Saviez-vous qu’il y a 5 banques “trop importantes pour faire faillite”(too big too fail) aux États-Unis dont chacune est exposée aux instruments dérivés d’un montant supérieur à 30.000 milliards de dollars ?
Dans l’ensemble, les plus grandes banques américaines ont collectivement plus de 247.000 milliards de dollars d’exposition sur les produits dérivés.Ce montant est 13 fois supérieur à la taille de la dette publique des Etats-Unis (19.000 milliards de dollars), et c’est une bombe à retardement qui pourrait déclencher à chaque instant l’apocalypse financière.
Globalement, selon la Banque des règlements internationaux(BRI), la valeur théorique de l’ensemble des contrats de produits dérivés en circulation équivaut au montant inimaginable de 552.900 milliards de dollars. Les banquiers nous assurent que ces instruments financiers sont beaucoup moins dangereux qu’ils ne le paraissent, et qu’ils ont réparti le risque un peu partout de telle sorte qu’il est impossible de provoquer l’effondrement du système. Mais concernant le risque – vous aurez beau essayer de le répartir un peu partout et d’autant de façons possibles, vous ne pouvez jamais l’éliminer. Et lorsque cette bulle de dérivés implosera enfin, il n’y aura pas assez d’argent sur toute la planète pour régler le problème.
Un grand nombre de lecteurs peuvent être tentés d’abandonner la lecture de cet article dès maintenant, parce que l’expression «produits dérivés» paraît assez compliqué. Et oui, les détails de ces arrangements peuvent être extrêmement compliqués, mais le concept est assez simple. Voici une bonne définition sur la notion de «produits dérivés» qui vient de Investopedia …
Un produit dérivé est une sécurité dont la valeur fluctue en fonction de l’évolution du taux ou du prix d’un autre produit appelé sous-jacent.
Ce produit consiste en un contrat entre deux parties, un acheteur et un vendeur, qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d’un actif sous-jacent, réel ou théorique, généralement financier. Les actifs sous-jacents les plus courants comprennent les actions, obligations, matières premières, devises, taux d’intérêt et des indices boursiers.
Le marché des produits dérivés est une forme de “jeu légalisé”(Casino). Ceux qui sont engagés dans la négociation de produits dérivés font simplement le pari que quelque chose se produira ou non dans l’avenir. Les produits dérivés ont joué un rôle déterminant lors de la crise financière de 2008, et je suis convaincu qu’ils joueront à nouveau un rôle majeur dans cette nouvelle crise financière.
Et je ne suis certainement pas le seul qui soit préoccupé par la nature potentiellement destructrice de ces instruments financiers. Dans une lettre qu’il avait écrit aux actionnaires de Berkshire Hathaway en 2003, Warren Buffett avait qualifié les produits dérivés comme étant des “armes financières de destruction massive”…
Le mauvais génie des produits dérivés est maintenant sorti de sa bouteille et ces instruments vont certainement se multiplier en nombre et variété avant que leur toxicité n’apparaisse. Jusqu’à présent, les banques centrales et les gouvernements n’ont trouvé aucun moyen efficace pour les contrôler, voire même de surveiller, les risques liés à ces types de contrats. Je considère les produits dérivés comme étant des armes de destruction massive, véhiculant le risque, qui même s’il est latent actuellement est potentiellement mortel.
Depuis la dernière crise financière, les grandes banques dans ce pays sont devenues encore plus irresponsables. Et c’est un énorme problème, puisque notre économie est encore plus dépendante d’elles que nous l’étions la dernière fois. A ce stade, les quatre plus grandes banques aux États-Unis sont environ 40 % plus importantes qu’elles ne l’étaient en 2008. Les cinq plus grandes banques représentent environ 42 % de l’ensemble des prêts de ce pays, et les six plus grandes banques représentent environ 67 % de l’ensemble des actifs dans notre système financier.
Donc, le problème du “trop importantes pour faire faillite” est maintenant plus important que jamais.
Si ces banques font faillite, nous souffrirons tous.
Hier, j’ai écrit sur la manière dont la Réserve fédérale avait mis en place de nouvelles règles qui limiteraient la capacité de la Fed à effectuer des prêts d’urgence à ces grandes banques lors de la prochaine crise. Donc, si la survie de ces grandes banques est menacée par une crise des produits dérivés, l’argent servant à les renflouer viendrait probablement de quelque part d’autre.
Dans un tel scénario, pourrions-nous voir le modèle européen de “renflouement interne” appliqué aux Etats-Unis ?
Ellen Brown, l’une des critiques les plus féroces de notre système financier actuel et l’auteure de “web of the debt”, semble le penser…
La loi Dodd-Frank stipule dans son préambule qu’elle “protégera le contribuable américain en mettant fin aux renflouements.”
