Comme le dit si bien l'Ecclésiaste, "il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux". C'est vrai aussi sous le ciel de l'Europe, et particulièrement dans la zone euro. Hélas, certains dirigeants européens ne lisent pas, ou plus, la Bible...
Au lendemain de la crise grecque, les Européens se sont dotés d'un mécanisme de sauvetage. Ils ont mis en place une double facilité qui, ajoutée à une aide du FMI, doit leur permettre de mobiliser 750 milliards d'euros.
C'est ce dispositif qu'ils entendent faire jouer au profit de l'Irlande, deuxième membre de l'union monétaire à rencontrer de graves difficultés de paiement. L'Union européenne et le FMI sont disposés à aider l'Irlande à hauteur de 85 milliards d'euros.
En contrepartie, Dublin a dévoilé mercredi 24 novembre un nouveau plan d'austérité. Etalé sur quatre ans, il doit ramener le déficit budgétaire du pays de 32 % du PIB aujourd'hui à 3 % en 2014.
En principe, cela devrait calmer les marchés. Ceux-ci, banques et fonds d'investissement, n'ont rien de mystérieux. Ils placent l'épargne dont ils ont la charge en achetant, notamment, les bons du Trésor qu'émettent les Etats pour financer leurs déficits budgétaires. Moins on est endetté, moins on dépend des marchés.
S'ils ont un doute sur les capacités de remboursement d'un Etat, les marchés exigent des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Jusqu'à épuiser les capacités de paiement d'un pays, alors acculé à solliciter de l'aide pour échapper à la faillite.
C'est ce qui s'est passé au printemps avec la Grèce. C'est ce qui se passe cet automne avec l'Irlande. Comme l'a dit mercredi soir à Paris l'Allemand Axel Weber, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), l'Europe dispose de suffisamment de liquidités pour faire face à la crise irlandaise - et à d'autres.
Elle est en mesure de rassurer les marchés. A la condition, a-t-il ajouté, qu'on ne leur fournisse pas prétexte à imaginer le contraire ! Or c'est exactement ce qui arrive. A juste titre soucieuse de l'avenir, la chancelière Angela Merkel répète à tout vent - encore mercredi - qu'il faudra bientôt mettre à contribution les fameux marchés dans le règlement de ce type de crise.
Décryptage : vous gagnez beaucoup d'argent avec les bons du Trésor les mieux rémunérés ; assumez-en le risque. En cas de crise, juge Mme Merkel, une partie de la dette d'un Etat doit pouvoir être restructurée : décote de la valeur nominale de ses bons du Trésor, allongement des délais de remboursement. Les marchés n'apprécient guère.
Mme Merkel a ses raisons, d'ordre constitutionnel notamment, qui sont respectables. Elle a le souci de ses contribuables. Elle a la morale de son côté : les risques pris par les marchés n'ont pas à être couverts à 100 % par les Etats. Mais elle a tort sur le calendrier.
Ce n'est pas le moment, en pleine crise de confiance, de tenir des propos qui ne peuvent que faire grimper le coût de la dette irlandaise ! C'est le moment de se montrer unis et solidaires. Mais est-ce le souhait de Berlin ?
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