L'organisation libérale veut rassurer les militants

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Un congrès libéral pénible : ambiance bizarre au PLQ

 Les conseillers de Philippe Couillard espéraient avoir tiré un trait définitif sur l'ère Charest. Ils ont sûrement levé les yeux au ciel quand ils ont entendu leur nouveau président de campagne, Alexandre Taillefer, soutenir qu'à cause de la turbulence économique, il fallait avoir « les mains sur le volant ».


C'était la tirade préférée de Jean Charest à l'automne 2008. Pour faire face aux turbulences économiques appréhendées, son gouvernement minoritaire devait avoir « les deux mains sur le volant ». Il enverra valser la fausse « cohabitation » avec l'opposition et remportera les élections de décembre. La situation, il faut le souligner, était bien différente : l'actif de la Caisse de dépôt venait de reculer de 40 milliards ; les marchés financiers paniquaient. Actuellement, la Caisse fait un rendement de près de 10 % sur son portefeuille, la croissance (à près de 2 %) reste solide, le Québec emprunte pour moins cher que l'Ontario et on ne connaît plus depuis longtemps les taux de chômage à deux chiffres.


La stratégie du Québec malmené par une crise mondiale n'a pas toujours fait recette. Bernard Landry a déclenché les élections de 2003 sur fond de guerre en Irak, et il les a perdues. En 1989, Robert Bourassa a fait un autre choix : on assisterait à un atterrissage en douceur de l'économie, un « soft landing », disait-il, citant ses augures. Six mois plus tard, l'Amérique était en profonde récession, l'aide sociale débordait. Mais il avait été réélu.


Le conseil général du Parti libéral, samedi, avait avant tout pour objectif de rassurer les militants, inquiétés par la kyrielle de départs et par les sondages dévastateurs. On était loin d'un retour au militantisme préconisé par l'ex-président de la commission politique Jérôme Turcotte dans un rapport percutant l'an dernier. 


À trois mois du déclenchement de la guerre électorale, il n'y a pas de place pour un débat sur le militantisme. Mais des militants pessimistes et idéalistes s'attendent à ce que, à tout le moins, « une défaite [leur] redonne [leur] parti ».


Assis dans des gradins, comme pour un spectacle, les délégués ont pu constater que les nouveaux candidats étaient jeunes et volubiles, même s'ils en étaient à leurs premiers contacts avec le PLQ. Que les ministres pouvaient expliquer leurs stratégies et surtout que leur chef, toujours aussi pédagogique, cérébral, sans émotion, semblait tout de même prêt à en découdre avec François Legault.


Mais l'organisation était bien moins rodée que celle de la Coalition avenir Québec, la semaine précédente. C'est vrai qu'il est difficile de comparer un conseil général à un congrès national, une instance qui réunit trois fois moins de militants et nécessite moins d'organisation. 


Au terme du discours de M. Couillard, mollement, les députés et candidats sont montés sur scène, dans un désordre évident. 


Pour sa démonstration de force, sur l'estrade, M. Legault avait une ligne de candidates pimpantes derrière lui - il y avait manifestement eu une répétition, et chaque candidat allait rejoindre son repère sur le plancher.


Samedi, Philippe Couillard était coincé entre deux hommes. « Une équipe solide », affirmait l'affiche brandie par Patrick Huot, député de Vanier. Après quelques minutes, la pancarte a fini par terre, puis... a disparu.


De bonnes nouvelles, toutefois, pour les libéraux : la sommelière Jessica Harnois est une recrue hors pair. Signe que l'organisation n'est pas prête, cependant, on ne sait pas dans quelle circonscription elle atterrira. Prudemment, compte tenu des circonscriptions toujours libres, elle a tenu à montrer qu'elle parlait bien anglais. Marwah Rizqy, jeune candidate dans Saint-Laurent, a fait un plaidoyer bien senti sur « son rêve québécois », électrisant pour certains, inquiétant pour d'autres. Sa finale sur la ligne de parti laissait prévoir qu'elle en aurait une interprétation bien élastique. Dans les belles années du PLQ, une circonscription comme Saint-Laurent n'aurait pas été donnée à une telle candidate, chuchote-t-on.


Hugo Delorme, directeur de la campagne, débarque dans un train qui sort encore, péniblement, de la gare, en retard sur son horaire. Revenu de vacances il y a quelques jours, il a compris qu'il ne pourrait pas consacrer une seule minute à l'entreprise qu'il tentait de démarrer en même temps.


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