Ingérence politique au Port de Montréal?

Dimitri Soudas aurait fait des pressions dans le processus de nomination du président

L'affaire du Port de Montréal



Dimitri Soudas, le directeur des communications de Stephen Harper

_ Photo : Agence Reuters Chris Wattie


Hélène Buzzetti Ottawa — Un des membres du conseil d'administration du Port de Montréal soutient que lui et deux collègues ont fait l'objet de pressions politiques de la part de l'homme de confiance de Stephen Harper pour nommer au poste de président le candidat préféré du gouvernement conservateur.
Radio-Canada et le quotidien Globe and Mail ont révélé hier soir qu'au printemps 2007, Dimitri Soudas avait convoqué au restaurant Le Muscadin les trois membres du conseil d'administration responsables d'étudier les candidatures au poste de président-directeur général du Port de Montréal. Il leur aurait alors fait comprendre qu'Ottawa préférait Robert Abdallah, ex-directeur de la Ville de Montréal. Ces informations avaient circulé dans le passé, mais pour la première fois, deux sources acceptent de parler à visière levée.
Marc Y. Bureau, un des trois membres en question, soutient que la rencontre avec M. Soudas était sans équivoque. «Il y a certainement eu de l'ingérence, parce qu'il nous a rencontrés spécifiquement sur la nomination du nouveau président», raconte-t-il à Radio-Canada. M. Soudas était à l'époque attaché de presse adjoint de Stephen Harper. Il est maintenant son directeur des communications. En comité parlementaire en février 2008, M. Soudas s'était fait demander spécifiquement par la députée libérale Raymonde Folco s'il avait rencontré les membres du conseil d'administration du Port de Montréal à propos de cette nomination. M. Soudas avait répondu: «À ce sujet, non.»
L'autre source est l'ex-ministre conservateur Michael Fortier, à l'époque responsable de la région de Montréal. «On m'avait rapporté, à mon bureau, que des membres du conseil d'administration du Port de Montréal avaient été approchés par des personnes qui prétendaient parler au nom du premier ministre et qui auraient suggéré [...] à ces membres du conseil que M. Harper préférait M. Abdallah», a expliqué M. Fortier. Le ministre avait alors cru bon rappeler aux membres du conseil qu'ils pouvaient voter librement.
Pas de nomination
Finalement, M. Abdallah n'a pas été nommé. Des documents judiciaires cités par Radio-Canada démontrent qu'une autre des trois membres du comité de sélection, Diane Provost, a été menacée de perdre son poste au sein du conseil d'administration si elle ne votait pas pour M. Abdallah. Les menaces cette fois provenaient de la Ville de Montréal. Elles ont été mises à exécution, mais une décision favorable de la Cour supérieure a permis à Mme Provost de réintégrer ses fonctions.


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