À tous ces médias qui se disent Charlie

Je suis Djemila Benhabib

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Pourquoi ce vide autour de madame Benhabib ?

Sous le coup de l’émotion, vous, les journalistes, êtes devenus pour une journée, une semaine … Charlie. Mais toutes ces années à ne pas discerner ce qui se passait autour de vous, vont peser lourd dans la balance et vous reviendrez à votre ron et ron, petit patapon multiculturaliste et vos savantes analyses dans lesquelles nous retrouvons cet incontournable diktat qu’il ne faut éviter de faire des amalgames.

L’homme est l’animal qui a le plus de facilité à ne pas vouloir voir la réalité. Un zèbre qui voit une lionne chargée vers lui sait d’instinct qu’il fait face à son ennemi mortel. Pourquoi depuis 2009, la très grande majorité des journalistes au Québec (à l’exception de Bock-Côté …) ont pris leur distance face au combat que mène Djemila Benhabib contre l’intégrisme islamiste. Fille d’une famille condamnée à mort par le jihad algérien, les siens doivent se réfugier en France en 1994. En 1997, Djemila Benhabib prend la décision de s’installer au Québec.

Victime d’une poursuite-bâillon, de menaces de mort et de propos vexatoires, l’essayiste a reçu très peu d’appuis dans la communauté journalistique. Pourtant, le droit de critiquer les religions fait partie de la liberté d’expression au même titre que celui de faire des caricatures sur Mahomet.

Pourquoi ce vide autour de madame Benhabib ? Pourquoi ces personnes qui se disent Charlie n’ont-ils dénoncé les attaques personnelles contre cette essayiste (Patrick Lagacé, Marc Cassivi, etc.) ?

Combien d’écrits haineux se sont retrouvés dans la presse et sur Facebook pour isoler cette femme qui ne rechercherait, selon certains, que les feux de la rampe. Le 7 janvier, les journalistes de Radio-Canada lui ont donné la parole, elle, la pestiférée que l’on évitait. Pourquoi cette invitation à une émission d’affaires publiques, alors que depuis des années les médias l'ignoraient ?

Ce matin, les médias francophones tombent de haut. Peut-on mourir assassiné par des intégristes islamistes pour défendre la liberté d’expression ? La question ne se pose plus et le Québec n’est pas aussi éloigné de la France, comme certains commentateurs l’affirment.

Les tueurs de Charlie Hebdo auraient très bien pu s’en prendre à madame Benhabib. Au Québec, y-aura-t-il encore des journalistes pour prétendre que le terrorisme jihadiste n’est pas présent ? Faudra-t-il attendre l’assassinat d’une essayiste courageuse alors que la majorité des journalistes ont choisi de se taire par crainte, par ignorance, par opportunisme ou simplement par idéologie ?

Je suis Djemila Benhabib.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2015

    Excellent article Monsieur Archambeault, c'est courageux! Et Merci!
    Les raisons du manque d'appui des journalistes pour Djemila tout comme en France pour Charlie Hebdo (avant ce massacre) semblent nombreuses:
    -La propagande du libre-marché au "Consumérisme-Multiculturalisme-Exotique"
    -Le confort
    -Le rêve, la gloire et le monde
    -L'individualisme et la compétitivité
    -L'intransigeance et le mépris Consumérisme...
    -La sur-performance
    -L'hyperactivité et l'épuisement intellectuel
    -La conformité et la bien-pensance
    -La désinformation et la paresse intellectuelle
    -La jalousie, le racisme, l'angoisse...
    -La perte de confiance, l'indifférence
    -L'obéissance

    C'est ce que j'en pense...
    Je suis Djemila Benabib Libre,
    comme tous les autres, de plus en plus d'autres...
    Pour inviter à mater la peur et dénoncer le carnage
    Au nom de toutes les personnes intimidées, bafouées, méprisées, violées, torturées et tuées,
    pour l'opulence du 1%.
    Murielle Bernard,
    Montréal


  • Martin Perron Répondre

    24 janvier 2015

    Je ne suis pas Charlie Hebdo, mais je pourrais très bien être Djemila Benhabib. J'ai simplement un peu de mal à m'y retrouver. Le genre Charlie Hebdo est inadmissible pour moi, mais d'un autre côté l'accusation de blasphème pour tout irrespect présumé ou vérifiable prononcé par des gens particulièrement susceptibles et religieusement scrupuleux m'est tout à fait inadmissible, pourtant je suis croyant!

