Au moment où le nombre de francophones est en chute libre à Montréal, l’anglais séduit près de cinq fois plus de personnes que le français dans la métropole, révèle une analyse troublante dont Rue Frontenac a obtenu copie.
Réalisé par des recherchistes du bureau de Pierre Curzi, porte-parole de l’opposition officielle en matière de langues, le document intitulé « Esquisse du vrai visage du français au Québec » est la somme de statistiques, rapports de recherches et avis de démographes et sociologues glanés par des recherchistes du bureau du député de Borduas.
Le rapport révèle que plus de 138 000 personnes vivant à Montréal ont abandonné leur langue maternelle pour vivre en anglais, selon des données du recensement de 2006 de Statistique Canada. Au même moment, seulement 80 465 personnes ont largué leur langue maternelle au profit du français.
En appliquant l’hypothèse que le poids démographique des francophones et des anglophones est le même, les données mises de l’avant dans le rapport révèlent que la capacité d’attraction de l’anglais est de 4,83 fois supérieure à celle du français dans la métropole.
« Le constat, c’est que l’anglais est devenu la langue dominante à Montréal. Je suis inquiet parce que Montréal est la locomotive économique et culturelle du Québec », se désole Pierre Curzi, député du Parti québécois dans la circonscription de Borduas.
Ce dernier craint que cette spirale au profit de la culture anglophone et américaine finisse par avaler l’identité francophone du Québec.
Les immigrants choisissent massivement l’anglais. Selon de nouvelles données publiées dans le rapport, 157 869 allophones se sont anglicisés contre 143 380 qui se sont francisés dans la région montréalaise en 2006.
« En tenant compte du poids démographique des anglophones et des francophones au Québec, on constate que la force d’attraction de l’anglais est beaucoup plus forte que celle du français », écrivent les auteurs du document.
Par ailleurs, le rapport du député Curzi met en relief que l’anglicisation des francophones au Québec s’accélère, particulièrement à Montréal. Alors qu’en 1991, 15 186 personnes de langue maternelle française choisissaient de vivre en anglais uniquement dans la région montréalaise (couronne et île), ce nombre a atteint 19 740 personnes en 2006.
« L’anglicisation nette se chiffre à 10 156 francophones sur l’ensemble du Québec. Il n’y a donc pas eu de francisation nette des anglophones sur un territoire très majoritairement francophone. Au contraire, les francophones majoritaires s’anglicisent », affirment les auteurs de l’analyse.
Un remède de cheval
Même s’il a quelques idées en tête, Pierre Curzi refuse pour l’instant de se prononcer sur des idées afin de renverser la vapeur. Il souhaite d’abord que la population prenne conscience de cette situation et en débatte.
Le politicien admet toutefois que des solutions cosmétiques ne viendront pas à bout du problème. « Il faut agir et changer cette tendance là. Ce n’est pas juste une petite mesure qui peut inverser la situation. Il va falloir agir sur de très nombreuses politiques », lance M. Curzi ajoutant que « ce n’est pas en mettant des autocollants « Merci de me servir en français » qu’on va y arriver. »
Le député de Borduas estime par ailleurs que le gouvernement Charest « nie » présentement le problème de la langue.
« C’est pas normal que ce soit des gens d’un bureau de député qui aient à produire un rapport comme celui-là. C’est à l’Office de la langue française de faire ça. Mais actuellement, le Parti libéral ne tient pas à ce que ça se fasse. Ce n’est pas politiquement avantageux », pense-t-il.
Le rapport du député Borduas sera mis en ligne au cours des prochains jours à l’adresse [www.pierrecurzi.org->www.pierrecurzi.org]
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