L’Empire US et la possibilité d’un épilogue

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Tous les scénarios sont possibles, même les pires

C’est tout à fait extraordinaire. Au moment où chacun se félicite de la signature de l’Accord sur le nucléaire iranien, Obama himself nous avertit qu’en fait tout cela pourrait bien se terminer par une guerre. En cause? La crise d’hystérie qui saisit le grand hôpital psychiatrique washingtonien et son appendice israélien (ou est-ce l’inverse?) depuis sa signature. Sous la poussée de néocons et de sionistes majoritaires au Congrès US, celui-ci pourrait en effet rejeter l’Accord d’ici au 20 septembre prochain (1), ce qui «laisserait l’administration américaine face à une seule option, nous dit BHO, une autre guerre au Moyen-Orient». Oui mais voilà, dans la configuration actuelle avec une UE exsangue et encagée dans la Guerre Froide 2.0 déjà imposée par Washington, les Etats-Unis risquent de se retrouver forts dépourvus lorsque le moment de partir au front sera venu. Possibilité d’un épilogue.


Panique à tous les étages


«Un rejet de l’accord par le Congrès laisserait toute une administration américaine absolument déterminée à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire face à une seule option: une autre guerre au Moyen-Orient. Je ne dis pas cela pour être provocateur. C’est un fait.»

Dans son discours prononcé le 5 août à l’American University de Washington (2), Barak Hussein Obama a renoncé pour une fois aux effets de manches pour aller right to the point, comme on aime dire là-bas, ajoutant que si le Congrès «tue cet accord, la crédibilité de l’Amérique comme leader diplomatique, la crédibilité de l’Amérique comme ancre du système international seraient perdues».

Il a aussi évoqué la position intenable dans laquelle se trouveraient les USA face à des alliés européens qui sont désormais obsédés à l’idée de faire enfin du fric sur ce nouveau marché prometteur qu’est l’Iran et ses 80 millions d’habitants. Et que donc il n’y aurait aucune chance pour qu’ils y renoncent et acceptent de revenir au régime des sanctions pour satisfaire les caprices washingtoniens. Les USA seraient donc seuls, terriblement seuls.


Russie et Chine en embuscade


Enfin, il a également souligné «les dangers d’une confrontation  avec la Russie et la Chine» à laquelle un tel revirement pourrait conduire à l’heure de la Guerre Froide 2.0 en cours, soulignant par ailleurs que l’Empire du Milieu figurait «parmi les principaux acheteurs de la dette US»  et, qu’en substance, se brouiller avec elle pourrait à terme «remettre en question le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale».

Obama nous dit donc clairement que c’est la survie de l’Empire US qui est cette fois en jeu, étant entendu que l’Empire US, c’est d’abord l’emprise du dollar sur le monde.


La guerre impossible


Le rejet par le Congrès US de l’Accord avec l’Iran signifierait ainsi l’obligation quasi automatique pour les USA de partir en guerre contre Téhéran quasi seuls, c’est-à-dire avec pour seuls alliés des Britanniques fatigués, les paranos de l’entité sioniste et une poignée de bédouins, représentants illégitimes de régimes agonisants. Sur le papier déjà, ça promet.

Mais techniquement, cela veut dire quoi une guerre contre l’Iran exactement?

L’hypothèse est bien évidemment étudiée de longue date dans les états-majors US, mais se heurte toujours aux mêmes réalités.


L’option haute, infaisable

Dans l’option haute, l’objectif serait évidemment un changement de régime avec installation d’un proconsul US, façon Afghanistan, pour avoir un contrôle au moins relatif des choses dans ce pays durant quelques années.

Sauf que là, il faudra nécessairement y aller à pied, avec une coalition d’au minimum 1,2 million de soldats, toute la logistique qui va avec, avec une phase préalable de conscription obligatoire impossible à réaliser du fait des contraintes de temps d’une part, mais aussi du fait du climat anti-guerre au sein d’une population étasunienne très remontée contre le pouvoir central.

