Ukraine : que veut vraiment Poutine ?

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« Il faut garder à l’esprit que les Russes sont persuadés, globalement, de répondre à une forme d’expansionnisme américain prenant la forme d’une perpétuelle expansion du domaine de l’OTAN »


La montée aux extrêmes de la crise ukrainienne jette le monde dans un scénario qu’il jugeait inimaginable au XXIe siècle : celui d’un conflit armé sur le continent européen, que plusieurs croyaient vacciné à jamais contre une guerre à grande échelle, après les catastrophes du XXe siècle.


On compare la reconnaissance des républiques séparatistes russophones de l’est de l’Ukraine à l’annexion des Sudètes, et la ruée imaginée des blindés de Moscou vers Kiev à une forme d’Anschluss russe.


Mais ces comparaisons nous détournent davantage de la réalité qu’elles ne l’éclairent.


Car la situation ukrainienne a beau être tragique et certainement condamnable, on voit mal comment elle pourrait embraser l’ensemble du Vieux Continent. 





Russie


Pour une raison simple d’abord : Vladimir Poutine n’entend pas exercer une hégémonie ou une domination sur l’Europe, mais reconstituer la puissance russe dans ce qu’il juge être sa zone d’influence naturelle.


Il ne s’agit surtout pas de justifier ce point de vue, mais de comprendre qu’il ne se confond pas avec une ambition impériale à l’échelle d’un continent.


Surtout, il faut garder à l’esprit que les Russes sont persuadés, globalement, de répondre à une forme d’expansionnisme américain prenant la forme d’une perpétuelle expansion du domaine de l’OTAN.


Pour les Russes, les Américains ont abusé de leur avantage stratégique au lendemain de la guerre froide.


La Russie a vécu l’effondrement de l’URSS de manière paradoxale, d’ailleurs.


D’un côté, elle se libérait du communisme totalitaire, de l’autre, elle perdait sa puissance et ressentait une intime humiliation. Vladimir Poutine, un leader autoritaire, entend donc reconstituer la puissance russe.


Il le fait avec d’autant plus d’aisance qu’il est parfaitement conscient des faiblesses des démocraties occidentales, qui ont perdu le sens de l’autorité, de leur identité historique, qui s’éparpillent en mille minorités et qui considéraient que la guerre appartenait à la préhistoire de l’humanité, que plus jamais elle ne viendrait les hanter.


Poutine nous rappelle, malgré nous, que l’histoire est tragique, et qu’une civilisation avachie et dévitalisée est prête à se laisser dominer. Nous revenons sur terre.


Cela dit, il faut avoir une vision géopolitique large pour raison garder dans les événements.








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La fin de la guerre froide avait fait naître l’utopie d’un monde unipolaire, sous l’imperium américain, mais appelé à se construire dans une logique de gouvernance mondiale.


Il n’en sera pas ainsi.


Notre monde est et sera de plus en plus multipolaire.


Occident


Et le monde occidental, lui-même, tend à se diviser en deux.


D’un côté, l’Amérique du Nord se déploie dans une nouvelle civilisation post-occidentale, détachée de ses racines européennes, et se vouant exclusivement au culte de la diversité. C’est vers l’Asie qu’elle se tourne quand elle veut regarder l’avenir.


L’Europe est de plus en plus appelée à faire cavalier seul, comme si après avoir dominé le monde, elle devait survivre dans un monde qui lui échappe. 


L’épreuve que lui impose Poutine l’oblige à prendre au sérieux son destin.











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