S'affranchir d'un empire est toujours un défi de taille

L'Amérique latine et les Caraïbes sans l'Oncle Sam ?

C'est ce qui se prépare au sud de Rio Grande.

Tribune libre


Pendant que les forces impériales des Etats-Unis et de l’OTAN sont à la conquête du Moyen Orient et de l’Afrique avec la puissance des armes, celle de la corruption et de l’usage systématique de la désinformation, les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) se concertent, pour leur part, sur la base d’idées et d’intérêts communs pour favoriser leur intégration et leur développement. Déjà nous connaissons l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) ainsi que l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (l’ALBA). Ils marquent un pas important dans l’intégration régionale.
La prochaine étape va se jouer les 2 et 3 décembre 2011. Il s’agira de la création d’un Forum de concertation politique continental de manière à faire converger les accords historiques et favoriser le développement de complémentarités.
Ce projet remonte à juillet 2008. C’est le président du Brésil, Ignacio Lula, qui prit l’initiative de convoquer tous les pays de la région des Caraïbes et de l’Amérique latine, excluant les Etats-Unis et le Canada, à une première rencontre, pour les 16 et 17 décembre 2008, à Salvador de Bahia (Brésil). Il y a eu consensus sur la nécessité d’avoir un Forum continental de concertation politique et économique.
Le 6 novembre 2009, a lieu à Montego Bay (Jamaïque) une première réunion ministérielle où est approuvé un plan d'action en 9 points: coopération entre les mécanismes d'intégration ; crise financière internationale ; énergie ; infrastructure ; développement social et éradication de la pauvreté et de la faim ; sécurité alimentaire et nutritionnelle ; développement durable ; désastres naturels ; changement climatique.
Quatre thèmes prioritaires sont dégagés : économico-commercial ; productif ; social et institutionnel ; culture.
Le 23 février 2010, Cancún (Mexique), se tient un second Sommet des Présidents, au cours duquel ils décident la création d'une Communauté d'Etats latino-américains et caribéens (CELAC), sur la base d'une convergence/complémentarité entre les accords existants.
Le Venezuela en prend la présidence avec mandat de diriger les travaux et d’être en mesure de soumettre un document créant cette Communauté d’États pour la prochaine rencontre des Présidents fixée au 5 juillet 2011. Cette date a dû être déplacée aux 2 et 3 décembre 2011, en raison de la maladie du président Chavez Les travaux de préparation sont terminés et tous les Présidents ont confirmé, à ce jour, leur présence à Caracas pour ces dates.
Ce projet est loin de plaire à Washington qui se voit exclu, avec son acolyte canadien, du CELAC. Bien plus, ce nouveau forum conduira inévitablement à poser la question de la pertinence de l’Organisation des États Américains (OEA), devenue superflue dans le contexte de cette nouvelle union continentale des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Il ne fait pas de doute que les forces occultes de l’Empire sont actuellement à l’œuvre et qu’elles déploient tous les moyens possibles pour qu’un tel projet n’aboutisse pas. Les campagnes de désinformation et de dénigrement qui se sont accentuées ces derniers mois, contre Chavez et le Venezuela, ne sont pas étrangères à cet objectif. Leur politique, visant à diviser pour régner, est à l’œuvre dans tous les pays du Continent. Il faut s’attendre à ce qu’il y ait des actions de déstabilisation qui se produisent au Venezuela d’ici les 2 et 3 décembre prochain.
Le 9 novembre dernier, le président Chavez, lors d’une conférence de presse, informequ’un sous-marin à propulsion nucléaire avait été localisé dans les eaux territoriales vénézuéliennes et pris en chasse par les sous-marins de la Marine vénézuélienne. Toutefois, ces derniers, plus lents, n’ont pu l’identifier. Par la même occasion, le Président a dû de nouveau repousser avec fermeté les dernières déclarations du sous secrétaire d’État adjoint pour les Narcotiques et la Sécurité des Etats-Unis, William Brownfiels, qui déclara, mardi, le 8 novembre, « que son pays considère comme explosive la situation du passage de la drogue à travers le Venezuela. » Une accusation, sans fondement, qui revient constamment dans le seul but de discréditer le Venezuela et de trouver prétexte à une intervention.
Ces derniers évènements confirment le fait que l’Oncle Sam fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la CELAC ne puisse voir le jour. Jusqu’à la toute dernière fin il s’acharnera à provoquer des incidents diplomatiques et à trouver des prétextes pour intervenir directement au Venezuela ou encore pour créer des divisions au sein de la coalition.
Ceux et celles qui pensent encore que l’Oncle Sam est ce bon père de famille qui se réjouit du bonheur de tous ses enfants et que son souhait le plus cher est que tous s’entendent et vivent en paix, doivent se préparer à une grande désillusion. Sa consigne est plutôt: « MOI, PREMIER SERVI, MES INTÉRÊTS AVANT TOUT », « GOD BLESS ME ».
Seuls le courage et l’indépendance de ces peuples pourront avoir raison de ce dernier.
Oscar Fortin
Québec, le 11 octobre 2011
http://humanisme.blogspot.com

