Une gestion hasardeuse des contrats passés par le Pentagone dans le cadre des conflits en Irak et en Afghanistan, avec les sociétés de sécurité privées par exemple, a entraîné un gaspillage de 30 milliards de dollars, affirme une commission d'enquête du Congrès américain.
En outre, ces erreurs de gestion ont miné l'image des Etats-Unis à l'étranger et encouragé la corruption dans ces deux pays, indique la commission sur les contrats en temps de guerre, dans laquelle siègent des républicains comme des démocrates, qui remettra un rapport sur la question mercredi au Congrès.
"Des dizaines de milliards de dollars du contribuable ont été gaspillés en raison d'un manque de planification, de demandes imprécises et fluctuantes, de mises en concurrence inadaptées, de critères insuffisants de contrôle et de surveillance", indiquent les deux coprésidents de la commission, Christopher Shays et Michael Thibault, dans une tribune publiée dimanche dans le Washington Post.
Les deux hommes évoquent également des problèmes de coordination entre les nombreuses agences gouvernementales américaines, mais aussi les comportements fautifs ou négligents d'employés fédéraux comme des contractants.
L'armée américaine s'est énormément appuyée sur les contractants tiers, en particulier les sociétés de sécurité privées, au cours de la dernière décennie.
"Les Etats-Unis dépendent trop des contractants", estiment MM. Shays et Thibault, qui préviennent que 30 autres milliards de dollars, voire plus, pourraient être gaspillés si les gouvernements afghan et irakien "ne sont pas capables ou ne veulent pas soutenir les projets financés par des fonds américains après la fin de nos interventions".
"CARENCES"
"Nous sommes bien conscients de certaines carences, a commenté devant la presse le porte-parole du Pentagone, le colonel Dave Lapan. Nous avons travaillé dur ces dernières années pour corriger ces problèmes quand nous les rencontrions."
Parmi les exemples cités par la commission figure une prison de 40 millions de dollars en Irak, prison dont le gouvernement de Bagdad "ne voulait pas et qui n'a jamais été achevée". En Afghanistan, les Etats-Unis ont dépensé 300 millions de dollars pour une centrale électrique que Kaboul n'a pas les moyens de faire fonctionner.
Le rapport de la commission observe que ces pratiques n'ont pas cessé d'augmenter ces dernières années malgré la promesse du président Barack Obama, lors de sa campagne pour la Maison Blanche en 2008, de limiter le recours aux contractants. Une fois élu, M. Obama avait plaidé pour davantage de compétition dans les appels d'offres, mais le rapport remarque que les contrats attribués sans appel d'offres ont augmenté.
Le Pentagone a rétorqué que l'effort de guerre appelle parfois à faire preuve de souplesse. "Il y a de nombreux cas dans lesquels (...) un long processus d'appel d'offres ne servirait pas les besoins des combattants", a dit le colonel Lapan.
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