L'Afrique, coeur du réveil mondial de la francophonie

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Et soudain, dans la grisaille de la grisaille, une bonne nouvelle...

PARIS (Reuters) - Le nombre de francophones est en hausse dans le monde, surtout dans une Afrique en pleine croissance, au point d'offrir de nouvelles perspectives économiques et diplomatiques à la France après des décennies de recul par rapport à l'anglais.
La démographie aidant, le français est en passe de redevenir un vecteur majeur de communication et de commerce, une tendance qui sera ce week-end à Dakar l'un des dossiers du XVe sommet des 77 pays de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) en présence de François Hollande.
"Le français progresse. En fait, on n'a jamais autant parlé français dans le monde. Sur les 274 millions de francophones identifiés, les trois-quarts sont des locuteurs quotidiens et 55% se trouvent en Afrique", résume Alexandre Wolff, de l'Observatoire de la langue française à l'OIF.
Sur le seul continent africain, le nombre de francophones a augmenté de 15% entre 2010 et 2014.
Selon les projections d'un récent rapport réalisé sous la direction de l'économiste Jacques Attali, le nombre de francophones atteindrait 770 millions vers 2050, dépassant celui des arabophones, hispanophones ou lusophones.
D'après cette même cette étude, les pays francophones et francophiles produisent aujourd'hui 16% du PIB mondial et possèdent 14% des réserves de ressources naturelles.
LOCOMOTIVES AFRICAINES
Plus que la France, c'est le continent africain et ses 5% de croissance annuelle en moyenne qui suscitent l'intérêt.
"S'il est vrai que les poids lourds économiques comme le Nigeria ou l'Afrique du Sud font plutôt usage de l'anglais (...) les locomotives sous-régionales que pourraient devenir des pays comme la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, le Sénégal ou le Cameroun offrent des perspectives certaines à la langue française", lit-on dans le dernier rapport de l'OIF.
La France y voit des débouchés pour la diplomatie économique qu'elle appelle de ses voeux, "sachant que le partage de la langue française favorise 22% d'échanges commerciaux supplémentaires en moyenne", note Alexandre Wolff.
"Le partage de la langue crée une relation durable qui est bénéfique sur plan économique", renchérit un diplomate français. "L'Afrique attend des investissements, des engagements de juste échange, et la francophonie peut servir de catalyseur".
Ancienne puissance coloniale de l'Afrique de l'Ouest à qui elle a légué son idiome, la France doit préparer le terrain.
"L'arrivée de jeunes francophones est une chance mais il faut se donner des moyens", souligne ainsi Annick Girardin, secrétaire d'Etat au Développement et à la Francophonie.
"Le projet '100.000 professeurs pour l'Afrique' prendra son rythme de croisière en 2015. Nous allons aussi renforcer les programmes de l'Agence française de développement car si on veut que ces jeunes apprennent le français, il faut qu'ils trouvent des emplois en français", a-t-elle déclaré à Reuters.
Fort de ces perspectives, Jacques Attali préconise la création d'une union francophone puissante, à la manière du Commonwealth anglophone, "qui coexisterait avec l'Union européenne, mais sans empiéter sur ses prérogatives exclusives".
Il propose par exemple la mise au point d'une position commune des pays francophones "lors des négociations commerciales ou environnementales mondiales".
L'ORGANISATION DE LA FRANCOPHONIE ATTIRE
L'OIF, qui accueillera trois nouveaux membres observateurs à Dakar (le Costa Rica, le Mexique et le Kosovo) doit désigner un nouveau secrétaire général pour succéder à Abdou Diouf.
"C'est une organisation vivante, qui attire, engendre des coopérations", dit un diplomate. "L'OIF s'investit beaucoup, de manière discrète et efficace, pour faire des médiations dans les crises, accompagner des processus électoraux par exemple".
Présent sur les cinq continents, enseigné partout, le français est la langue officielle de 32 pays, seul ou avec une autre langue.
Selon l'OIF, le nombre de locuteurs a chuté de 8% en quatre ans en Europe mais il a progressé ailleurs, en Afrique mais aussi en Chine -où le français est la troisième langue enseignée après l'anglais et le russe.
"Les Chinois apprennent le français soit pour poursuivre leurs études dans des pays francophones, soit pour faire du commerce, essentiellement en Afrique", souligne Alexandre Wolff.
Langue de travail à l'Onu comme dans les instances européennes, le français est ainsi de plus en plus perçu comme une langue des milieux d'affaires au même titre que l'anglais.
"On attache à la langue française des qualités limitées à des champs comme la culture, l'esprit, les lettres. C'est encore le cas, mais c'est aussi une langue d'information et de communication très importante", dit Alexandre Wolff.
L'important est de ne pas rater le train en marche. Le rapport de Jacques Attali, comme celui de l'OIF, mettent en garde contre certains retards, citant notamment les difficultés du français à percer sur internet -on l'estime à la quatrième place- et dans les publications scientifiques.
"Il ne tient qu'à nous de promouvoir notre langue internationale ; de favoriser la convergence des contenus éducatifs, scientifiques, normatifs entre francophones", prévient le député des Français de l'étranger Pouria Amirshahi.
L'élu plaide pour des mesures "en faveur de la mobilité, afin qu'au moins les chercheurs, artistes, scientifiques, chefs d'entreprises francophones soient libres de leurs déplacements et se mélangent par leurs projets et leurs ambitions".


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