Élections 2012

L’économie «libérale»

Relance économique à crédit (programme d'infrastructures, lesté d'un "impôt privé" de 30%...), baisses d'impôts indécentes; endettement et tarification - quel bilan économique?...


Rendons à César ce qui lui appartient : après neuf ans de gouvernement libéral, l’économie du Québec se porte plutôt bien. À 7,7 % le mois dernier, le taux de chômage est peu élevé et à moins d’événements imprévisibles, l’équipe qui prendra le pouvoir le 4 septembre sera en mesure de présenter un budget équilibré dès la première année de son mandat. Pour battre Jean Charest, péquistes et caquistes doivent frapper ailleurs.
Après toutes ces années, les électeurs ont une bonne idée de ce que le Parti libéral leur réserve en matière économique. À l’exception de quelques coups de gueule inutiles comme la contribution santé et la hausse rapide des droits de scolarité, ce gouvernement s’est montré moins à droite qu’il le laissait prévoir.
Sous Jean Charest, le gouvernement a pu profiter des règles comptables pour investir massivement dans les infrastructures avant l’éclatement de la crise. En revanche, il lui a fallu accroître la dette de la totalité des dizaines de milliards injectés dans l’asphalte et le béton. Aujourd’hui, la dette brute du Québec frôle les 200 milliards, soit plus de 55% du PIB. Et si seulement la fraction associée aux déficits cumulés doit être considérée comme de la « mauvaise dette », il faudra tout de même payer les intérêts sur l’ensemble, ce qui représente 10 des 90 milliards de dépenses totales cette année, et beaucoup plus d’ici quelque temps.
Soucieux d’équilibrer les comptes en un temps record après la récession, les libéraux ont amorcé dès 2011 un ambitieux programme de compressions qui, jusqu’à ce jour, n’a heureusement pas trop affecté la qualité des services. Du même coup, il a cependant dû se résigner à reprendre une partie des baisses d’impôt consenties malgré l’avis des experts en augmentant la taxe de vente et la plupart des tarifs, à l’exception des frais de garde qui seront indexés à leur tour si le parti est reporté au pouvoir.
En matière de relations de travail, les libéraux sont parvenus à s’entendre avec leurs employés, et n’eût été leur entêtement face aux étudiants, ils auraient terminé leur mandat avec une note fort acceptable.
Malgré la crise, les libéraux ont profité d’une conjoncture favorable aux pays détenteurs de ressources naturelles, mais n’ont pas pu stopper la débâcle du secteur manufacturier.
À cause de cet engouement mondial pour les ressources, plusieurs sociétés minières ont annoncé des investissements qui ont donné l’idée de créer le Plan Nord. Louangé par les uns, dénoncé par les autres, ce plan échelonné sur 25 ans prévoit non seulement la construction d’infrastructures pour faciliter l’accès au territoire, mais aussi l’accélération du développement d’ouvrages hydroélectriques en dépit des excédents qui se profilent à l’horizon.
Quant au dossier des hydrocarbures, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est englué dans l’incapacité chronique de l’équipe de Jean Charest de gagner la confiance de la population.
Le bilan économique du Parti libéral n’est donc pas aussi noir que l’opposition voudrait le laisser croire. Cela dit, à l’exception du Plan Nord, on ne trouve dans les cartons du PLQ aucune initiative susceptible de favoriser la transition d’une économie manufacturière et des ressources vers l’économie du savoir. Or, ce ne sont pas les 20 000 emplois du Plan Nord qui suffiront pour respecter l’engagement de créer 250 000 emplois d’ici cinq ans !


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