Les minables caquistes et le projet de loi 14

L'armée inculque-t-elle la honte du français?

Tribune libre

Le chef de la CAQ, François Legault, tient mordicus à ce que les militaires francophones puissent continuer à envoyer leurs enfants à l’école anglaise au Québec. Son argument principal pour s’objecter à la disposition du projet de loi 14 qui abolirait ce droit est que les militaires peuvent être appelés à se déplacer avec leur famille d’une province à l’autre. Il serait donc préférable pour leurs enfants de ne pas changer de langue d’enseignement s’il sont mutés dans une province anglophone. Pourtant, il a été clairement démontré durant la commission parlementaire qu’il y a une école française à proximité de chacune des 25 bases militaires au Canada anglais, sauf à celle de Terre-Neuve, là où l’assimilation de la communauté francophone est la plus impitoyable. Doit-on en comprendre que les militaires francophones ont honte de leur langue maternelle au point de vouloir s’assurer qu’elle ne soit pas transmise à leurs enfants? Et s’ils n’ont pas honte d’être francophones, mais qu’ils estiment que dès leur plus jeune âge, leurs enfants doivent absolument aller à l’école anglaise pour devenir bilingues et bien s’épanouir au Canada anglais, doit-on comprendre que, tous les enfants francophones hors-Québec étant dans cette même situation, les écoles françaises hors-Québec n’ont donc pas de raison d’être?
Cette démonstration par l’absurde de la sottise de la position du chef de la CAQ au sujet du projet de loi 14 est aussi l’occasion de se pencher sur le fait que selon le recensement fédéral de 2006, il ne reste plus dans tout l’Ouest des Riel et La Vérendrye qu’autour de 3,5 % de personnes déclarant avoir le français pour « première langue apprise et encore comprise ». Les données fédérales nous disent également que seuls 1 % des Canadiens de l’Ouest déclarent parler le français à la maison, ce qui correspond à un taux d’assimilation de plus de 70 % (45 % en Ontario). Cela signifie que d’ici à peine une ou deux générations, le vocable « là où le nombre le justifie » imposé aux Québécois lors de la « vieille chicane » de 1982 pourrait bien vouloir dire « à peu près nulle part ». Nos amis caquistes – et incidemment, le maire Labeaume – semblent donc insister pour que les lois linguistiques québécoises participent à cette vaste marginalisation du français au Canada. Voilà qui pourrait constituer, pour M. Legault, un bon sujet de discussion lors de sa prochaine rencontre avec Justin Trudeau.

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Christian Gagnon138 articles

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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2 commentaires

  • Tremblay Sylvain Répondre

    26 avril 2013

    La logique est donc à l'effet que les militaires québecois soient démobilisés à Terre-Neuve, il devrait par conséquent y avoir une réciprocité de la part des provinces anglaises à l'effet que les leurs le soient au Québec, par probabilité, s'entend. Y a t-il un tel apport anglais dans les écoles françaises là-bas comme il y a en a ici du français vers celles anglaises? Évidemment non, alors sur quoi repose la logique politique de la CAQ, par conséquent?
    J'ai entendu dire, à la radio, qu'une école ou commission scolaire d'ici, desservant la base, soit de Bagotville ou de Val-Cartier, je ne suis pas sûr, devait sa survie aux enfants des militaires francophones, car ils constituent le tiers de leurs effectifs étudiants, soit environ 150 sur 450, de mémoire. Sans donc cet apport transfuge, cet établissement tomberait ou survivrait à 3 ou 4 écoliers par classe, ce qui n'aurait pas de sens.
    Vu de ce point de vue anecdotique, on peut penser au grand coeur de la Coalition à vouloir sauver l'école anglaise près des bases au Québec, au prix du sacrifice de nos enfants, ici ceux des militaires. Et puisqu'eux le font, pourquoi pas les autres corps de professions éventuellement. La sauvegarde de l'école anglaise au Québec n'a pas de prix, sacrifions donc tous nos enfants, tant qu'à y être. Après ça on s'étonnera qu'ils ne nous parlent plus en français.
    En fait, on n'est pas loin de celà, déjà, dans la société en général, débordant du cadre scolaire comme tel. Ce sont les travailleurs et les étudiants post-secondaire francophones et allophones qui assurent la survie de la minorité historique anglaise du Québec. Le gouvernement du Québec ne devant pae être en reste, il se voit obligé d'en donner autant de son côté, par force subvention, promotion et même apport législatif d'appui, à la limite.
    C'est peut-être dans ce cadre général de soumission au pouvoir séculaire anglais qu'il faut voir la prise de position de la CAQ. À défaut de légiférer en faveur d'une assimilation directe, du moins, se disent-ils, peut-être, empêcher que des enfants qui s'assimilaient ne leur soit plus permis par la loi. Le sacré droit acquis!
    Sans doute que la Coalition a le coeur sur la main, fait oeuvre de femne forte pour protéger l'assimilation légitime des enfants des militaires québecois, faisant face à la possibilité que leurs parents soient démobilisés dans l'irrémédiable Terre-Neuve anglaise, terre de tant de peuples disparus. Mais la ministre responsable a une autre carte dans son jeu pour ne pas passer pour la méchante, elle pense pouvoir faire passer ce pan du projet de loi sous un autre, celui concernant les écoles passerelles, dans l'éventualité d'une concession pour sauver l'essentiel. Une bonne stratégie, bonne chance, il ne faut pas lâcher.
    Tout n'est pas perdu, m. Gagnon. Un de perdu, deux de retrouvés.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    26 avril 2013

    M. Gagnon, nous comptons sur vous pour que ce texte soit porté à l'attention des caquistes.
    Par ailleurs, il est certain que les militaires de langue française sont ostracisés au Canada, au même titre que les sportifs professionnels ou olympiques. Pour "éviter la chicane" ils utilisent la langue "sans chicane".
    Mais le côté positif de cela, c'est d'imaginer le soulagement que ressentiraient ces militaires de carrière, advenant un Québec libéré, mais qui nécessiterait toujours des professionnels de la protection du territoire. Leurs postes enfin transformés en français.