Jeux de coulisse au Bloc québécois

Le report de la course à la chefferie du parti est évoqué

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Un cas où il convient de se hâter lentement

Des membres influents du Bloc québécois souhaitent reporter d’un an la course à la chefferie du parti pour éviter de diviser les forces souverainistes à la veille de possibles élections générales au Québec, a appris Le Devoir.
Selon un scénario qui sera étudié dans les prochains jours par le Bureau national du parti, la course à la succession de Daniel Paillé serait reportée au printemps 2015. Un des quatre députés du Bloc prendrait la direction par intérim du parti jusqu’à l’élection d’un nouveau chef.
Scrutin printanier

Cette hypothèse permettrait au mouvement souverainiste de concentrer ses efforts sur la réélection du Parti québécois, en vue d’un possible scrutin printanier. Même si des élections générales ne sont pas officiellement à l’ordre du jour, des stratèges bloquistes jugent plausible la tenue d’un scrutin au printemps.

Le gouvernement de Pauline Marois doit passer deux tests importants qui peuvent entraîner sa chute au cours des prochains mois : le ministre des Finances Nicolas Marceau déposera un budget et son collègue Bernard Drainville tentera de faire adopter la charte de la laïcité. Les partis de l’opposition, qui détiennent la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, ont déjà menacé de défaire le gouvernement sur ces enjeux.

Comme le PQ et le Bloc partagent les mêmes militants, les deux partis ont intérêt à unir leurs forces pour faire réélire le gouvernement Marois, croient des membres du Bloc. Une course à la chefferie qui couronnerait le prochain chef au congrès du Bloc à Rimouski, du 23 au 25 mai, diviserait les ressources du mouvement, indique-t-on.

Discussions animées

Le Bureau national du Bloc québécois doit se réunir le 11 janvier pour déterminer les modalités de la course à la succession de Daniel Paillé. D’ici là, toutes les possibilités sont sur la table. Les jeux de coulisse commenceront véritablement lundi, au retour du congé des Fêtes. Mais l’avenir du parti a fait jaser les bloquistes au cours des derniers jours, selon les sources consultées par Le Devoir.

Le report d’un an de la course à la direction permettrait au Bloc québécois d’avoir un nouveau chef fraîchement élu — et en pleine lune de miel avec les électeurs — au moment du prochain scrutin fédéral à date fixe prévu le 19 octobre 2015, fait valoir un membre influent du parti. Seul bémol à cette hypothèse, les partis à Ottawa se préparent discrètement à des élections au printemps 2015, parce que des scrutins sont déjà prévus à l’automne dans des provinces. Dans ce cas, le Bloc devrait élire son chef au plus tard à l’automne 2014, note un stratège bloquiste.

Chose certaine, le prochain chef du Bloc aura du pain sur la planche pour se démarquer s’il entre en fonction trop tôt avant les élections, souligne un membre du parti. Malgré son travail inlassable, Daniel Paillé a démontré les limites d’un leader qui ne siège pas à la Chambre des communes. Difficile d’attirer l’attention des médias et des électeurs sans pouvoir interpeller le premier ministre au Parlement. Surtout avec à peine 4 élus sur 308 aux Communes.

Candidats recherchés

Autre raison de reporter la course à la chefferie : les candidats ne se bousculent pas pour succéder à Daniel Paillé, note un militant bloquiste. Tous les ténors souverainistes pressentis — Gilles Duceppe, Bernard Landry, Pierre Paquette, Pierre Curzi — ont refusé de sauter dans l’arène.

Le seul militant à avoir annoncé son intention de se présenter, Jean Claude Sylvain Guay, avait échoué à amasser les 1000 signatures nécessaires au dépôt de sa candidature lors de la course à la direction de 2011. Sa candidature est accueillie par des haussements d’épaules au sein du parti.

En coulisse, on rêve à l’éventuelle entrée en scène d’un gros nom du Parti québécois après le prochain scrutin provincial. Le Bloc pourrait regretter d’élire rapidement un chef peu connu de la population si jamais un ténor péquiste devenait intéressé par le poste, note-t-on. Le retour de Gilles Duceppe fait aussi partie des hypothèses considérées, même si l’ancien chef a exclu cette possibilité dans les heures suivant la démission de Daniel Paillé, le mois dernier.

Pour assurer l’intérim d’ici à la nomination du prochain chef, des bloquistes évoquent les noms d’André Bellavance, leader parlementaire du parti, ou de Jean-François Fortin, député de la Haute-Gaspésie.

De façon générale, le moral des troupes semble bon au Bloc, malgré le séisme électoral qui a presque anéanti le parti en mai 2011. Le parti peut rebondir à la moindre controverse venue d’Ottawa, comme les commandites au milieu de la dernière décennie, fait valoir un bloquiste.


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