L’indépendance de la Catalogne ou la sécession des élites

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L'argument contre l'indépendance de la Catalogne

Lorsque je vois qui soutient les initiatives aventurières de Carles Puigdemont, président de droite de la Généralité de Catalogne, je suis conforté dans l’idée qu’une fois de plus, les gauchistes crétins et les néolibéraux actifs, se sont mis la tête sous le même bonnet. Comme pour la Flandre belge, l’Écosse, ou l’Italie du Nord, l’Union européenne pousse-t-elle au séparatisme dans les pays qui ne sont pas déjà sous contrôle étroit de l’Allemagne, comme ceux de la Mitteleuropa ? L’objectif du démantèlement des nations est toujours à l’ordre du jour et comme ces régions riches ne veulent surtout pas partager avec les pauvres, Merkel, Schaüble et Junker jouent sur le velours. Comment ne pas se rappeler comment l’Allemagne (accompagnée du Vatican !) avait instantanément reconnu la déclaration unilatérale d’indépendance de la Slovénie. L’enchaînement qui a suivi a abouti aux guerres fratricides, aux épurations ethniques et au démantèlement de la Yougoslavie.

L’égoïsme d’abord

L’Espagne qui a connu une guerre civile atroce et 40 ans de dictature féroce, a des institutions fragiles. La mise en place d’une démocratie représentative est relativement récente. Le Pays Basque donne l’impression d’avoir pour l’instant maîtrisé ses vieux démons, mais la Galice, les Asturies ou l’Andalousie ? Que sait-on de ce qui se passe dans les profondeurs de ces sociétés, qui vivent avec des mémoires encore cuisantes, et viennent de prendre de plein fouet les conséquences de la crise financière de 2008. Quels feux couvent sous la cendre ?

Carles Puigdemont, qui veut organiser le référendum du 1er octobre, est un nationaliste, réactionnaire et méprisant envers les autres peuples d’Espagne. Il n’anime en rien une lutte de libération nationale, mais excite les particularismes, et instrumentalise cyniquement une mémoire douloureuse. La Catalogne, qui dispose de marges d’autonomie institutionnelles considérables, est la région la plus prospère d’Espagne et prétendre à une domination insupportable de Madrid n’est que le prétexte pour masquer l’égoïsme qui est le moteur principal de la tentation sécessionniste. De même nature que la sécession des élites, des grandes métropoles des pays développés qui ne veulent plus entendre parler des couches populaires. Se débarrasser des pauvres, ne plus partager.

Au bon plaisir de l’Allemagne

Que l’on ne vienne pas parler du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Quand on a applaudi le coup d’État du Maïdan, téléguidé par l’Allemagne et les États-Unis en Ukraine, on est modeste. Sans parler de la russophobie délirante de ceux qui poussent les feux pour lancer la Catalogne dans l’aventure. Quand ils appelaient à la guerre et comparaient Poutine à Hitler, lorsque la Crimée a été rattachée à la Fédération de Russie, dont elle était sortie par un oukase absurde de Nikita Khrouchtchev, en 1954. Et ce, après un référendum, certes unilatéral, mais dont les observateurs neutres ont reconnu la sincérité. Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais à géométrie variable ?

Finalement, au-delà des affects et des passions, qu’on le veuille ou non, le véritable enjeu se dessine. Ces aventures et ces tentations séparatistes, ne reflètent réellement qu’une chose : c’est à qui sera le meilleur élève de l’Allemagne, qui aura le meilleur fauteuil dans la course aux places dans l’orbite de celle-ci.

Ce n’est pas l’intérêt des peuples d’Espagne. Qui est justement de rester ensembles.