Comment ramener les familles en ville

L'UdeM s'en ira-t-elle à Town of Mount-Royal?

Il faut municipaliser les sols du CP

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Une symbolique désastreuse !

Ce matin, à la radio, j’entends que l’Université de Montréal s’apprête à construire «son» campus sur les rails du chemin de fer du Canadien Pacifique, soit sur un grand terrain devenu vague (pour cause de désaffection). Cela m’étonne étant donné qu’il y a déjà trois universités gigantesques dans la ville elle-même, deux anglaises et une française, et une autre, française, en périphérie… Nous faut-il un cinquième campus… et si oui où ça?
L’Université dite «de Montréal» va donc engager des fonds de l’ordre du milliard $ - au moins - sans qu’un grand débat national ne se fasse à la grandeur du Québec. Cela pourrait s’imaginer si l’Université de Montréal était privée. Mais en ce cas-ci c’est le gouvernement du Québec qui va payer. Celui-ci ne peut entreprendre pareil ouvrage en cachette.
L’Université de Montréal proprement dite se trouvait jadis au cœur de la ville, soit au carrefour des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine ; je me souviens de la fière allure qu’avaient ses immeubles de style néo-classique. Lorsque «notre» université estima se trouver à l’étroit, elle déménagea au loin, derrière la montagne, outre le mont, oui à Outremont. Aujourd’hui une autre université «de Montréal» a pris la place, c’est l’UQAM dont l’architecture est, disons… un peu moins Beaux-Arts, pour être poli!
L’installation de l’Université de Montréal, à proximité des maisons bourgeoises d’Outremont, n’a pas eu que des avantages. Elle a surtout eu pour effet d’isoler les étudiants de l’urbanité, d’en faire des banlieusards en quelque sorte et d’extraire «l’élite» de son milieu symbolique principal. Et c’est ainsi que toutes les familles sont parties en banlieue. Sauf celles, naturellement, qui ont les moyens de vivre à Town of Mount Royal, une ville qui a gardé son «indépendance» et qui attire la grande bourgeoisie.
On ne me reprochera pas d’exagérer si je dis que, maintenant, les vraies universités de Montréal sont celles de Concordia, de McGill, et de l’UQAM. Pourquoi? Parce qu’elles sont EN VILLE. L’autre, «la nôtre», si je peux me permettre, celle qui devrait être la principale, se trouve à Outremont cachée derrière la montagne. Dans toutes les grandes villes du monde, les universités principales ne se trouvent pas en périphérie, elles se trouvent en plein cœur des villes. On forme les étudiants pour bien administrer les villes du reste. Il faut qu’ils soient familiers avec leurs lieux. La Sorbonne a pignon sur rue dans le quartier latin n’est-ce pas?
La décision récente de créer un nouveau campus sur les terrains qui jouxtent Outremont et Ville Mont-Royal (c’est comme ça qu’on dit chez nous) a été prise par le gouvernement de M. Jean Charet sous l’initiative de M. Raymond Bachand, alors ministre des finances. M. Bachand, descendant de la famille la plus outremontoise qui soit, est toujours député d’Outremont. Il y a beaucoup de libéraux à Outremont!
Quand le gouvernement Charest a été défait, je me suis dit que cette décision de construire un nouveau campus universitaire français encore plus loin du centre de la ville serait renversée. Actuellement, toute la ville centrale est devenue anglaise à cause de la présence des deux universités Concordia et McGill et du Dawson College. Je me disais que M. Lisée, nouveau responsable de la métropole, et qui, à ma connaissance, n’est pas outremontois, nous parlerait de ces choses là. C’est le silence.
Mais c’est notre argent qui est en cause, et notre culture. N’y aurait-il pas moyen, pour le gouvernement du Québec, qui subventionne l’université Concordia largement, laquelle par surcroit reçoit moult dons du groupe Molson, n’y aurait-il pas moyen, dis-je, de s’entendre avec Concordia pour intégrer chez elle une grande partie de la clientèle française? Peut-être même de l’intégrer au réseau des universités du Québec? N’oublions pas que Concordia, à l’origine, avait reçu une charte universitaire (du premier ministre Paul Sauvé) pour donner des cours du soir. Aujourd’hui cette institution anglaise accueille principalement une clientèle issue de l’immigration, se paye les meilleurs architectes et ne cesse de se répandre. Les Sœurs Grises viennent de lui donner, avec la permission de l’État, leur grand couvent qui était un patrimoine français gigantesque de première importance!
Lorsque l’Université Laval de la capitale, dont le campus est en périphérie, avait voulu déplacer sa faculté d’architecture en ville, il y avait eu une grande résistance. Les familles des professeurs ne voulaient pas quitter «le confort» du centre commercial de Sainte-Foy! Le déplacement s’est fait, mais de peine et de misère. En déplaçant la campus de l’UdeM à Ville Mont-Royal, les professeurs, qui sont bien payés maintenant, seront plus près des maisons cossues et du centre commercial Rockland. J’espère que ce n’est pas là un motif caché pour déplacer le campus! Il y a des motifs beaucoup plus importants pour rapprocher l’UdeM de la Cité! Notamment celui de maintenir la présence française en Amérique du Nord.
Le bon sens veut que l’existence des grands terrains de la gare de triage du Canadien Pacifique serve à construire des… maisons. Oui des maisons pour la classe moyenne ordinaire, pas pour la classe «moyenne» richement pensionnée. Pour cela il faudrait municipaliser ces sols, comme le proposait le premier ministre René Lévesque, à l’époque, afin de réduire le coût des maisons à l’achat. Sur ces terrains il faudrait construire des demeures pour les familles vraiment ordinaires, avec une architecture novatrice dépassant le style mortifère des bungalows. Sur cette gare de triage, il y a de la place pour loger la moitié de la ville de Laval. Ce serait un lieu urbain offert aux familles qui veulent sortir de la trappe banlieusarde et se libérer de l’enfer des autoroutes. Le métro est du reste à côté.
Tout ceci semble idéaliste. Mais ce ne l’est pas. C’est une manière d’aider la nation à se libérer des contraintes environnementales et à la culture commune de s’épanouir. J’espère que notre gouvernement souverain en la matière, celui de Québec, se dira… je suis bon entendeur et j’agis. Il est encore temps.




