvernement sortant.


Traduction : pour sortir les libéraux, une part substantielle des électeurs devra choisir entre le Parti québécois et la Coalition avenir Québec.


Ce choix penche de plus en plus vers la CAQ de François Legault. Publié samedi, un sondage Léger/LCN/Le Devoir/Le Journal de Montréal le confirme à nouveau.


À 41 % d’appuis chez les francophones, la CAQ est aux portes du pouvoir. À 16 %, le PLQ est au bord de la sortie. Du moins, pour le moment. Comment expliquer un tel déclin des libéraux ?


Déclin


Plusieurs répondent : l’« usure ». Trôner presque 15 ans au pouvoir userait n’importe quel parti. Or, l’usure n’explique pas tout.


Élus en 2014 avec 42 % des voix, la réalité est que les libéraux perdent des plumes depuis. En 2017, le déclin s’amorce plus clairement. En 2018, il s’accélère. Pourquoi ?


Dès 2016, les électeurs commencent à subir les effets toxiques de l’austérité sur les services publics.


Idem pour la désorganisation chaotique de la santé sous les « réformes » du ministre Gaétan Barrette. La rémunération outrancière des médecins spécialistes accordée par les docteurs Couillard et Barrette choque aussi les citoyens.


Sur le front dit identitaire, les francophones assistent au spectacle désolant d’un Philippe Couillard qui, sans broncher, devient le premier chef de gouvernement du Québec à dépeindre ses adversaires comme des xénophobes.


Responsable


Bref, si le PLQ avait su gouverner pour le bien commun au lieu de le sacrifier autant qu’il l’a fait, même l’« usure » du temps ne l’aurait pas atteint. S’il plonge dans les sondages, il en est l’unique responsable.


Lorsque son nouveau directeur de campagne, le millionnaire Alexandre Taillefer, dit trouver un « progressiste » en Philippe Couillard, soit qu’il est un fieffé Pinocchio, soit qu’il devrait courir s’acheter un bon dictionnaire.


Et l’économie ? Comment se fait-il que les libéraux chutent pendant que les emplois pleuvent ?


Avoir un emploi est une bonne chose, mais dans la vraie vie, ça n’efface pas le reste.


Quand on craint de tomber malade ou de vieillir par manque d’accès aux soins de santé ; qu’on a le cancer et qu’on poirote sur une liste d’attente ; que les services sociaux fondent à vue d’œil ; que les médecins sont surpayés ; que l’école publique craque ; qu’on est un proche aidant sans soutien concret parmi les 1,6 million d’autres au Québec, veut, veut pas, ça finit par faire beaucoup de monde à en avoir ras-le-bol du gouvernement Couillard.