On ne comprendra rien à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine si on ne comprend pas que son agressivité conquérante repose sur une vision très sévère, mais pas fausse, de la civilisation occidentale, qu’il juge apathique, déréglée, dévitalisée, décadente.
Poutine est convaincu d’une chose : il peut à peu près tout se permettre, car les Occidentaux ne lui répondront rien.
Oh, ils prendront des sanctions, et multiplieront les déclarations au nom des droits de l’Homme. Chacun hurlera aussi son indignation sur Facebook, sur Twitter ou sur Instagram, en affichant un emoji d’homme pleurant à côté d’un drapeau ukrainien.
Puissance
Mais nous avons renoncé mentalement à la puissance et aux rapports de force.
C’est l’histoire des 30 dernières années qui nous conduit à cette impasse : nous avons cru que la politique se réduisait à l’expansion infinie du commerce et du droit. Nous avons oublié que les nations comme les civilisations sont en quête de puissance et de gloire.
Nous n’avons pas pris conscience des conséquences géopolitiques de l’affaiblissement progressif de l’empire américain, devant la montée de grandes puissances régionales qui entendent être souveraines chez elles, et dominer le coin du monde où elles veulent établir leur empire.
Nous n’avons pas compris, ou pas voulu comprendre que la Russie avait vécu comme une humiliation l’effondrement et le démembrement de l’URSS, et qu’elle était depuis en quête de revanche.
Russie
Le monde occidental s’est enivré de théories qui promettaient la fin de la guerre : il en a perdu la tête. Et d’un coup, la réalité le rattrape, et il dégrise violemment.
L’offensive islamiste l’avait secoué, mais il s’était rendormi. Désormais, il voit se profiler la possibilité de la guerre en Europe, alors que la Russie renoue avec son ambition impériale de jadis.
L’Europe se réveillera probablement. Elle n’a pas le choix. Mais il arrive qu’on se réveille trop tard.