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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2013

    Pourquoi ce villecentrisme ?
    L'université reste accessible.
    Il y a moins de bars, moins de magasins, moins de cinémas sur ce côté de la montagne. Donc moins de distractions pourr les études.
    Un pusher, de même qu'un poteux font injure au décor.
    Le centre Rockland est trop éloigné pour la classe étudiante qui arrive directement par la Ligne Bleue (métro). Il se compare aux Galeries d'Anjou. Les étudiants vont magasiner soit sur van Horn près de Wilderton, ou sur Côte-des-Neiges.
    Côté foncier, le centre-ville est trop cher et oblige des immeubles plus restreints. Nous l'avons vu quand Couillard a déplacé le nouveau CHUM au centre-ville.
    En tant que Nord-Montréalais, je préfère l'UdeM au nord.
    Combien d'étudiants habitent au centre-ville pour préférer une localisation au centre-ville ? Très peu. Et aucune université se retrouve à Laval.
    Le centre-ville trop anglais ?
    Une bonne raison pour ne pas y dépenser ses économies.
    Town of Mount-Royal trop anglais ? (ou trop juif?)
    Vrai.
    Alors regardons le développement possible dans le Nord-Est près de la 25. Nous y avons déjà le collège Marie-Victorin et l'hôpital Rivière-des-Prairies. Sobeys doit fermer bientôt ses entrepôts sur Albert-Hudon. Quelques marchands de voitures usagés à déplacer. Ou encore, au nord Maurice-Duplessis, un grand terrain vague que certains voudraient transformer en projets de condos. Et Industries Dorel qui marche au ralenti au point de louer sa cour aux fardiers de Sobeys.
    Le développement universitaire y justifierait les coûts de la Ligne Blanche tant reportée, puis annulée. Le métro enlèverait la justification de l'intensification du transport par autobus dans cette région. Il est plus facile de construire un tunnel dans l'argile que dans la roche.
    Bien sûr, je souhaiterais que le tunnel du métro soit en fait une convergence d'un faisceau de tramways, tant qu'à faire du neuf.
    Sans oublier le train de banlieue qui s'amène bientôt à côté.

  • Alain Maronani Répondre

    31 juillet 2013

    1 milliard de $....
    Pourquoi pas...je me souviens de ceux qui se lamentaient, ici meme, que les universités anglophones étaient trop riches...
    Peut-etre serait-il temps d'arreter ces projets grandioses de constructions universitaires, cette proliferation de lieux d'enseignement...pour qui ? pourquoi ? a quel usage ?
    Il est vrai nous sommes riches, pas de déficits budgétaires, pas de chomage, le réseau de la santé fonctionne parfaitement...etc...
    Pour les domiciles en lieu et place c'est une bonne idée, surtout si l'architecture est moins lamentable que les cabanons de banlieue, mortifère le terme est bien choisi, garage double, piscine hors-terre, et les indispensables clotures en plastoc...les rues désertes le soir, l'absence de lieux de convivialité sauf l'indispensable centre commercial...
    Mais le mode n'est pas au logement social ni au logement abordable, les pauvres attendront, les familles aussi...
    En passant cela fait longtemps que les universités ne sont plus installées principalement dans le centre des villes, le foncier étant trop cher...la Sorbonne est vraiment un mauvais exemple.