Dans un livre coup-de-poing qu'il lancera ce soir, Jean-Yves Duthel accuse Québec solidaire d'être « l'allié objectif de la droite et des fédéraux ». En 155 pages, le pamphlétaire y dépeint à l'acide les stratégies et les principales têtes d'affiche des solidaires. Rencontre avec l'auteur de Québec solidaire À vendre - Vendu.
Vous prétendez que Québec solidaire est vendu. À qui ?
Vendu au fédéral, à la droite et au grand capital. Vendu à ce qu'il est censé combattre. Et qu'il fait perdurer en attaquant les sociaux-démocrates et les indépendantistes. Pour cela, il s'acharne sur le Parti québécois. En affaiblissant un parti progressiste, il divise le vote. Au lieu de s'allier contre les ennemis, il les renforce. Il joue leur jeu ! Mais ce n'est pas nouveau dans l'histoire des partis d'extrême gauche.
Dans la première partie de votre livre, vous présentez une série d'exemples historiques. Vous voulez démontrer que « l'objectif fondamental » de l'extrême gauche est de saper la social-démocratie ?
Depuis très longtemps, l'extrême gauche s'en prend aux sociaux-démocrates de la planète. On peut remonter jusqu'à la Révolution française, quand Robespierre a fait éliminer Danton. J'en dresse une longue liste dans le livre. Plus récemment, Mélenchon a eu la peau de Hollande. Et en Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD) peine de ne pas être appuyé par l'extrême gauche (Die Linke) pour contrer l'extrême droite sur la question migratoire. Québec solidaire est issu de cette nébuleuse marxiste. Ce n'est pas un mouvement spontané. Il arrive avec une longue histoire chargée des méthodes de l'extrême gauche. Et en luttant contre le PQ, le seul parti social-démocrate québécois, porteur de réformes sociales, il nuit au peuple qu'il prétend servir et sauver. Les têtes qu'il fait tomber ce ne sont pas celles des exploiteurs mais celles des sociaux-démocrates. Pendant ce temps, les militants de Québec solidaire, qui sont de bonne foi, n'y voient que du feu.
Vous reprochez à Québec solidaire d'être un frein à l'indépendance du Québec. Pourquoi ?
Québec solidaire ne peut pas se dire parti souverainiste et tout faire pour ne jamais avoir de référendum. Son idée d'assemblée constituante c'est un piège à cons. Partout dans le monde, l'assemblée constituante se fait après le choix du régime. Est-ce une royauté constitutionnelle ? Est-ce une république ? Québec solidaire veut faire une constituante avant le référendum. Et pour atteindre ça il faudra remplir toutes les cases positivement. Il faudra que l'on soit écologiste, égalitaire, multiculturaliste, animaliste, etc. La souveraineté en saucissonnage ne peut pas arriver. Ils appellent ça la souveraineté solidaire. La souveraineté ne se définit pas autrement que par son mot. La souveraineté veut tout dire. Ils ajoutent solidaire parce que ça entraine le chapelet de choses à remplir avant de la faire. C'est la souveraineté inatteignable.
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Jean-Yves Duthel est un collaborateur depuis presque 40 ans de Bernard Landry. C'est aussi un proche de Claude Blanchet, conjoint de Pauline Marois, pour qui il a travaillé comme vice-président au Fonds de solidarité et à la SGF. Il a aussi été, entre autres, vice-président de Biochem Pharma. M. Duthel a quitté le Parti québécois quand Jean-François Lisée a été élu chef.