  • Claude Richard Répondre

    24 janvier 2015

    "Au Québec, y-aura-t-il encore des journalistes pour prétendre que le terrorisme jihadiste n’est pas présent? " La journaliste Johanne Faucher de notre Pravda nationale le prétend haut et fort dans un reportage d'Enquête d'une rare malhonnêteté intellectuelle diffusé le 27 novembre dernier et qu'on peut retrouver sur tou.tv.
    Un simple petit reportage de TVA a mis à mal cette "grande enquête journalistique" de cette collègue d'Alain Gravel, qui n'avait trouvé aucune trace d'intégrisme dans les quatre mosquées qu'elle avait visitées ou fait visiter. Dans une de ces mosquées, on prônait ouvertement un islam replié sur lui-même, où on déconseillait les rapports avec les gens d'autres religions, mais l'émission avait traité cet aspect du prêche comme une chose sans importance au lieu de l'approfondir. Si cela n'est pas de l'intégrisme, c'est quoi l'intégrisme? Et l'intégrisme n'est-il pas une des mamelles du terrorisme jihadiste?
    Nos journalistes sont d'un aveuglement abyssal, mais persuadés de détenir la vérité absolue. Est-ce cela qu'on appelle de la stupidité?

  • Archives de Vigile Répondre

    24 janvier 2015

    Excellent M.Archambault!! Je suis aussi Djemila Benhabib.

  • François A. Lachapelle Répondre

    23 janvier 2015

    Devant le courage et les écrits de Djemila Benhabib, j'ai lu trois de ses livres, j'ai beaucoup appris sur le printemps arabe. Philippe Couillard a-t-il lu un des livres de Djemila, l'a-t-il rencontré pour lui parler, l'écouter ? J'ai aussi rencontré en privé un journaliste musulman dans un contexte de forteresse. On sentait la méfiance.
    La citoyenne Benhabib est en danger au Québec. L'enquête du Journal de Montréal a démontré l'existence de littérature haineuse dans une mosquée de Montréal. Sait-on la teneur des prêches des imams dans les 125 mosquées de la région de Montréal ? Si on ne sait pas, comment croire que leurs messages ne sont pas haineux ?
    Philippe Couillard marche en plein amalgame ( pouvoir partisan du PLQ amalgamé avec de faux leaders musulmans auto-proclamés le 17 nov. dernier dont les votes sont acquis au PLQ ) et défend les Québécois(ES) de le juger sur "ses" amalgames.
    Où est le rigueur et l'honnêteté intellectuelle du bon Dr Couillard ? Impossible de connaître les lignes de pensée du citoyen instruit Philippe Couillard: il n'a rien écrit avant son arrivée en politique.
    Parlant "amalgame", il faut retenir surtout la notion d'hétérogénéité. Et voilà que le CV de Philippe Couillard est rempli d'hétérogénéité. Allez voir: c'est plein. Et sa vie actuelle continue. Il se vante aujourd'hui de vivre en région à St-Félicien au Lac-St-Jean par opportunisme. Ce n'est pas un gars de région.
    Et ainsi de suite: il est PM mais refuse de remplir ses obligations. C'est jamais le temps pour les dossiers chauds. Quand sera-t-il temps de faire la lumière pour le bien des Québécois sur la Charte des valeurs par exemple ? Pourtant, la praticien médecin qu'il est sait qu'il ne faut pas attendre trop longtemps dans la maladie pour avoir une chance de survie à moins de souhaiter la mort du patient. Philippe Couillard serait-il à ce point dénaturé ?