L’Angleterre dit non aux migrants… Comme quoi c’est possible !

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Trop, c’est trop



Quand, en France, certains assurent que l’immigration est une « chance », d’autres, peut-être moins enthousiastes, affirment qu’il faut bien faire avec. Que ces nouveaux Français paieront nos retraites et viendront soulager des « métiers sous tension ». D’autres prétendent encore que nous serions pieds et poings liés par les autorités européennes et onusiennes. Ou de l’art de mettre en scène l’impuissance de l’État.




Seulement voilà, l’Angleterre nous démontre qu’avec un tant soit peu de volontarisme, une autre société est possible, comme on dit à l’extrême gauche.




Ainsi, , l’actuel Premier ministre britannique, est-il en train de causer un assez joli tollé en annonçant clairement la couleur en matière de politique migratoire. D’où ce tweet dans lequel il est promis, aux immigrés clandestins, qu’ils « ne pourront demander l’asile », qu’ils n’auront « aucun droit aux aides sociales », qu’ils n’obtiendront pas celui d’en appeler aux « droits de l’homme » et que, de toute manière, il leur sera « interdit » de demeurer sur le territoire de Sa Très Gracieuse Majesté, le roi Charles III. Pis, le locataire du 10 Downing Street aggrave son cas en qualifiant l’actuelle situation de « système esclavagiste moderne » ; ce qui n’est pas fondamentalement faux. Tel que prévisible, les autorités supranationales et morales s’étranglent.



Pour les premières, le Haut-Commissaire de l’ aux Droits de l’homme déclare qu’une « telle interdiction générale empêchant les personnes de demander l’asile et d’autres formes de protection internationale au Royaume-Uni serait en contradiction avec les obligations du Royaume-Uni en matière de droits de l'homme et du droit des réfugiés ». Pour les secondes, c’est l’ancien footballeur Gary Lineker, désormais journaliste à la BBC, qui s’y colle : « Mon Dieu, c’est plus qu’horrible. Il n’y a pas d’afflux massif de migrants illégaux. [humour anglais, on imagine, NDLR] C’est juste une politique incommensurablement cruelle dirigée contre les personnes les plus vulnérables dans un langage qui n’est pas différents de celui utilisé par l’Allemagne dans les années 1930. »




Il doit y avoir bien longtemps que Gary Lineker n’a pas marqué de buts. Mais dès lors qu’il s’agit de faire de même des points Godwin, c’est carton plein. D’ailleurs, à force de faire des têtes sur des ballons, il n’est pas improbable qu’il ait fini par perdre la sienne. En effet, si notre mémoire est bonne, le régime nazi persécutait ses propres compatriotes et les empêchait de se réfugier à l’étranger ; au contraire de la politique qu’entend mener et consistant à interdire à des étrangers de venir installer leurs pénates en Grande Bretagne. Non content d’être hâtif, ce raccourci est parfaitement idiot.




Ce qui n’a pas échappé à Suella Braverman, ministre de l’Intérieur, qui réplique illico : « Les Britanniques en ont assez. Ce n’est pas raciste de dire que nous avons trop d’immigrants illégaux qui abusent de notre droit d’asile. » Et d’ajouter, quant à l’allusion aux heures les moins lumineuses de notre Histoire : « Je ne crois pas que ce soit une manière appropriée de mener le débat. » L’understatement fait décidément partie des qualités de nos étranges voisins.




Voisins d’autant plus étranges que Rishi Sunak, comment dire, ne fait pas exactement figure d’Anglais de vieille souche. Sa famille est originaire du Penjab, il est hindouiste convaincu. La preuve en est qu’au moment d’être intronisé dans ses fonctions, l’étoile montante du parti conservateur prête serment sur la Bhagavad-Gita, livre saint de la religion hindouiste. Ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de faire carrière, quelques années plus tôt, chez Goldman Sachs. Comme quoi la foi ne saurait exclure le pragmatisme.




C’est d’ailleurs peut-être dans ce trait de caractère si anglo-saxon qu’il faut aller chercher la clef de ce retournement inattendu. Il est vrai qu’il fut un temps où l’immigration arrangeait les affaires anglaises. Voici venu celui où cela ne les arrange plus du tout. Du coup, les portes grandes ouvertes se claquent désormais sur les doigts des nouveaux entrants ; charge, aux Français, de jouer les gardes-côtes pour le compte des Anglais. Pragmatisme, toujours, mâtiné de cynisme, bien sûr. Mais qui démontre que lorsqu’on veut, on peut. Nos dirigeants seraient bien inspirés d’y réfléchir.