Ainsi donc vous pensez que la francophonie se meurt d’une année à l’autre, devient de plus en plus moribonde et n’est plus que l’ombre d’elle-même? A quoi bon s’efforcer d’inscrire sa pensée dans une langue et dans une culture francophones qui n’est plus tout à fait ''in'' à en croire les météorologues des tendances. Ceux-là mêmes qui prédisent, depuis trop longtemps déjà, l’éclipse du français. L’anglais domine, qu’à cela ne tienne ! Mais vous savez, tout comme moi, que les tendances ne résistent pas à l’effet du temps et qu’elles finissent tôt ou tard par être abandonnées, voire disparaître.
Pour certains, la piqûre du français s’attrape comme d’autres chopent une grippe. C’est la saison d’ailleurs. Tenez, l’Arabie saoudite ne rêve plus qu’en français et se voit déjà membre de la francophonie. Ah! Si son adhésion se confirme, le royaume wahhabite rejoindra la grande famille de la francophonie constituée d’un peu plus de 80 membres.
Son travail en coulisse a commencé depuis fort longtemps, le Maroc et le Sénégal faisant office de porteurs de ballon de son projet d’adhésion. Vous imaginiez un Maroc plus enclin à défendre une posture plus modérée de l’islam? Le voilà qui s’affiche comme un ardent partisan du royaume wahhabite. Avec le Sénégal, ils n’ont pu convaincre un nombre suffisant de pays du bien-fondé de leur démarche. Ouf! Alors, le rendez-vous est reporté au prochain sommet, c’est-à-dire dans deux ans. Parions que d’ici là, grâce à la diplomatie du portefeuille, la monarchie des Saoud ne ménagera aucun effort pour convaincre les pays récalcitrants de son adhésion.
Le premier ministre Couillard a été habile dans sa façon de manœuvrer, suggérant même une porte de sortie à son ancien pays hôte. Car, à l’entendre, on s’imagine que le seul point de divergence que nous ayons avec l’Arabie saoudite est l’emprisonnement de Raïf Badawi. Certes, le sort de Badawi nous importe et cristallise à lui seul le difficile combat des libres-penseurs dans cette région du monde totalement assujettie aux pires dogmes religieux. Mais soyons clairs, la position du Québec ne peut se résumer à ce seul facteur et ne peut être conditionnelle à la seule libération de Badawi comme le laisse entendre notre premier ministre.
Non, l’Arabie saoudite ne deviendra pas un pays fréquentable une fois Badawi libéré, libération que je souhaite vivement d'ailleurs (la question n'est pas là). Il n’y a aucune convergence possible avec un État théocratique qui adopte le Coran comme constitution. Le Québec a emprunté le chemin inverse. C’est une démocratie et l’organisation de la Francophonie proclame que «l’égalité homme-femme est au cœur de toutes ses actions ». Le devenir de la moitié de l’humanité ne peut plus dépendre du bon vouloir du prince.
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
2 décembre 2016Je reviens à l'article publié dans le Devoir de samedi dernier intitulé: FAUT-IL ENCORE ÉLARGIR LA FRANCOPHONIE? À un endroit de cet article, il est écrit ceci:
"Coïncidence: cette candidature arrive au moment où, à la suite de la conférence de Québec, l'OIF (l'Organisation internationale de la Francophonie) compte adopter une résolution afin de combattre les diverses formes de radicalisation menant à la violence. Radicalisation dont l'Arabie saoudite est accusée d'être l'un des premiers pourvoyeurs."
André Gignac 2/12/16
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2016@ Djemila Benhabib
Je suis content que vous abordiez ce sujet puisque je commence à me poser de plus en plus de questions sur le comportement étrange de ce premier ministre sur la question de l'identitaire, des signes religieux avec le projet de loi 62 et maintenant avec son souhait que l'Arabie Saoudite fasse partie de la Francophonie. Est-il en service commandé pour l'Arabie Saoudite, le Qatar et le Canada pour vouloir diluer davantage le Québec en une province ressemblant de plus en plus aux autres provinces "canadian"? L'Ontario ne vient-elle pas d'être admise dans la Francophonie?