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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4 commentaires

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    11 novembre 2011

    Ce qui fait la différence en Amérique du Sud par rapport à l'Afrique, c'est qu'avec le temps, une doctrine politique plus claire est apparu pour faire face au défi. Même les politiciens du centre droit ont compris que pour faire face à la menace de l'Empire il fallaient s'unir.
    Mais l'Empire ne cèdera pas le morceau faclilement.
    Merci, M Fortin. Votre contribution ainsi, que celle de M Desgagner, éleragissent le cadre d'analyse de Vigile.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2011

    Erreur et correction
    Pepe Mujica non pas 95 ans mais plutôt 75 ans. Je m'excuse.
    of

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2011

    Didier, pour dire la vérité, je vois dans la jeunesse et l'éveil des populations qui gagnent l'ensemble du continent latino-américain une vigueur et un engagement qui surgit des souffrances et des luttes passées. Ce n'est plus du rêve ou des illusions, mais des convictions qui conduisent à des actions concrètes. Je relevais dernièrement les Présidents, actuellement en fonction, qui ont connu la prison et plusieurs, les tortures. Tous et toutes sont d'anciens prisonniers politiques.Le plus connu et le plus impressionnant est ce Pepe Mujica, 95 ans, 19 ans en prison, qui dirige actuellement l'Uruguay. IL y a également la présidente du Brésil, Milda Roussef, qui y passa quelques années ainsi que Chavez au Venezuela. Daniel Ortega du Nicaragua n'y a pas échappé, pas plus qu'Évo Morales en Bolivie. Même Cristina Fernandez a passé un mois en prison avec son mari dans les années 90. Nous n'en sommes plus à des arrivistes en quête de pouvoir et de privilèges, mais à des chefs de file qui portent dans leur chair et leur esprit un projet de société pour lequel ils ont déjà payé de beaucoup de souffrances. En ce sens, cette montée des pouvoirs populaires et l'effervescence de ces leaders en Amérique latine indiquent une voie sans équivoque pour l'avenir de l'Humanité.Je me rallie à la prophétie de Leonardo Boff.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2011

    C'est l'Amérique des 1% de riches. Le gouvernement américain, l'armée et la police travaillent pour ce 1%. C'est en tout cas ce que dit Paul Craig Roberts, ancien haut fonctionnaire des États-Unis sous Reagan.
    http://www.youtube.com/watch?v=wa6wb6vdv5o&feature=player_profilepage
    http://www.youtube.com/watch?v=KjwO961YAbY&feature=player_profilepage
    Je ne me souviens plus qui, peut-être Leonardo Boff, mais quelqu'un a déjà dit que le salut de l'humanité viendrait de l'Amérique Latine.
    Vous, monsieur Fortin, qui semblez bien connaître l'Amérique Latine, je crois bien que vous êtes d'accord avec cette affirmation.