Le 7 février 1989, le journal Le Monde publiait sous le titre « Moderniser l’écriture du français », plus connu sous le nom de « Manifeste des Dix », un article présentant une série de modifications orthographiques proposées par dix linguistes parisiens.
Peu après, la même année, était créé le Conseil supérieur de la langue française, présidé par le Premier ministre (à l’époque Michel Rocard) et rattaché au ministère de la Culture (à l’époque dirigé par Jack Lang). Le Conseil reprit à son compte le Manifeste des Dix, qui devint un rapport rapidement adopté par l’Académie française, dont le secrétaire perpétuel était à l’époque Maurice Druon. Ce rapport fut publié au Bulletin officiel de l’Éducation nationale l’année suivante (1990).
Désavoué par l’Académie dès 1991, ce rapport, sous la pression d’un grand nombre de pétitionnaires soutenus par le président de la République (à l’époque François Mitterrand), fut finalement classé sans suite.
Il fut mystérieusement exhumé et publié en 2008 dans une annexe aux éditions du Journal officiel, et les dispositions en sont finalement recommandées par le ministre de l’Éducation nationale (Najat Vallaud-Belkacem) en 2016. Les éditeurs sont chargés de prendre les dispositions nécessaires en ce qui les concerne pour la rentrée 2016-2017.
En dépit de la position du secrétaire perpétuel de l’Académie (Hélène Carrère d’Encausse) qui rappelle que l’institution s’était finalement opposée à la « réforme » en 1991, et que cette opposition perdure, le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault, s’obstine à prétendre que cette « réforme » a été mise en œuvre dès 1990 et qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil du ministère de l’Éducation nationale auquel son organisme est rattaché.
Le Conseil supérieur des programmes est considéré très clivant du fait de ses positions très orientées à gauche. Sa grande proximité avec le ministre ne permet guère de croire à son indépendance, ce qui a justifié en mai 2015 la démission de Jacques Grosperrin, sénateur du Doubs, et en août de la même année celle d’Annie Genevard, députée du Doubs, maire de Morteau. Tous deux ont estimé que loin d’assurer la transparence dans le processus d’élaboration des programmes, le Conseil était en fait une machine de propagande idéologique.
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