L’ère du terrorisme artisanal

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«Nous sommes manifestement en plein cœur d’une période de chaos et de violence barbare»






Le terrorisme nous a souvent effrayés par son caractère spectaculaire.




Qu’on pense aux attentats du 11 septembre 2001 ou encore à ceux contre le métro de Londres en 2005: ils réclamaient vraiment une importante capacité stratégique.




Mais depuis quelques années, nous sommes témoins d’une métamorphose de la violence politique. L’heure semble venue du terrorisme artisanal.




Un individu peut se fanatiser plus ou moins rapidement, s’emparer d’un camion et semer la mort sur son passage.




Il n’est plus nécessaire d’être associé à une lourde organisation ou d’avoir subi un véritable entraînement pour passer à l’acte.




Londres




On se souvient de l’attentat de Nice le 14 juillet 2016. Il avait semé la terreur le soir de la fête nationale française.




Au premier regard, c’est un attentat du même genre que vient de connaître Londres.




Au moment d’écrire ces lignes, il n’était pas revendiqué. Il faut donc parler avec la plus grande prudence et éviter les spéculations abusives. Les autorités privilégient toutefois la piste islamiste.




Réfléchissons plus largement au surgissement de la violence sauvage dans les vieux pays.




N’importe quel excité qui se sent appelé au sacrifice suprême peut semer la mort. Les instruments de la vie quotidienne deviennent des armes.




Et dans cet environnement très particulier, les cibles se multiplient.




Si on vise un jour les symboles du pouvoir, on peut aussi viser un site touristique, un marché de Noël, une terrasse, un stade sportif.




Le terrorisme artisanal sème dans les métropoles un parfum de méfiance constante. Qui sera la prochaine victime?




Et peu à peu, le continent européen, qui s’était pacifié après deux guerres mondiales particulièrement meurtrières, rede­vient une zone de guerre.




Chacun porte une cible sur le front, même si les policiers et les soldats demeu­rent en première ligne.




Guerre




Cette guerre nouveau genre ne dit pas son nom et ne se laisse pas définir avec la clarté des conflits d’antan, où des États s’affrontaient et pouvaient un jour signer un traité de paix.




L’ennemi d’aujourd’hui est nébuleux. On ne sait trop comment le vaincre une fois pour toutes et se délivrer de sa mena­ce.




On l’a déjà dit: il faut s’habituer à vivre avec la terreur. Cela ne veut pas dire qu’on doit la relativiser. Mais nous devons comprendre que les décennies de paix européenne qui ont succédé aux guerres mondiales sont terminées.




L’Europe croyait n’avoir plus qu’un destin touristique. On visiterait ses vieux bâtiments, ses magnifiques musées, ses sites historiques éblouissants, ses restaurants sophistiqués. Elle serait enfin délivrée de la tragédie, de l’horreur, de la violence extrême.




C’était une illusion.




L’histoire humaine alterne entre la guerre et la paix, entre des temps de chaos et des temps plus doux. Et nous sommes manifestement en plein cœur d’une période de chaos et de violence barbare.




Nous ne sommes pas préparés psychologiquement à cela. Nous voulions croire à la paix éternelle et prospère, à la réconciliation finale des êtres humains deve­nus citoyens du monde. Il faudra pourtant ouvrir les yeux.



 




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