Mais elle ne le fait pas en vertu du second point en imposant les pertes des sociétés financières insolvables à leurs actionnaires principaux, puis minoritaires, et aux autres créanciers non garantis. Ce qui comprend les déposants qui représentent la plus grande catégorie de créanciers non garantis de n’importe quelle banque.
Ce second point vise à “assurer que le paiement des demandeurs soit au moins équivalent à ce qu’ils auraient reçus dans le cas d’une faillite.” Mais voici le hic: en vertu de la Loi Dodd-Frank et de celle de 2005 sur les faillites, les réclamations sur les dérivés ont une super-priorité sur toutes les autres demandes, garantis et non garantis, assurés et non assurés.
Le marché des dérivés de gré à gré “over-the-counter” (OTC) (le plus grand marché pour les produits dérivés) est constitué de banques et d’autres acteurs très sophistiqués tels que les hedge funds. Ces produits dérivés OTC sont les paris que ces acteurs financiers prennent les uns contre les autres. Les réclamations sur ces produits dérivés sont considérées comme «garanties» parce que la garantie est affichée par les parties.
Pour une raison inexplicable, l’argent durement gagné que vous déposez à la banque n’est pas considéré comme “sécurisé” ou “garanti”. C’est juste un prêt à la banque, et vous devez faire la queue avec les autres créanciers dans l’espoir de le récupérer.
Comme je l’ai dit hier, la FDIC est supposée garantir les dépôts bancaires faits aux États-Unis, mais en réalité, elle a seulement une très, très petite quantité d’argent pour couvrir toutes les demandes (jusqu’à concurrence de 250 000 dollars en 2012). Mais comme Brown l’a souligné, la FDIC compte environ seulement de 70 milliards de dollars pour couvrir les faillites bancaires.
Si des centaines de milliards, voire des milliers de milliards de dollars étaient finalement nécessaires pour renflouer le système bancaire, alors d’où viendra tout cet argent ?
Il serait difficile de surestimer la menace que les produits dérivés posent à nos banques “trop importantes pour faire faillite”. Les chiffres suivants proviennent directement du plus récent rapport trimestriel du Bureau du contrôleur de la Monnaie (Office of the Comptroller of the Currency – OCC) (voir le tableau 2), et ils révèlent une telle irresponsabilité qu’il est difficile de l’expliquer par des mots…
Citigroup
Actifs totaux: 1.808.356.000.000 $ (plus de 1.800 milliards de dollars)
Exposition totale aux produits dérivés: 53.042.993.000,000 $ (plus de 53.000 milliards de dollars)
JPMorgan Chase
Actifs totaux: 2.417.121.000.000 $ (environ 2.400 milliards de dollars)
Exposition totale aux produits dérivés: 51.352.846.000.000 $ (plus de 51.000 milliards de dollars)
Goldman Sachs
Actifs totaux: 880.607.000.000 $: (moins de mille milliards de dollars)
Exposition totale aux produits dérivés: 51.148.095.000.000 $ (plus de 51.000 milliards de dollars)
Bank of America
Actifs totaux: 2.154.342.000.000 $ (un peu plus de 2.100 milliards de dollars)
Exposition totale aux produits dérivés: 45.243.755.000.000 $ (plus de 45.240 milliards de dollars)
Morgan Stanley
Actifs totaux: 834.113.000.000 $: (moins de mille milliards de dollars)
Exposition totale aux produits dérivés: 31.054.323.000.000 $ (plus de 31.000 milliards de dollars)
Wells Fargo
Actifs totaux: 1.751.265.000.000 $ (plus de 1.750 milliards de dollars)
Exposition totale aux produits dérivés: 6.074.262.000.000 $ (plus de 6.000 milliards de dollars)
Comme «l’économie réelle» se détériore, les principaux hedge funds continuent de tomber comme des mouches, et nous nous dirigeons vers une nouvelle récession, il semble y avoir très peu d’inquiétude dans la population en général par rapport ce qui se passe et à la situation actuelle.
Les médias traditionnels nous assurent que tout est sous contrôle, et d’ailleurs, il suffit de le constater en lisant ce gros pendant cette saison de fêtes: “Kylie Jenner montre ses fesses pour dévoiler son nouveau tatouage”.
Mais dans l’ombre, les problèmes menacent.
Une nouvelle crise financière a déjà commencé, et elle va s’intensifier à mesure que nous nous dirigeons vers 2016.
Et comme cette nouvelle crise se développe, Je crains que vous n’ayez à entendre souvent parler des “produits dérivés”, parce qu’ils joueront un rôle majeur dans l’apocalypse financière qui est imminente.
Source: theeconomiccollapse
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