Puis il faudrait soutenir, toujours seuls ou presque, une occupation dans la durée, avec les coûts et les incertitudes qui vont avec face à des combattants aguerris, hautement motivés, et disposant de l’arsenal d’une armée moderne parfaitement équipée.

Dans un pays quatre fois plus vaste que l’Irak, l’opération à monter serait ainsi d’une envergure telle qu’elle ferait passer la Tempête du Désert lancée de 1991 pour un camp scout.

Et encore une fois, avec une poignée de bédouins du Golfe et les extrémistes de Tel-Aviv comme alliés, la chose paraît tout simplement impossible.


L’option basse, éventuellement nucléaire


Reste l’option basse, le fameux concept de retardement d’un programme militaire iranien qui n’existe plus depuis 2006, comme l’ont confirmé d’ailleurs toutes les agences US elles-mêmes. Mais comme nous le savons, la réalité a désormais une importance toute relative en ces domaines.

Pour éviter l’engagement massif de troupes, la seule possibilité est donc de s’en tenir à des campagnes de bombardements aériens. Mais encore une fois, l’Iran n’est pas l’Irak et il est clair que la réplique de Téhéran ne se limiterait pas, elle, à trois Scuds sur Tel-Aviv.

L’Iran a les moyens d’anéantir tous les contingents militaires US de la région y compris dans le Golfe et en Afghanistan, de bloquer le détroit d’Ormuz ou, encore, de frapper très durement Israël. Elle peut aussi compter sur le soutien certes discret,   mais n’en doutons pas très efficace, de la Russie et de la Chine.

Les Américains le savent et la seule façon d’éviter ce scénario catastrophe serait une attaque nucléaire ciblée sur les sites principaux (l’usage du nucléaire prouvant la détermination jusqu’au-boutiste de l’engagement), attaque bien sûr assortie de la menace (rendue crédible par des manœuvres ostentatoires) d’une frappe nucléaire massive en cas de riposte de Téhéran. En clair la tactique du «tu me laisses te frapper sans broncher ou je te tue».


Guerre mondiale garantie


Sauf que compte-tenu du nombre de foyers militaires actifs dans la région; de la somme des intérêts divergents qui s’y entrechoquent; de la Guerre Froide 2.0 en cours; du déclin du Bloc atlantiste et de la montée en puissance parallèle des BRICS, on voit mal comment une guerre US contre l’Iran, même limitée au départ, ne déboucherait pas mécaniquement sur une guerre mondiale.


Conclusions


Au vu de la folie qui règne à Washington et Tel-Aviv actuellement, aucun des scénarios évoqués ici ne peut hélas être exclu si le Congrès rejette l’Accord sur le nucléaire iranien.

Mais l’on sait toutefois qu’une partie au moins de l’establishment militaire US est farouchement opposée à une aventure militaire supplémentaire contre l’Iran, dont elle pressent l’issue nécessairement catastrophique.

Les déclarations récentes de l’ex-chef du Renseignement US, le général Flynn, révélant que la création de Daesh résultait d’une «décision délibérée du Gouvernement US», témoignent de cette fracture (3).

Le rejet de l’Accord par le Congrès US entraînerait donc au minimum une paralysie totale de la situation washingtonienne, contraignant les Etats-Unis à poursuivre seuls une politique de sanctions vis-à-vis de Téhéran.

Or leur isolement complet sur ce dossier crucial serait un facteur d’accélération phénoménal de l’effondrement de leur leadership mondial.

Par effet de domino, il conduirait ensuite rapidement à la mort du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, donc à celle de l’Empire US en tant que tel, cette dernière entraînant à son tour mécaniquement la chute finale de tout le Système atlantiste.

La possibilité d’un épilogue donc à la grande crise d’effondrement du Système libéral mondialisé qui réduit le monde en esclavage et prépare l’abolition de l’Homme.

Reste que si le scénario d’un isolement et d’un effondrement de l’Empire US sur son empreinte est très séduisant, le risque est important aussi que l’Empire refuse de «mourir dans son lit» et cherche, comme le font souvent les régimes déviants aux abois, à entraîner le monde avec lui dans sa chute.



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