Comme le disait si bien en fin de semaine dans le journal Le Devoir, Louise Beaudoin, cela risque d'affaiblir le Québec. Reste-t-il encore à l'Assemblée Nationale, des députés dans l'opposition capables de se lever debout et de poser des questions pertinentes à Couillard sur ce sujet? Je ne sais pas ce qui s'est passé durant son séjour de quelques années en Arabie Saoudite mais je trouve étrange ce besoin de toujours vouloir protéger plus ce pays, le Qatar et le Canada (ça ce n'est pas nouveau!) que le Québec surtout en tant que Québécois (?). C'est troublant! J'ai aimé vous lire.
André Gignac 29/11/16
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2016D'accord avec vous à 200 % .
Archives de Vigile Répondre
28 novembre 2016@ M. Yves Corbeil
Extraordinaire article de Mme. Djemila Benhabib et commentaire éclairé de votre cru, M. Corbeil. La mort de Fidel Castro fait ressortir toute l’indicible hypocrisie des médias. Cet après-midi, je lisais dans le Journal de Montréal, quotidien que j’ai eu un temps la naïveté de croire un peu plus libre que Le Devoir, des articles honteux sur le décès de ce géant de la politique internationale, Fidel Castro. Les Richard Martineau, les Lise Ravary, les Sophie Durocher jusqu’à, bien sûr, Denise Bombardier, tous ont éructé, que dis-je, vomi des copies conformes de la désinformation américaine sans connaître, bien entendu, rien de Cuba, de sa politique réelle et de celui qui l'a tenu à bout de bras pendant si longtemps. À genoux devant les bonzes du mensonge publicisé, ils ont obéi aux diktats du système malmené par l’élection de Donald Trump. Même notre rigolo en chef à Ottawa après avoir encensé Fidel Castro, s’est ravisé, ayant sans doutes été admonesté par les tenants de ce même système.
En lisant cette feuille de chou de Québécor, j’ai eu honte, vraiment honte de constater la qualité douteuse des pontes journalistiques de chez-nous. Ignorante des réalités, c’est malheureusement le lot des personnes qui forment leurs opinions uniquement à la lecture de tels articles ainsi que des propagandes intenses de la télévision.
Les médias appartiennent aux mêmes personnes, ces ennemis publics numéro un qui forment le gouvernement gris derrière nos pions élus qui n’ont rien d’autre à faire que de se remplir les poches en détruisant lentement mais sûrement le Québec. Voilà, il y a encore une place pour Vigile.
Yves Corbeil Répondre
28 novembre 2016( Le devenir de la moitié de l’humanité ne peut plus dépendre du bon vouloir du prince.)
Oui avec raison mais le roi dollar achète tout dans nos belles sociétés ultra-libéralistes, cela devrait tous nous inquiété pour la suite. Juste chez nous, les libéraux ne se maintiennent-ils pas au pouvoir avec le cash et la propagande véhiculé par les médias qu'ils contrôlent.
Quand tu ne marche pas dans leurs combines, ils te façonnent un embargo comme celui de Cuba et ça prends une méchante tête de cochon pour les envoyer promener aussi longtemps tout en sachant que ça va faire mal à son peuple mais que celui-ci ne sera pas soumis au contrôle du 1% qui exploitent la planète par les dettes.
Nous n'avons qu'a lire et entendre les médias qui pourfendent Castro sans aucune nuance dans leurs propos sur le geste qu'il a posé pour libérer son peuple de la corruption et de la dictature imposé par Batista et les Américains.
Castro en a redonné au peuple et personne ne peut dire qu'il s'est mis millionnaire sur le dos de son peuple comme certains en Haiti et tous les princes Saoudiens.
Quel grandeur ce PM qui trône à Québec. Il peut bien avoir autant de relations douteuses pour sortir toutes ces inepties comme un petit caniche innocent au service de ses maîtres. Mettez lui une muselière, il nous fait honte.